Actualités : PLUS DE 36 MILLIONS D’ALGÉRIENS EN 2011
 Les politiques de développement ne répondent pas aux besoins de la population


Au 1er janvier 2010, l’Algérie compte 35,6 millions d’habitants. L'Office national des statistiques (ONS) prévoit une population (population résidente totale) de 36,3 millions d'âmes au 1er janvier 2011.
Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Le nombre d’habitants augmente et cette dynamique démographique se maintient depuis 2003. L'évolution récente du nombre de naissances indique que la natalité en Algérie «maintient le cap vers un niveau de plus en plus élevé», commente l’ONS. Pour les spécialistes, cette situation nouvelle nécessite d’énormes investissements humains et matériels. A la lumière de ces données, le gouvernement doit agir rapidement et orienter ses plans de développement pour répondre aux attentes des citoyens. «L’on ne peut pas envisager une politique de développement sans se baser sur des études sur la population. Et il est difficile de faire comprendre ça à nos responsables», a déclaré hier le professeur Jeanine Belkhodja, au forum hebdomadaire d ’El Moudjahid. En 2009, 341 000 mariages ont été enregistrés, un taux de croissance de 3 %. Paradoxalement, les Algériens et les Algériennes se marient entre 29 et 30 ans. Jeanine Belkhodja explique que les mariages tardifs entraînent des grossesses à risque, une situation qui exige la dotation des établissements hospitaliers en moyens techniques très importants. «La plupart des femmes se retrouvent enceintes à 30 ans et ont donc besoin d’un accouchement médicalisé. Nos hôpitaux et nos cliniques privées ne garantissent pas une prise en charge suffisante. Ils ne répondent pas aux besoins de ces femmes. L’accouchement médicalisé reste un challenge. » Les services de maternité sont surchargés, les médecins sont dépassés, les spécialistes et les sages-femmes sont peu nombreux, voire indisponibles dans les zones rurales. Plus de la moitié des décès des nouveau-nés surviennent dès la première semaine de vie. La situation est alarmante. Selon l’ONS, le nombre de femmes en âge de procréer franchit cette année le seuil des 10 millions. Pour la natalité, l'on relève que la progression des naissances se poursuit avec une augmentation de 32 000 naissances vivantes en 2009 par rapport à 2008, soit un total de 849 000 naissances (436 000 garçons et 413 000 filles), un rapport de 105 garçons pour 100 filles. Aussi, la population âgée de moins de 15 ans représente 28,2 % de la population totale. La proportion de la population en âge d'activité (15 à 59 ans) est de 64,4 % et celle du troisième âge (60 ans et plus) de 7,4 %. «Il y a énormément de travail à faire. Dans les hôpitaux, les services de maternité sont dépassés, ce qui influe sur la qualité des soins. L’on stagne beaucoup trop sur ces questions !», assure le professeur, insistant sur l’importance de sensibiliser sur le recours à la contraception. «La liste des contraceptifs dont dispose le ministère de la Santé doit être mise à jour. Les pilules vendues sur le marché ne sont pas toutes remboursables », note Jeanine Belkhodja. Pourquoi est-il difficile de convaincre nos responsables de l’importance de ces données sur la population pour orienter les projets de développement (accès au logement, au travail…) ? A cette question, Jeanine Belkhodja répond avec quelque hésitation, en accordant des «circonstances atténuantes » à des politiques qui s’expriment souvent en se référant à de vieilles données, étant ainsi en contradiction avec la réalité. «Nous avons du chemin à parcourir. Il y a un retard entre la réflexion et la prise de décision. Entre 2000 et 2003, lorsque nos collègues étaient installés au ministère de la Santé, on pouvait travailler ensemble et sensibiliser sur ces questions. Ça a été le cas concernant la loi sanitaire de 1985, que nous avions pu réviser», souligne-t-elle. Apparemment, il n’est plus possible de coordonner les efforts.
I. B.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable