Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Le bal des vamps� euh, des dinosaures�
Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr


J�ai suivi comme tout un chacun le congr�s du FLN � travers les journaux et comme tout un chacun, je ne savais pas s�il fallait en rire ou en pleurer. S�rieux ! Pourquoi ? Ma foi, parce que c�est aussi triste que risible, c�est tout ! Voir les m�mes vieux dinosaures qui nous viennent du pal�olithique se disputer encore et encore les morceaux de d�pouille du pouvoir, c�est d�un m�lodramatique. Ce qui se dit dans ce conclave doit remonter si loin dans les limbes qu�on n�entend plus rien. La bande son est us�e depuis belle lurette. L�image, elle, est � peine visible.
Les noms des protagonistes se d�chiffrent au carbone 14. Ils ne prennent jamais leur retraite, les bronto ? Ils ne se reposent pas un peu ? Ou alors, comme le plus insigne d�entre eux, ils s�y voient � vie ?... Certains sont sympathiques, me dit-on dans l�oreillette. Oui, sans doute, mais comme acteurs d�une histoire r�volue. Et l� n�est pas la question. D�autres ne tiennent pas � plaire, ce � quoi d'ailleurs ils ne parviendraient pas. M�diatiquement parlant, ils ont beau mettre le paquet, exhiber en boucle � la t�l� et sur les radios les uniformes frais repass�s des congressistes, faire �crire par les confr�res des clones de La Pravda, version sous-dev., que c�est un succ�s plan�taire, le congr�s du FLN n�int�resse que ceux qu�il concerne. Une poign�e de �vieux�, sans pr�judice d��ge, le FLN ayant invent� la vieillesse des id�es dans la jeunesse de l��ge. Une poign�e de types du troisi�me �ge qui r�vent de revenir au pouvoir o� jadis ils s�virent avec les d�g�ts que l�on sait, ou, pour ceux qui ont �t� sevr�s de l�accession, s�acharnent encore � vouloir monter sur un podium. N�importe quel podium ! C�est comme �a ! Va dire au ch�meur ou au smicard, au m�decin ou � l�enseignant en gr�ve, au chaland ou � la paysanne, au docker ou � l��tudiant, que l��v�nement historique, c�est le congr�s du FLN qui vient de cl�turer ses travaux avec succ�s. Il te demandera si le sigle ne d�signe pas un rafra�chissement ou le nom d�une nouvelle pizzeria. Il se tape du 9e congr�s du FLN au moins autant que les pr�c�dents. Seulement, les 3 500 d�l�gu�s et leurs chefs, m�me si �a ne dit rien � personne, ont le pouvoir. Eh, oui, �a change tout ! Ils vont te convoquer dare-dare l�Unique, les patrons des titres de la presse publique et le non-�v�nement devient bessif le seul �v�nement. Les jeunes d�aujourd�hui qui disposent de l�Internet et de centaines de cha�nes de t�l�vision au bout de leur t�l�commande ne peuvent pas imaginer combien nous avons pu, nous des g�n�rations d�avant eux, bouffer du FLN. Avant 1989, pendant toute la p�riode du parti unique, nous nous levions et nous couchions avec une overdose de FLN. Nous prenions notre caf� au lait FLN avec des tartines beurr�es FLN. Sauf que ce sont eux, ceux du FLN, qui se beurraient. Et qui continuent. Nous allumions la radio le matin pour �couter le FLN nous dire que le FLN est l�Alg�rie. Nous lisions le journal qui �crivait que le FLN veillait sur le FLN, c'est-�-dire sur nous tous, grands et petits. A l��cole, au bureau, sur les chantiers, dans les usines, dans la rue, au bord de la mer, dans le ciel, au fin fond du d�sert, dans les casernes, le FLN �tait partout. Sauf l� o� il devait �tre : au mus�e ! Car oui, il devrait �tre rang� parmi les choses glorieuses que la grandeur du peuple alg�rien a su forger pour donner � l�histoire un air de libert�. Symbole appartenant au peuple alg�rien dans son ensemble, le FLN est tenu en otage depuis l�ind�pendance par des hommes qui en ont fait un appareil de pouvoir, grand producteur de parole devant l�Eternel. Et seulement de parole ! Peut-on gratifier de la respectabilit� du nom de parti politique cette armada de fonctionnaires l��il sur leur carri�re, dissimul�e � l�action politique sur le terrain, aupr�s des masses, comme c�est sa mission, par une arm�e de chaouchs, appariteurs, concierges, plantons ? Au lieu d��uvrer � rendre ses lettres de noblesse � l�action politique, les fonctionnaires du FLN ont toujours, et pour la plupart, consid�r� leur koursi juste comme un tremplin pour un koursi un peu plus en altitude. Voitures, bureaux, secr�taires, t�l�phones, gardes du corps et tutti quanti : ce sont l� les attributs des cadres d�une entreprise multinationale pas ceux des militants d�un parti politique issu d�une guerre de lib�ration populaire, dont les textes de base claironnent la mobilisation des masses autour des id�aux taratata� Mais j�ai l�impression que l�id�ologie du FLN n�est pas le nationalisme mais quelque chose qui finit aussi en �isme� et qui pourrait s�appeler autisme. Les mecs ne r�alisent peut-�tre m�me pas qu�ils dansent sur un volcan. Mieux : ils refont les m�mes pas apr�s chaque �ruption ! Qu�il pleuve des quolibets, qu�il vente des guerres civiles, qu�il tonitrue des �meutes, qu�il tonne du terrorisme, qu�il se r�pande de la pauvret� de masse, ils continuent, sto�ques, � se pr�parer au pouvoir aussit�t qu�ils le quittent. Sujets au vertige, ils ne regardent jamais vers le bas, l� o� grouille la mis�re des mis�reux. Les mis�rables, cependant, ne sont pas toujours ceux qu�on croit. Ce ne sont pas ceux qui ont �t� trahis, mais ceux qui ont trahi un serment, celui de lib�rer le pays de la domination coloniale pour arracher le peuple � la mis�re. C�est loup�, mon vieux, cette histoire de dignit� ! Amirouche, Boudiaf et tous les autres militants et responsables du FLN qui ont pay� de leur vie leur attachement � l�ind�pendance de l�Alg�rie et � la dignit� de son peuple doivent se retourner dans leurs tombes en voyant que les trois lettres d�or de la lutte des Alg�riens palissent � chaque coup bas �chang� dans les luttes pour le pouvoir. C�est triste certes, mais c�est risible aussi. Tout �a pour �a !
A. M.

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