Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS La l�gitime d�fense d�un 5 Juillet patriote
Par Arezki Metref
[email protected]
Pile poil : aujourd�hui, c�est le 5 Juillet. Le Panaf a d�marr�, la
temp�rature est africaine, Cheb Mami �cope de 5 ans de prison, la vie
continue.Et Mohamed Gharbi, condamn� � mort ? C�est le 5 Juillet, t�es
pas sourd, non ! �a devrait faire vibrer la fibre patriotique, s�il en
reste quelque part. Bof, qui y pense au jour d�aujourd�hui ? Une date
comme une autre. Et comme toutes les autres, pollu�es par l�usage fait
de l�ind�pendance : une sorte d�autre colonisation, interne celle-l�,
mais tout aussi ravageuse et injuste ! Et d�une m�diocrit� ! Si tu veux
savoir comment Boum et ses spin doctors avant l�heure avaient jou� �
ray-ray avec les dates fondatrices de l�Etat alg�rien, t�as qu�� lire la
chronique de Boubakeur Hamidechi. Hier, m�me journal, m�me place.
Passionnant. Tu vois qu�on se fait de la pub entre voisins de palier !
Mais le 5 Juillet, le patriotisme et tout �a. D�abord, � l�heure qu�il
est, ce n�est pas le moment de remuer ces choses-l�. Laisse le puits
sous son couvercle, va ! Valeurs sacr�es de la R�publique ? Il n�y a
plus que ce qui touche � Dieu qui est sacr�, c�est le nouveau cours. Et
qu�importe que l�id�e de Dieu soit d�fendue par des gens qui prom�nent
des couteaux souill�s du sang des innocents ! Apr�s tout, c�est la
r�conciliation et t�as pas le droit de l�ouvrir sur cette question l�.
Et sur les autres. Et puis, le patriotisme, tu sais, c�est ringard. �a
renvoie au pal�o. C��tait du temps des dinosaures, voire plus haut
encore dans la nuit des temps. L�ennui, c�est que nous n�arrivons pas �
sortir de la nuit des temps et que, pour nous, les dinosaures n�ont
jamais disparu. Mieux, ils sont au pouvoir ! Officiel ! Tu crois donc
que l�ind�pendance est tomb�e du ciel, amn�sique ? Que fais-tu de tous
ces jeunes qui ont sacrifi� leur vie pour qu�on puisse se la ramener
aujourd�hui ? D�authentiques h�ros, ceux-l�, dont l�image est d�grad�e
par la superposition de celle des mutants qui pr�tendent incarner
l�ind�pendance. Pitoyable image ! Rien que pour eux, ces martyrs, les
vrais martyrs, chap� ! Faut pas qu�on oublie, ce serait trop facile !
Tous ces perroquets qui viennent r�p�ter des slogans rataplan, vides de
sens, creux comme le son de leur tambour, sur la vaillance, la
r�sistance anticolonialiste, l�h�ro�sme�
Et quoi d�autre ? Du vent !
La seule prouesse qu�il faut leur reconna�tre, c�est d�avoir captur� un
courant d�air et d�en avoir orn� les pages de livres d�histoire ! Ils te
racontent un truc et ils font des tas de trucs qui le contredisent ! Pas
possible ! Dans l�Alg�rie qui s�est lib�r�e du colonialisme fran�ais il
y a quarante- neuf ans, il n�y a pas que du haf. Des gens bien ?
Beaucoup, m�me. Plus qu�on ne le pense. Plus que ce n�est visible. Des
femmes et des hommes qui croient encore en des valeurs et des principes
que des usines de recyclage compactent et ressortent en fonds de
commerce imm�rit�! J�exag�re. Recycler ? Pour le moindre recyclage, y
compris celui de discours politiques en cocoricos, il faut un minimum de
technologie. Introuvable, celle-l�. Alors, on fait ce qu�on peut avec ce
qu�on a. Le r�sultat est �blouissant. Tu peux en prendre la pleine
mesure dans une s�ance � l�Assembl�e nationale ! Heureusement qu�il y a
des Nordine A�t-Hamouda pour rappeler que l�esp�ce humaine n�est pas
invert�br�e et que sa nature est de se se tenir debout ! Le patriotisme
n�est pas mort, non. M�me s�il a �t� condamn� � mort. C�est de �a qu�il
s�agit dans l�affaire de Mohamed Gharbi. Un h�ros, lui aussi. Voire un
double h�ros qui s�est dress� contre l�arm�e coloniale puis contre
celles des �mirs qui, l�une comme les autres, ont voulu soumettre le
pays, le placer sous leur joug. Le proc�s en appel qui a aggrav� sa
peine de 20 ans de r�clusion � la perp�tuit� a �t� liquid� en un quart
d�heure. Un record � garder dans les annales. Une exclusivit�. Quels
sont ces magistrats omniscients capables de d�tacher, en quelques
minutes, le geste assum� d�un patriote, menac� dans sa vie en raison de
son patriotisme, de toute l�histoire du combat pour l�ind�pendance qui
s�y r�sume ? Ce n�est pas un geste ordinaire qui est en jeu. L�acte
commis par Mohamed Gharbi est une sorte d�acte de lib�ration collectif
commis par cette partie de l�Alg�rie qui refuse l�humiliation de voir se
pavaner les hors-la-loi d�hier comme la reconnaissance de la justesse de
leur cause. Un r�sum� des faits donne une id�e de la complexit� de ce
geste et de l�impossibilit� de le juger en soi et pour soi. Mohamed
Gharbi, 72 ans, aujourd�hui, est ancien officier de l�ALN. Un type qui
montait au charbon. Il le fera de nouveau, dans sa r�gion de Souk-Ahras,
au d�but des ann�es 1990 lorsque l�AIS et toutes sortes de groupes
islamistes entendaient faire r�gner leur loi sur les citoyens. Il est �
la t�te d�un Groupe de l�gitime d�fense pour prot�ger la vie des siens
et veiller sur cette ind�pendance de l�Alg�rie pour laquelle il s��tait
battu dans sa jeunesse. Le temps passe et vint cette politique de
r�conciliation nationale. Dans les faits, elle se confina � la
r�habilitation fanfaronne des terroristes. C�est illustr� par le
comportement d�Ali Merad, ancien �mir de l�AIS, qui provoque Mohamed
Gharbi chaque fois qu�il passe devant chez lui. Ce dernier alerte les
services de s�curit�. L�escalade continue et culmine, le 2 f�vrier 2001,
en soir�e, lorsqu�Ali Merad, accompagn� d�un autre repenti, braque sur
Mohamed Gharbi un pistolet automatique tandis que son comp�re
brandissait un couteau. Le chef terroriste, arm� et dot� de
talkie-walkie, prononce cette sentence charg�e d�humiliation pour la
nation alg�rienne incarn�e ici par Mohamed Gharbi, le r�sistant d�hier
et d�aujourd�hui : �Esp�ce de taghout, ton jour est arriv�. Il est
clair que ces propos vont au-del� de la personne de Mohamed Gharbi. Ils
s�adressent au symbole qu�il est. Mais comme il s�estimait capable de
faire la pluie et le beau temps, de frapper quand il veut et o� il veut,
le chef int�griste diff�re son verdict. Il s�adresse alors � son acolyte
: �Viens, nous r�glerons son cas plus tard.� Le lendemain, Mohamed
Gharbi va trouver le commandant du secteur militaire de Souk- Ahras et
les diff�rents services de s�curit� pour les pr�venir que s�il n�est pas
prot�g� par l�Etat, il se d�fendra lui-m�me. Pass� huit jours de d�lai,
il d�cide de faire justice lui-m�me. Il vide une rafale sur le repenti
en clamant : �Tahya Al Djaza�r�, �Yahia cha�b el djazairi�Mohamed Gharbi
attend sur place l�arriv�e des forces de s�curit�. Il remet son arme et
se livre. Il assume, quoi. Un pourvoi en cassation durcit encore sa
peine. Il est condamn� � mort. A chacun des proc�s, la salle est envahie
de repentis qui chauffent l�atmosph�re en rappelant, par leur pr�sence
massive, que ce n�est pas la justice qui fonctionne dans le pr�toire
mais un rapport de force politique en leur faveur. La justice se fait le
bras par lequel la vengeance d�un groupe s�exerce sur un pays de
r�sistants. Dans un pays de droit et de justice, Mohamed Gharbi n�aurait
pas �t� pouss� � commettre un acte comme celui-l�. Il l�a reconnu en se
livrant. Mais il l�a commis. Il l�a fait apr�s avoir �puis� toutes les
demandes d�arbitrage que l�Etat �tait en devoir d�apporter. Dans son
acte, c�est l�Alg�rie des patriotes qui rugit de col�re. Dans sa
condamnation, c�est cette m�me Alg�rie qui est mise en cause. Elle doit
se faire entendre !
A. M.
P. S. d�ici 1 : On peut signer une p�tition � l�adresse
suivante : HYPERLINK "http://fr.mc261.mail.yahoo.co m/mc/compose?to=libertepourgharbi@
yahoo.fr" libertepourgharbi@ yahoo.fr
P. S. d�ici 2 : On annonce une �ventuelle amnistie de Mohamed Gharbi
� l�occasion du 5 Juillet. Ce n�est pas mauvais � prendre mais pas dans
le sens qui lui est donn�. Il faut que soient reconnues au geste de
Gharbi non seulement la l�gitime d�fense d�une personne menac�e dans sa
vie mais aussi celle d�un pays humili� dans ses valeurs.
|