Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Saâdane, et l'apôtre des aquariums
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com


Il l'a dit, enfin, il a révélé tout ce qu'il avait derrière la tête. Le président Obama a avoué sa folle passion pour Israël : toutes les paroles mielleuses qu'il a adressées aux Arabes, c'est dans le but de les amadouer. «Je l'ai fait uniquement pour Israël», a-t-il dit. Ça fait mal à l'Arabe qui sommeille, quelque part en nous, mais c'est l'Amérique ! Et la Palestine dans tout ça, me direz-vous ? Elle compte pour du beurre, ce beurre qui commence à parvenir à Ghaza, après une expertise militaire montrant qu'il n'entrait dans aucune composition destinée à la fabrication d'explosifs.

Pendant que tous les courants islamistes et autres se mobilisent et mobilisent pour Ghaza, Israël fait ce qu'il veut en Cisjordanie et à El-Qods. Tout le monde doit parler d'une seule voix et prononcer un seul mot : Ghaza ! À tel point qu'un ministre égyptien qui voulait se rendre à El-Qods a été lynché médiatiquement, parce qu'il allait s'y rendre avec un visa israélien. Comme si une flottille iranienne, libyenne ou islamiste algérienne pouvait se rendre à Ghaza sans l'autorisation d'Israël. C'est l'autre nom du visa, mais ces jours-ci, on ne récolte des lauriers et des bribes de gloire qu'en parlant de Ghaza, en agissant, à la rigueur, pour Ghaza. Alors, laissons de côté la judaïsation de la première Qibla de l'Islam et soutenons le peuple de Ghaza, soumis au califat du Hamas. Voilà pour le mauvais côté des choses. La bonne nouvelle était à la «Une» du quotidien londonien Al-Quds ce samedi : Amr Ben Laden, fils d'Oussama et de X(1), et sa femme britannique, Jane Felix Brown, se séparent. Amr et Jane s'étaient connus dans la brousse londonienne et s'étaient aimés instantanément, comme les personnages d'Edgar Rice Burroughs, selon la presse people. Amr, riche héritier de 25 ans alors, et sa fiancée de 50 ans, excusez du peu, s'étaient mariés, selon le rite islamique, version aiguisée. Jane s'était donc convertie à l'Islam, par amour de l'homme dont c'était la religion officielle, et avait pris le doux prénom de Zina, qu'elle avait découvert dans la version anglaise des albums de Slim. Le malheur lorsqu'une femme se marie avec un homme qui a la moitié de son âge et qui en a le double par conséquent, ce sont les mauvais tours de la progression arithmétique. Si vous avez cinquante ans, Madame, et qu'il en a vingt-cinq, c'est parfait : vous êtes son double et il est votre moitié. Mais, dans cinq ans, le regard, son regard, et la proportion changeront, il aura 30 ans et vous en aurez 60, à ses yeux, au lieu des 55 ans que vous reconnaît l'état civil. Eh oui ! Encore que si vous avez l'argument du chéquier, votre sex-appeal, selon l'expression de feu Djamel Bensaâd, vous avez une chance d'échapper au regard qui tue. Or, dans le cas qui nous occupe, c'est le plus jeune, Amr Ben Laden en l'occurrence, qui avait la meilleure dot, avec une identité lourde à porter sans conteste. Pour Jane, il suffisait de devenir «Zina» pour se refaire, si l'on veut, une virginité, aux yeux des contempteurs éventuels. Curieusement, ni le clan Ben Laden, ni les médias arabes n'ont réagi négativement à ce curieux mariage entre un demi-siècle et un quart du même contenant. Les époux Ben Laden filaient donc apparemment le parfait amour, jusqu'à ce que Amr se mette à entendre des messages de son père. Ces messages ne lui parvenaient pas via Al- Jazeera ou Facebook, mais affluaient directement dans sa tête. Amr était donc partagé entre son amour filial pour Oussama et son aversion pour les actions terroristes qu'il réprouvait. C'est, du moins, ce que nous dit Zina, finalement obligée de faire hospitaliser son époux saoudien dans un établissement spécialisé. Diagnostic prévisible : dédoublement de la personnalité, comme pour le Dr Jekyl et M. Hyde. N'oublions pas que nous sommes à Londres. Affaire à suivre, donc, surtout quel sera le montant de la transaction financière accompagnant la séparation et surtout le devenir du prénom Zina. La bien nommée abjurera-t-elle sa religion acquise pour revenir au christianisme anglican de ses aïeux ? Ou persistera-t-elle dans cette voie, comme le font des milliers de citoyennes britanniques qui se convertissent à l'Islam. Tous les sites islamistes bruissent de ces nouvelles de conversions massives de jeunes Anglaises, qui se mettent aux couleurs vestimentaires de l'Islam. Ce qui confirme bien que si l'habit ne fait pas le moine, ou l'imam, il contribue néanmoins à identifier les ouailles. Drôle d'époque où l'on croit avoir repris la conquête de l'Europe, par le simple fait de mettre le hidjab et la burka dans les rues de Londres ou de Paris. Le nouvel Islam, car c'en est un, se décline d'abord au féminin par le voile, passage obligé vers les «Cinq piliers» qui deviendront, si l'on continue ainsi, des matières optionnelles. On ne sera pas obligé de sacrifier au rituel puisqu'on en porte l'habit de cérémonie. Pour nous montrer à quel point l'habit est important et combien comptent les apparences aussi trompeuses soient-elles, nos hommes d'église(2) ont recours aux fatwas. Pour éditer une fatwa, il suffit de savoir écrire en arabe, savoir lire étant accessoire. J'ai appris, ainsi, en parcourant la «Une» du quotidien Al-Nahar, le nôtre pas le libanais, que le diable s'habillait en rouge. Je ne sais pas de quelle couleur est le «Prada» que porte le démon au cinéma, mais je dois dire tenir pour acquis que Satan affectionne la couleur rouge pour ses sorties. En tout cas, c'est la nouvelle lubie du cheikh Ferkous, l'idole des fondamentalistes bornés. Selon Al-Nahar,qui se réfère au site Internet du cheikh de banlieue, Ferkous interdit désormais de prier, habillé de rouge. Se fondant sur des Hadiths, Ferkous affirme que le rouge est la couleur du diable et des mécréants. Sans compter que le rouge est une couleur féminine provocante qui attente à la virilité de l'homme lorsqu'il la porte. Ferkous a sans doute beaucoup d'adeptes, mais pas autant que le nouvel «apôtre Paul». Jusqu'ici, les édits de ce poulpe, installé dans un aquarium allemand, ont été sans recours. Depuis le début de la Coupe du monde, il n'a pas raté un seul pronostic, notamment celui où il a prédit la défaite de l'Allemagne, sa patrie d'adoption. Furieux, certains Allemands ont menacé de lui couper l'eau, voire de l'envoyer nager dans l'oued El-Harrach, mais il a tenu bon. Pour la finale, il a annoncé la victoire de l'Espagne, et si cela se confirme, ça voudra dire que nous avons désormais en Paul un authentique voyant extra-lucide. Un rival sérieux et crédible, pour tous ceux qui vivent de la voyance et des pratiques occultes. C'est bien simple : au lieu de s'encombrer d'un expert en rokia, sujet à éclipses par ailleurs, Saâdane devrait recourir aux services du poulpe Paul. Il est moins tentaculaire et moins encombrant qu'une partie du Staff de l'équipe nationale. D'ores et déjà, on peut lui écrire pour lui demander si notre calvaire va se poursuivre jusqu'en 2014.
A. H.

(1) Le terme X est le seul qui puisse convenir dans le cas de ces clans familiaux où il y a un seul géniteur et plusieurs réceptacles à semences, pardon, coépouses !
(2) J'utilise à dessein le terme d'église, parce que nombre de nos gros producteurs de fatwas travaillent objectivement à discréditer l'Islam de nos parents et font donc le travail de l'Eglise proprement dite. C'est pour cela que je n'ai pas aimé le récent article de Samir Attalah fustigeant la chaîne adventiste Al-Hayat. Celle-ci exploitant à fond les travers et les défauts de la cuirasse islamiste.w

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