Contribution : Quelle parit� pour la femme alg�rienne ?

Apr�s une multitude de rencontres et de s�minaires, le minist�re charg� de la Famille tient enfin, � la veille de la pr�sidentielle d�avril 2009, sa conf�rence nationale sur la promotion et l�int�gration de la femme alg�rienne. Les quatre ateliers initi�s sur la question ont d�bouch� sur une s�rie de recommandations. Les plus attendues viennent de l�atelier juridique et politique.
Un quota minimum de 30 % de femmes sur les listes �lectorales est souhait� et l�obligation aux partis politiques de s�y conformer est rendue indispensable. En attendant la mise en �uvre de la nouvelle disposition constitutionnelle, � traduire par une loi organique, il y a lieu de noter que la question de la femme alg�rienne reste hypoth�qu�e par de faux d�bats et par les visions simplistes dans lesquelles les formes priment sur le fond. A vouloir placer l�Alg�rie � l�avant-garde de la lutte pour l��mancipation de la femme, par une panoplie de recommandations et de mesures conjoncturelles, le pouvoir alg�rien esp�re bien, au passage, fructifier son image au d�triment d�une r�elle politique nationale en faveur de la question. Faut-il rappeler que le probl�me de la femme alg�rienne r�side dans le statut personnel, qui fait d�elle une mineure � vie, une soumise � tutelle, une proie de la polygamie et sujette � la volont� du mari quant aux effets du divorce, � savoir la pension alimentaire et le toit conjugal pour l�exercice de la garde des enfants ? Que penser du d�lai pour la transcription du jugement du divorce, face � la facilit� donn�e au mari de transcrire le jugement de la r�pudiation d�s la premi�re instance ? Que penser de l�incapacit� de l�Etat � assurer une pension alimentaire � la divorc�e et � ses enfants et � son impossibilit� � faire ex�cuter ces jugements, pour diverses raisons ? Au demeurant, la femme a �galement besoin de protection et de mesures urgentes pour lutter contre le ph�nom�ne de la violence, qui se manifeste � son �gard et qui prend des proportions alarmantes. La presse nationale du 5 f�vrier 2008 a r�v�l� que 40 femmes et enfants sont violent�s quotidiennement. Les chiffres avanc�s par la DGSN laissent perplexe devant les 2 867 cas de femmes victimes de violences physiques et sexuelles, dans les seules grandes villes d�Alger, Annaba et Oran. 73 % des cas sont commis en dehors du cadre familial, bien que les maris soient responsables de 20 % des cas. Seules 9 000 victimes ont �t� signal�es en 2007 aux services de la police judiciaire. En 2009, le ministre de la Solidarit� nationale annonce, comme solution � ce fl�au, un centre d��coute avec un num�ro vert pour venir au secours des victimes. En r�alit�, il s�agit d�un simple centre de r�ception t�l�phonique inop�rant. Madame la ministre de la Famille a, quant � elle, annonc� des mesures qui restent jusque-l� inconnues de la femme alg�rienne. Pourtant, il suffit de durcir les dispositions p�nales traitant de la question par la criminalisation de ces d�lits de violence. Notamment, par l�incrimination du harc�lement moral et par la criminalisation du harc�lement sexuel dans le milieu du travail. En attendant, ces agressions sont v�cues par les femmes comme une humiliation dans la solitude et dans le secret absolu, pour des raisons li�es aux traditions et aux contraintes qui caract�risent notre soci�t�. Pour autant, l�urgence pour le pouvoir n�est pas de mobiliser le mouvement associatif pour mener les campagnes de sensibilisation et de vulgarisation de ces pratiques d�gradantes, mais plut�t d�inf�oder les 60 000 associations nationales et de les mettre sous le couvert d�un comit� de coordination en vu d�animer les tribunes �lectorales� Pendant que d�autres associations ind�pendantes et que les syndicats autonomes continuent de subir la censure du pouvoir et l�interdiction d�exister sur le terrain. La repr�sentativit� f�minine ne peut avoir un retour d��coute dans les rangs des partis politiques, si l�Etat ne les devance pas sur cette question. C�est sous le r�gne du pr�sident-candidat que l�Alg�rie n�a pas fait d�avanc�e sur la question de la parit� politique. Sur ce registre, les progr�s se limitent � la pr�sence de :
� 2 femmes ministres et une secr�taire d�Etat. Le gouvernement marocain compte 7 femmes ministres.
� 5 femmes seulement au S�nat d�sign�es sur les 48 membres r�serv�s au tiers pr�sidentiel.
� 2 femmes walis sur 48. Ce qui repr�sente un taux de moins de 5 %.
� 8 % de femmes sont d�put�es � l�Assembl�e nationale, sur 398 membres.
Le constat est plus amer quand, au regard des larges pr�rogatives constitutionnelles dont il dispose, le chef de l�Etat reste sourd � la demande de nomination de femmes aux hauts postes de responsabilit�. Malgr� les comp�tences av�r�es de ces derni�res, il n�y a pas de directrices de CHU, de recteurs d�universit� ou seulement de doyennes de facult�. Il en est de m�me en ce qui concerne les conseils et hautes cours judiciaires.
En conclusion, le syst�me politique est seul comptable de la s�cheresse intellectuelle impos�e aux femmes alg�riennes et de leur absence dans les institutions. En somme, le pouvoir ne se contredit pas : une mineure � vie dans le droit ne peut �tre responsable dans la vie politique.
Me Lila Hadj Arab, d�put�

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