Reportage : Reportage
CHU ANNABA
Des actes m�dicaux de haut niveau, malgr� la forte pression


D�cri�es, mises au banc des accus�s, sous pression � longueur d�ann�e, les cinq principales structures relevant du centre hospitalier universitaire (CHU) d�Annaba datent d�avant-l�ind�pendance du pays. Elles ont �t� con�ues � l��poque pour une population ne d�passant pas les 100 000 �mes.

Aujourd�hui, selon le professeur Abderrahmane Sa�dia, premier responsable du CHU d�Annada, ces structures font face � une demande en soins d�une population estim�e � environ quatre millions de personnes. Cette situation fait que ces structures sont assi�g�es quotidiennement par un nombre impressionnant de malades �vacu�s par les structures sanitaires des wilayas limitrophes. Des malades qui dans la plupart des cas ne n�cessitent pas un traitement ad�quat ou une prise en charge sp�cialis�e. De l�avis m�me des m�decins traitants, ces malades auraient pu �tre soign�s sur place et �viter ainsi la pression sur le CHU d�Annaba, qui atteint son paroxysme durant la saison estivale. Cette ann�e a battu tous les records ! Qu�on en juge : plus de 8 000 accouchements durant le premier trimestre 2009, dont 1 300 pour le seul mois de juin, au sein du service de maternit� dont les capacit�s d�accueil sont con�ues pour en recevoir le tiers. La moiti� des parturientes admises dans ce service sont originaires des wilayas de Guelma, Souk-Ahras, El- Tarf, Skikda, T�bessa et m�me d�autres wilayas. Mais le plus �tonnant reste les �vacuations pour accouchement vers ce service satur� par l�h�pital de la m�re et de l�enfant, situ� � la p�riph�rie de Annaba, alors que ce dernier est un �tablissement hospitalier sp�cialis�. Accompagn�es en g�n�ral par une dizaine de parents, les parturientes sont �vacu�es sur cette maternit�, situ�e � l�int�rieur de l�h�pital Ibn-Rochd, alors que leur cas ne constitue pas une urgence. Leur accouchement est des plus normaux et pouvait se faire dans les �tablissements hospitaliers de leur wilaya d�origine, selon le m�decin-chef de ce service. Une situation que nous avons constat�e lors de notre passage dans le service des urgences chirurgicales qui re�oit pr�s de la moiti� des �vacuations, � un nombre impressionnant, saison oblige �, qualifi�es d�abusives, de malades des wilayas surnomm�es. Il s�agit de personnes bless�es dans des accidents de la circulation et/ou domestiques ou ayant fait l�objet d�agression � l�arme blanche. Les bagarres � l�arme blanche sont monnaie courante dans les quartiers chauds de la ville d�Annaba et sa p�riph�rie, notamment Sidi-Salem, Boukhadra, et les bidonvilles de la ceinture de mis�re qui enserre la Coquette de jadis. Souvent, les protagonistes de ces batailles rang�es poursuivent leur combat au sein m�me du service des urgences, saccageant tout sur leur passage et cr�ant un climat de peur et de tension. Une moyenne de 500 consultations par jour et 400 examens radiologiques sont effectu�s dans ce service o� les conditions de travail laissent � d�sirer. Selon les responsables du service, impatience, insultes, suivies parfois d�agressions physiques sont le lot quotidien des praticiens et des param�dicaux. La derni�re agression, rapport�e par la presse locale, a �t� commise par les parents d�une malade sur un r�sident au service des urgences, d�bord� par le nombre de patients. Les parents d�un malade ont assen� des coups de poing au m�decin, lui cassant ses lunettes et lui causant des blessures graves au visage. Certains malades se substituent carr�ment au m�decin, exigeant des examens radiologiques ou autres analyses. D�autres vont jusqu'� dicter au praticien le traitement qu�il juge �n�cessaire � leur gu�rison� ! Un homme �g� que nous avons rencontr� aux urgences venait d�une localit� de la wilaya de T�bessa. Ressentant des douleurs abdominales, il saute dans le premier taxi, direction Annaba. Arriv� vers les coups de 16 heures, notre malade se dirige vers le service de consultations en externe de gastrologie ent�rologie. Le m�decin d�astreinte venait de terminer son service. Le malade sera pris en charge par le m�decin des urgences, alors qu�il aurait pu �tre soign� � T�bessa. Pour ce bobo, il a parcouru pr�s de 500 km en allerretour et d�pens� une petite fortune pour le taxi. Destin�e aux examens pointus en cardiologie, une salle de cath�t�risme, �quip�e d�un mat�riel ultra-moderne, est venue renforcer le service du professeur A�t-Athmane, � l�h�pital Ibn-Sina, �vitant ainsi aux malades les longs et co�teux d�placements sur Constantine ou Alger. Le service d�endocrinologie diab�tologie re�oit les malades des wilayas avoisinantes. Avec sa cinquantaine de lits r�partis � �galit� entre hommes et femmes, ce service tr�s exigu a d� mal � r�pondre � la forte demande des malades. Ces derniers sont �vacu�s, avec une glyc�mie d�s�quilibr�e, souffrant, souvent, de graves complications, dues � des n�gligences de leur part et/ou � une mauvaise prise en charge dans leurs wilayas respectives. L��quipe m�dicale et param�dicale de ce service ne m�nage aucun effort pour venir en aide aux malades, leur �vitant ainsi la fatidique solution qu�est l�amputation.
Cette pression dans la demande de soins a oblig� l�administration du CHU � r�duire plusieurs cong�s de praticiens et de param�dicaux. �Les cong�s du personnel m�dical dans les trois quarts de nos services m�dicaux, notamment ceux engag�s dans la surveillance, la pr�vention et la prise en charge de la grippe porcine, ont �t� r�duits. Ce que nous demandons aux citoyens, c�est le respect de la tranquillit� et du calme n�cessaires � la gu�rison des malades qui nous font confiance. Ainsi, ils permettront � nos �quipes soignantes d��tre plus performantes�, tient � souligner le professeur A. Sa�dia, directeur g�n�ral du CHU d�Annaba. Et d�ajouter qu�en d�pit de la forte pression v�cue quotidiennement, le personnel soignant ne pourra jamais refuser une prise en charge d�un cas d�urgence, quel que soit la wilaya ou le pays d�origine du malade. Les agents de s�curit� et les femmes charg�es de l�entretien appr�hendent particuli�rement les visites quotidiennes aux malades, en raison des comportements violents de certains visiteurs et du volume impressionnant de d�tritus laiss�s sur place par ces derniers. En attente de l�heure de la visite, une foule nombreuse se masse devant l�entr�e des h�pitaux et autres cliniques relevant du CHU. Deux mille, trois mille, voire plus, de personnes sont l� � attendre l�ouverture du portail par les agents de s�curit�, les nerfs � fleur de peau, l�insulte au bout des l�vres. Pour un malade, ils sont 10, 15 voire 20 visiteurs, avec un record, nous r�v�let- on, de 56 visiteurs en un seul jour et pour un seul malade ! �Plus de 20 000 personnes sont re�ues quotidiennement dans nos cinq structures de sant�, entre celles qui viennent pour des visites aux malades alit�s et celles qui se dirigent, accompagn�es dans la majorit� des cas par plusieurs personnes, vers les services de soins en externe�, nous fait remarquer le professeur Abderrahmane Sa�dia, pour qui la r�duction, voire la suppression, des transferts de malades pour soins � l��tranger est une pr�occupation majeure. Dans ce cadre et depuis le d�but de l�ann�e 2008, de nombreux services ont totalement mis fin aux transferts � l��tranger de malades qui ont, cependant, �t� pris en charge avec succ�s au sein m�me de ces services, selon notre interlocuteur. Chiffres � l�appui, le bilan des soins � haut niveau pratiqu�s dans les services du CHU d�Annaba d�montrent, � l��vidence, le degr� de perfectionnement et de comp�tence des praticiens alg�riens pour la prise en charge de plusieurs pathologies n�cessitant auparavant le transfert des malades vers les h�pitaux �trangers avec des d�penses lourdes pour le Tr�sor public. M�me si, parfois, ces praticiens sont assist�s, dans le cadre de la coop�ration entre CHU, de professeurs �trangers de renomm�e mondiale dans leur domaine. Ces prises en charge localement et pour des soins � haut niveau ont �t� le fait, entre autres, des services d�ORL, d�ophtalmologie, des grands br�l�s, d�h�matologie, de chirurgie g�n�rale, d�orthop�die traumatologie et de chirurgie lourde. Elles ont concern� le traitement des pathologies suivantes : surdit� et implants cochl�aires, cancer du larynx, st�noses laryng�es et trach�ales, chirurgie des parathyro�des chez l�insuffisant r�nal chronique, c�cit� et greffe de corn�e, br�lures s�v�res et graves, cancer du sang, chimioth�rapie : oncologie m�dicale, cancer du foie, avec un projet de greffe h�patique, et scoliose. Douze patients souffrant de cette derni�re pathologie, dont huit enfants, sont actuellement hospitalis�s au service de chirurgie lourde. Leur traitement requiert plusieurs mois, voire plusieurs ann�es, selon les m�decins traitants.
A. Bouacha

388 actes chirurgicaux pour 2009
Les cancers cutan�s occupent la deuxi�me place dans l�activit� carcinologique du service oto-rhino-laryngologie et chirurgie de la face et du cou du CHU. L�exposition au soleil est l�une des causes de ce genre de cancer, nous explique le professeur A. Sa�dia, m�decin chef de ce service et �galement directeur g�n�ral du CHU. Durant l�ann�e 2008, 138 cas de cancer dont 45 du larynx et 28 autres du visage ont �t� pris en charge au service ORL. L�activit� chirurgicale pour les sept premiers mois de l�ann�e 2009 dans ce service a atteint 388 actes dont 92 pour traiter des cancers. Ces malades �taient avant janvier 2008 transf�r�s � l��tranger pour soins.
A. B.

Augmentation des cas de cancer
1 055 cancers ont �t� observ�s durant la p�riode allant du 1er janvier au 31 juillet 2009 par le laboratoire central d�anatomie pathologique du CHU, dont 28 cas de pathologie tumorale h�patobiliaire. Une sensible augmentation de cancers, comparativement avec la m�me p�riode de l�ann�e pass�e, est relev�e par le professeur A. Lankar, m�decin chef de ce service.
A. B.

2 208 canc�reux
Le nombre de malades atteints de cancer sous chimioth�rapie est de 2 208 en hospitalisation conventionnelle et h�pital du jour et 924 autres en consultation-ambulatoire, pour les sept premiers mois de l�ann�e 2009. Pour la m�me p�riode de l�ann�e 2008, ce nombre �tait de 1 750 malades pour les premiers et 784 pour les seconds, soit une augmentation de respectivement 458 et 140 malades. Relevant la constante augmentation du nombre de canc�reux, le professeur F. Griffi, m�decin chef du service d�h�matologie du CHU, estime que cette situation n�cessite des moyens humains et mat�riels plus importants dans une structure mieux adapt�e.
A. B.

H�patite C, une pathologie en �volution
Au premier semestre de l�ann�e 2009, 65 malades atteints d�h�patites B et C ont �t� pris en charge dans les services de gastrologie, de m�decine interne et de maladies infectieuses du CHU. Cette pathologie est en �volution en Alg�rie et sa prise en charge m�dicale est estim�e entre 2 et 3 millions de dinars pour chaque malade, a-t-on appris de la responsable de la pharmacie principale du CHU d�Annaba. Le traitement de ces 65 malades a co�t� � cette pharmacie quelque 3,3 milliards de centimes. Pour l�ann�e 2008, les malades trait�s �taient au nombre de 73, ce qui a n�cessit� des d�penses de l�ordre 5,7 milliards de centimes. Le co�t des m�dicaments anticanc�reux pour l�ann�e 2008 est plus de 33 milliards de centimes et de quelque 27 milliards de centimes pour le premier semestre 2009. Pour les maladies orphelines, dont la scl�rose en plaques, l�h�mophilie et la maladie du gaucher, les d�penses pour le premier semestre 2009 ont atteint pr�s de 16 milliards de centimes. Elles �taient de pr�s de 30 milliards de centimes pour l�ann�e 2008.
A. B.

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