Vox populi : Agression d�un �crivain

On conna�t le chemin tortueux de l��dition o� l�argent fait taire la v�rit�, discr�dite l�esth�tique et dissout l�intelligence. Si un �diteur m�a agress�, tous les �diteurs ne sont pas agressifs J'ai �crit ��� paru aux �ditions � � �, livre soutenu et aid� par le minist�re de la Culture. Depuis un an, j'ai demand�, j'ai �crit, j'ai suppli�, j'ai insist� pour que mon �diteur me remette les 15 exemplaires de mon livre auxquels chaque auteur a droit, pas de r�ponse depuis un an.
Le m�pris total ! Je saisis le minist�re de la Culture et l'�diteur en question une derni�re fois, avec copie � l�ONDA. L��diteur a paniqu� et n�a pas appr�ci� ma d�marche. il me convoque pour le 4 f�vrier 2010. Enfin ! Je vais le voir au si�ge de la maison d'�dition, �...,� rue ��� qui se trouve �tre aussi sa librairie. Comme il �tait absent, une vendeuse l�appelle au t�l�phone et me dit : il vous attend au caf� ��� Je ne savais m�me pas o� c'�tait. Je trouve le caf�, rue �...� Caf� plein de monde, l��diteur me fait entrer, me demande de m'asseoir. Je dis, non merci, n�ayant pas l�habitude d�entrer dans les caf�s. Il me dit �on va discuter du contrat�. Je r�ponds que �je ne parle pas du contrat dans un caf�, on n�est pas � l'aise.� Il s'�nerve et il m'emm�ne dans un r�duit qui n�est autre que la cuisine du caf�. Odeur d�eau grasse, vaisselle et p�tisserie align�es, un gamin lavait des verres. L��diteur ferme la porte et me fait face. On se retrouve ventre contre ventre, vue l��troitesse du lieu. Il me dit : �ici �a va�. � �Non, �a ne va pas. Ce n'est pas dans une cuisine que je vais parler du contrat et de mon ouvrage.� Col�re, les voix montent, les bras parlent, puis visage contre visage, sueur, cris, altercation. Je re�ois ce qu�on appelle un coup de boule (� la Zidane). J�avais de grosses lunettes en �caille, ce sont elles qui se sont incrust�es sur le visage. Elle sont tomb�es et sont encore l�-bas. Ensuite, je ne sais plus ce qui s'�tait pass�. Evanoui, je me retrouve � l'h�pital transport� par les pompiers. Je dois subir une intervention chirurgicale et le m�decin l�giste m'a �tabli un certificat de 21 jours avec IPP. Voil�, c'est termin�. Le reste est affaire du juge et j'ai confiance en la justice de mon pays. On peut se demander pourquoi cela est arriv� ? J��tais convoqu� par l��diteur. Je n�avais aucune crainte ni vell�it� : mon contrat a �t� sign�, le contenu est clair, le minist�re est accessible, l�ONDA disponible, la justice comp�tente. De mon point de vue, le probl�me est le suivant : l�incessant m�pris de l��diteur envers l�auteur. Dans le domaine de l��dition, on rel�ve un conflit d� � l�incompr�hension des r�les, � l�in�galit� des pouvoirs et � un manque de clart� des int�r�ts de chacun. L�auteur parle d��uvre, de beaut� du texte, de couverture, de d�lai. L��diteur parle de quantit� de livres, d�argent, de pourcentage, de distribution, de quota, de TVA. L�auteur et l��diteur ne sont pas toujours sur le m�me plan ; le premier est dans l�esth�tique, le second dans l��quilibre financier. Tout le probl�me est dans cette relation-l�. Nous manquons de professionnalisme biens�ant dans l�ex�cution des r�gles normales qu�exige le domaine du livre. Je ne saisirai pas la presse, mon pays va d�j� mal, et je ne veux pas que le secteur de la Culture soit entach�. En plus les �diteurs s�rieux (Barzakh, Apic, Dalimen et d�autres) risquent d'�tre assimil�s � cet �diteur qui se livre � des voies de fait sur son auteur. Nombreux sont les anomalies et les contentieux qui ont eu lieu et que les auteurs et les �diteurs n�ont pas fait conna�tre. Tout est souterrain dans l��dition (livre, musique, art...). Le minist�re, l�ONDA, les gens de bonne volont� sont conscients et agissent pour que notre culture soit en bonne sant�. �a prend du temps. Je souhaite que ce regrettable incident serve � assainir notre champ culturel. Le minimum � envisager, c'est la cr�ation d'un syndicat repr�sentatif fort ou d'un ordre des �diteurs qui promulguerait des normes, une charte de bonne conduite et de respect des auteurs. Quant � l�Union des �crivains, elle ferait �uvre utile en se manifestant ne serait-ce que pour faire appliquer la p�dagogie des bonnes mani�res. En attendant, je n'�crirai plus, h�las ! Vous ne m'entendrez plus. Je ne serai plus avec vous. �Quand elle n'a plus de po�tes, la tribu dispara�t.�
Cordialement,
Abderrahmane Zakad,
Alger le 8 f�vrier 2010

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable