Actualités : Madame Houria Bouhired nous écrit

Le contenu de l’article de votre journaliste intitulé «En Algérie, on spécule sur les bidonvilles !», paru le 7 juillet 2010, est absolument incorrect. Cet article fait référence à des pseudo propos que j’ai tenus le 4 juillet à l'occasion de la cérémonie de prestations de serment au profit de nouveaux architectes. Au regard de l'importance et du sérieux de la question posée, nous n’avons pas le droit, quels que soient notre niveau professionnel, notre position sociale et ou notre appartenance politique, de colporter de tels propos.
C’est pour cela que je considère que j’ai le devoir et l’obligation, à travers ces précisions, d’apporter les correctifs nécessaires au contenu de l’article de votre journaliste. En premier lieu, traiter les fonctionnaires de la Direction de l’urbanisme «de petits techniciens» est un fait grave de conséquences lorsqu’on est au fait de la qualité et de la quantité de travail colossale fournie par cette institution, notamment pour mettre en œuvre les fabuleux programmes de développement du pays notamment le programme de réalisation d’un million de logements et d’équipements. Pour ce qui me concerne personnellement, je ne suis pas membre du Conseil local d’Alger, comme il est affirmé par votre journaliste, mais j’occupe une position de présidente d’honneur du Conseil national. De ce fait et contrairement aux propos colportés, je ne peux en aucun cas ne pas reconnaître une structure dont j’ai eu le privilège et l’honneur de présider à sa destinée durant plusieurs années consécutives. Pour ce qui concerne la mise en œuvre de la loi portant achèvement des constructions et leur conformité, effectivement plusieurs incohérences ont été constatées. Ces incohérences sont liées notamment au déséquilibre constaté entre la demande des citoyens en quête de recherche d'obtention de la conformité de leur construction et les capacités de traitement de cette demande. En effet, nous savons que dans notre pays plus de 80 % des constructions promues par les promoteurs publics et privés et édifiées depuis la promulgation de la loi portant obligation du permis de construire en 1981 et consolidées par les dispositions de la loi 90.29 de 1990 sur l’urbanisme, sont illicites au regard de la législation en vigueur, et donc non conformes. A partir de ce constat et conformément aux dispositions en vigueur, plus de trois millions de constructions sont inachevées et ou non conformes. Ce qui nous permet d’avoir un aperçu sur l’importance et la complexité de la tâche à accomplir, surtout que la loi a fixé un délai de cinq années aux citoyens pour mettre en conformité leurs constructions. Cette opération titanesque de traitement des dossiers de demandes de conformité des constructions a été confiée aux directions de l'urbanisme de wilaya sans apports significatifs en moyens matériels et tout particulièrement humains. Pour ce qui concerne la problématique récurrente des «bidonvilles» dans notre pays, plusieurs axes de recherche ont été initiés depuis l’indépendance. Des actions courageuses ont été menées par les pouvoirs publics. Mais malheureusement, toutes ces actions n’ont pas tenu leurs promesses. Nous avons tous en mémoire les opérations successives menées tambour battant, durant les années 80 à Alger, à Oran, à Constantine, à Annaba et dans d’autres villes du pays. Mais malheureusement et malgré la mobilisation de grands moyens, le développement de ce phénomène s’est amplifié jusqu’à gagner les espaces centraux de nos grandes agglomérations. La mise en œuvre de ces actions, qui avait pour soubassement la mobilisation de moyens publics au profit des citoyens nécessiteux et fragiles, a connu de multiples travers qui ont minimisé dans une large mesure, pour ne pas dire annihilé, le contenu et l’objectif social et environnemental attendu. Aussi, notre corporation a, à travers l’organisation de journées d’études et tout particulièrement les assises sur l’architecture, tenues à Alger en 2006, sous le parrainage de Son Excellence Monsieur le Président de la République, plaidé pour une révision profonde et totale des approches privilégiées par les pouvoirs publics. Ce phénomène multidimensionnel, de grandes complexités économiques, sociales, environnementales, sécuritaires, sanitaires et autres doit faire l’objet d’études approfondies à caractère technique et scientifique. En conclusion et connaissant le sérieux et le professionnalisme de votre quotidien, qui demeure une référence médiatique et un support important pour le développement notamment économique, social et culturel du pays, une attention particulière doit être accordée au traitement de sujets aussi importants que celui objet de la présente mise au point.
Alger, le 9 juillet 2010

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