Monde : La France emp�tr�e dans une cascade d�affaires

Il y a eu coup sur coup une s�rie de r�v�lations faites par la presse ces deux derni�res semaines mettant en cause des membres du gouvernement et relatives � l�abus d�utilisation de biens publics ou encore au trafic d�influence ou pour le moins de complaisance de membres importants du gouvernement vis-�-vis de grandes fortunes. Si la d�mocratie fran�aise permet encore, et c�est heureux, de r�v�ler ces affaires et d�aller jusqu�au bout des investigations, le chef d�Etat actuel persiste et signe : il d�fend l�ind�fendable surtout lorsqu�il s�agit des plus grosses fortunes de France.
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Apr�s les nombreuses r�v�lations par les m�dias de l�utilisation abusive, sous diverses formes, de biens de l�Etat � voitures de fonction pl�thoriques, multiplication d�appartements de fonction souvent non utilis�s pour ce qu�ils devraient, voyage minist�riel pour plus de 100 000 euros pay�s par le contribuable, achat r�gl� sur les deniers publics de cigares par un membre du gouvernement pour sa propre consommation�, la derni�re affaire en date est un peu de trop, celle en tout cas qui d�fraie la chronique. Pourquoi et de quoi s�agit-il ? D�abord parce qu�elle met en cause Eric Woerth, l�actuel ministre du Travail, qui, du temps o� il exer�ait en tant que ministre du Budget, faisait, selon ses propres d�clarations et celles du patron de l�ex�cutif, la �chasse � l��vasion fiscale� et l�homme qui allait instaurer la rigueur et les bonnes m�urs dans l��conomie fran�aise. Et justement ce qui l��clabousse aujourd�hui et ce pourquoi il tient le devant de la sc�ne est pr�cis�ment d�avoir ferm� l��il sur de grandes �vasions fiscales op�r�es par Mme Eliane Bettencourt, la plus grosse fortune de France, qui aurait, selon des enregistrements diffus�s sur le site M�diapart, planqu� des comptes en Suisse et fait le silence dans ses d�clarations fiscales sur ses comptes et sur une l��le d�Arros aux Seychelles dont elle est propri�taire. Pourquoi l�aurait-il fait ? Tout bonnement parce que Mme Woerth, l��pouse du ministre, est salari�e, depuis 2007, dans la soci�t� qui g�re la fortune personnelle de Liliane Bettencourt, l�h�riti�re du groupe L�Or�al et � ce titre, elle s�occupait de placements financiers. Il aurait aussi, selon ces enregistrements, us� de son pouvoir pour faire recruter sa femme. A la suite de cette cascade de r�v�lations qui a fait bondir l�opposition et m�me certains membres de base du parti majoritaire (UMP) qui relevaient qu�il n��tait pas normal que Woerth soit tr�sorier de l�UMP (recevant des dons d�industriels, dont L�Or�al) et en m�me temps ministre du Budget, ce qui cr�ait, pour le moins, un conflit d�int�r�ts, les coll�gues du ministre et en t�te le Premier ministre ont cri� � la �cur�e� � �l�opposition qui hurle avec les loups�. Ils ne savaient pas encore qu�un coup de th��tre allait se produire, qui va mettre dans l�embarras, pour ne pas dire plus, tout le pouvoir. Le procureur de Nanterre vient de faire un communiqu� dans lequel il explique avoir saisi, d�s 2009, l'administration fiscale de possibles fraudes de la milliardaire Liliane Bettencourt. Or, l'ancien ministre du Budget, qui avait la tutelle de cette administration, a toujours ni� avoir eu connaissance de ce dossier fiscal et d�clarait dans la presse ( Journal de Dimanche) : �Je n�ai aucune information sur une quelconque �vasion fiscale.� Difficile, d�s lors et apr�s la d�claration de ce magistrat, de nier l��vidence. Et pourtant, apr�s Claude Gu�ant qui consid�re qu�il �n�y a aucune raison de soumettre l�action de l�Etat � des mensonges et � des calomnies�, c�est le pr�sident lui-m�me, qui, de l�Ontario o� il participait au G20, s�est fendu d�un �j�ai compl�tement et totalement confiance� en Eric Woerth, ajoutant m�me : �Aujourd�hui et m�me demain, si vous me reposez la question.� Plus qu�un alli� du pr�sident dans cette phase d�licate de passage en force de la nouvelle loi sur les retraites, c�est surtout une affaire de �clan pr�sidentiel� qui se resserre les coudes. �a rappelle des m�thodes bien connues chez nous, sauf que, l�, beaucoup esp�rent que la justice fran�aise aille jusqu�au bout.
K. B.-A.

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