Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Les Pyramides accouchent d�une souris
Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr


Je ne sais pas grand-chose de Kamal Bouchama, sinon qu�il a �t� ministre et qu�il est, entre autres, le biographe, partial et pro domo � et courageux ! � de Mohamed Cherif Massa�dia. En effet, contrairement � beaucoup d�anciens Messa�dia Boys qui ont vite fait de jeter leur ex-parrain avec l�eau du bain, lui a �num�r� avec reconnaissance dans un livre tout ce qu�il doit au barbudo du FLN des ann�es de plomb.
C�est un bon point dans ces sph�res o� l�on devient amn�sique � souhait d�s que les variations climatiques mettent une carri�re en p�ril. C�est donc je l�avoue, juste avec quelques petits pr�jug�s superficiels que j�ai lu sa tribune dans El Watan suite au match Egypte-Alg�rie. Comment allaitt- il se d�p�trer de l�obligation d��lucider la part de manipulation du sport par les pouvoirs en difficult� tant sur le plan social que politique ? Eh, bien, l� aussi, je le conc�de, il a fait preuve d�un certain courage ! Il aurait, en effet, pu ne pas �crire. Au lieu de quoi, il y est all� ! Etonnement. Je me suis dit, au milieu du gu�, que si la brouille entre le pays des Moubarak p�re et fils et celui des Bouteflika fr�re et fr�res � cause d�un malheureux match de football n�avait eu que ce r�sultat-l�, nous aurions d�j� gagn�. Quoi ? La surprise de lire sous la plume de Bouchama que nous sommes �Berb�res et fiers de l��tre !� Si �a ne vaut pas toutes les qualifications du monde � la Coupe du monde, �a ... Parole ! Pour que l��vidence historique qui saute aux yeux depuis deux mill�naires et demi coule avec cette fluidit�, il fallait sans doute ce torrent de vil�nies d�vers�es sur nous par les journalistes, artistes, intellectuels et dirigeants politiques �gyptiens sans oublier tous les hooligans dont c�est la mission, et pour qui nous ne sommes que des barbares. Et rien d�autre. Je remercierais presque ces accusateurs infond�s d�avoir pouss� certains parmi nous � se regarder dans une glace pour prendre conscience de ce que les Egyptiens savent, eux, depuis longtemps � notre propos. Ils ne nous ont jamais per�u comme Arabes, en d�pit des suppliques surhumaines d�ploy�es par nos ba�thistes locaux pour le leur faire admettre. Et s�ils nous ont �aid� � essayer de devenir �Arabes�, c�est que nous ne le sommes pas � leurs yeux, cependant que nous le sommes curieusement aux yeux de certains d�entre nous. A ce propos, il n�est pas inint�ressant de savoir quelle est la position d�Abdelkader Hadjar, VRP du panarabisme chez les barbares d�Alg�rie, dans la dispute entre son pays employeur et son pays de r�f�rence. Ambassadeur d�Alg�rie en Egypte, il a d� sentir passer le vent de la fraternit� arabe d�ferlant comme une vague d�hyst�rie autour d�un simple match de foot. Imagine un peu si l�enjeu avait �t� plus vital ! En ces temps d�effacement d�lib�r� de l�histoire, comment bouder son plaisir de voir Kamal Bouchama remonter jusqu�au roi berb�re Ch�chonq 1er (Cacnaq,) qui fonda la 22 e dynastie �gyptienne et prit le tr�ne, devenant pharaon. Il r�unifia l'�gypte en l'an 950 avant J.-C. avant d�envahir la Palestine. A J�rusalem, il s'empara de l'or et des tr�sors du temple de Salomon. L��v�nement est mentionn� dans la Bible. Fa�on de dire, ce basilic-l�, on l�a vu avant toi. Kamal Bouchama, et c�est son droit, continue d�envisager les Egyptiens comme des �fr�res, de grands fr�res�, en d�pit des �d�ballages fielleux et malveillants�, euph�misme s�il en est, pour d�signer ce tsunami in�gal� d�insultes, invectives, insanit�s, touchant, au-del� du foot, l�Alg�rie en tant que nation, peuple, histoire, dans sa dignit�. C�est son droit, mais la plupart des Alg�riens, et ce, depuis bien avant le match, sentent que les Egyptiens n�ont jamais �t� un peuple fr�re. Pas plus qu�ils ne sont un peuple ennemi ! Ni fr�re, ni ennemi, voil� tout ! �a existe, non ? Sans entrer dans l�hyst�rie chauvine partag�e, m�me si visiblement ce sont les Egyptiens qui ont commenc�, cette crise aurait du bon si elle r�veillait les adorateurs alg�riens de l�arabisme h�rit� de l�Egypte de Nasser � la duplicit� de leurs idoles de stuc. Ces types-l�, ils te renient v�h�mentement leurs propres f�aux pour un modeste plat de foul. Ils te regardent le �monde arabe�, leur pr� carr�, d�une telle hauteur qu�on croirait qu�ils sont, eux, tout en haut des pyramides tandis que la pi�taille barbare, elle, grouille dans les basfonds. Il ne faut pas rajouter d�huile ? Selon une splendide chronique d�Ala� al-Aswany, l�auteur de L�immeuble Yacoubian, notre Warda El Djaza�ria nationale aurait soulev� un raz-de-mar�e d�indignation en Egypte pour avoir d�clar� �tre supportrice de l��quipe d�Alg�rie. Elle a os� ! Comment ? En faisant juste savoir que c�est l��quipe d�Alg�rie qui est ch�re � son c�ur ! Pas un mot d�plac� � l��gard de l�Egypte ! �a n�emp�che pas des voix m�diatiques et politiques d�exiger que le territoire �gyptien soit interdit � l�ingrate qui a b�n�fici� de la �g�n�rosit� du pays. Mais la diva, ya ustaz, n�a profit� d�aucune g�n�rosit�, ni de l�Egypte ni de l�Alg�rie. C�est elle qui a donn� � l�Egypte et � l�Alg�rie son art. Ceci appelant cela, dans la campagne anti-alg�rienne qui a saisi comme un prurit les artistes �gyptiens, il n�est pas �tonnant qu�Adel Imam fasse partie du ch�ur. Il a fait preuve � l��gard de l�Alg�rie d�une condescendance insupportable, ce lieu �o� mes spectacles se d�roulent en pr�sence du pr�sident Bouteflika�. C�est vrai que ce n�est pas un artiste alg�rien qui pourrait se targuer d�avoir de tels fans ! Suffisant comme quand il a �t� re�u en grande pompe en Alg�rie par les plus hauts dignitaires, Imam invite les Alg�riens �� relire un peu l�histoire� pour s�apercevoir que �c�est nous qui leur avons donn� les armes pour se lib�rer�. Paf ! D�fendant le �leadership naturel� de l�Egypte sur le monde arabe, il met les r�actions des Alg�riens, l�gitimes, m�me dans leur outrance, sur le compte de la vindicte d�une �minorit� de journalistes francophones� qui ne supporte pas que le pays soit arabe sous la bienveillante houlette de l�Egypte. Moi je dis qu�il a raison de rouler des m�caniques comme �a, Imam ! On le lui a permis ! Comme on ne gu�rit jamais du complexe d�inf�riorit�, s�il revenait demain, on lui d�roulerait le tapis rouge, les parapluies, les limousines, et les dignitaires pour lui dire combien on l�aime au bas de la passerelle. Et on taperait sur ceux qui d�fendent l�Histoire de l�Alg�rie ! Qui n�est ni plus ni moins glorieuse que celle de l�Egypte. Mais qui est la n�tre, notre histoire � nous ! Il y aurait �videmment � dire sur la fiction de l�aide �gyptienne � l�Alg�rie. La seule chose qu�on nous ait donn�e, c�est� Ben Bella ! L�armement ? Faut pas charrier ! Selon une estimation que le FLN postind�pendance aurait refus� de voir rendre publique, 80% des armes destin�es � l�ALN que l�URSS faisait transiter par l�Egypte y seraient rest�s. Pas de quoi pavoiser dans l�habit de sauveur g�n�reux ! Cela dit, je souscris � ce mouvement qui, en Egypte comme en Alg�rie, s��l�ve contre les chauvinismes et la manipulation du sentiment national � travers le sport � des fins politiques internes. Quand on dit que les Egyptiens ne sont pas un peuple fr�re, ce n�est pas du tout p�joratif. C�est juste qu�ils ne le sont pas ! On n�aura du reste pas attendu la bataille de la Coupe du monde pour s�en apercevoir. Les gesticulations des meutes politiques, m�diatiques, artistiques, lanc�es sur un os � ronger n�enl�vent rien �videmment � la grandeur de la civilisation �gyptienne ancienne, ni � la r�alit� que le peuple �gyptien soit un grand peuple. Ni plus petit ni plus grand cependant que les Alg�riens. C�est cette juste mesure qui fait l��quilibre et que les ba�thistes du cru doivent saisir. P.S. d�ici qui n�a rien � voir : �On aime sa m�re presque sans le savoir, et on ne s�aper�oit de toute la profondeur des racines de cet amour qu�au moment de la s�paration derni�re.� Guy de Maupassant.
A. M.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable