Actualit�s : ALG�RIE-FRANCE
La �ni�me lune de miel ?


Les relations entre l�Alg�rie et la France sont-elles aussi bonnes que le laissent entendre Abdelaziz Bouteflika et Mich�le Alliot-Marie ? Peu probable. Dans la r�alit�, de nombreux dossiers restent encore en suspens.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Lundi, le pr�sident Abdelaziz Bouteflika et Mich�le Alliot-Marie, la ministre fran�aise la Justice, ont pr�sent� une image idyllique des relations alg�ro-fran�aises. �Les relations sont tr�s �troites, un peu comme dans un couple, un couple qui se conna�t depuis longtemps (�) ce couple a toujours l'occasion de se r�concilier et de se retrouver de fa�on plus �troite�, a d�clar�, � cette occasion, la garde des Sceaux. �Les relations alg�ro-fran�aises se portent bien�, rench�rit Bouteflika, avec un large sourire. Mais ces propos � la �je t'aime, moi non plus�, d�clam�s par une belle journ�e d�automne, ne constituent, en fait, qu�une petite parenth�se dans la crise latente qui caract�rise les rapports entre les deux pays. Il faut dire que les jours qui ont pr�c�d� la visite alg�roise de Mich�le Alliot-Marie ont �t� particuli�rement riches en �v�nements et en d�clarations. Halim Benatallah, secr�taire d�Etat charg� de la Communaut� alg�rienne � l��tranger, donne le la. �Les valeurs de Novembre s�inscrivent dans la dur�e. Il serait vain d�esp�rer qu�elles s��teindront au fil du temps. Ce sont des valeurs universelles �, lance-t-il � partir de Paris, lors d�une c�r�monie de comm�moration du massacre du 17 Octobre 1961. La phrase est loin d��tre anodine. Elle vise directement le ministre fran�ais des Affaires �trang�res, Bernard Kouchner, en r�ponse � sa sentence : �La g�n�ration de l'ind�pendance alg�rienne est encore au pouvoir. Apr�s elle, ce sera peut-�tre plus simple.� Le m�me jour, � M�sila, Mohamed Ch�rif Abbas, le ministre des Moudjahidine la b�te noire de Kouchner remet sur la table le principe de criminalisation des actes commis durant la colonisation. Selon lui, ces crimes sont �partag�s par leurs auteurs directs et l�Etat fran�ais et, par cons�quent, la sanction doit toucher les individus et l�Etat dans tous les aspects se rapportant aux droits de l�homme�. Dans le registre de la �m�moire�, du c�t� fran�ais, on ne reste pas inactif. Loin s�en faut. A Paris, on pr�pare activement l�installation de la �Fondation pour la m�moire de la guerre d�Alg�rie et des combats du Maroc et de Tunisie�. Pr�vue par l�article 3 de la loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Fran�ais rapatri�s, ou loi du 23 f�vrier 2005, cette fondation a pour objectif de �construire une m�moire commune� sur la base de �travaux historiques s�rieux�. Cet organe a finalement �t� install� hier par le secr�taire d��tat fran�ais � la D�fense et aux Anciens combattants. Le choix de la date � le lendemain des massacres du 17 Octobre � est, � lui seul, un message de d�fiance envers Alger. Les tensions entre les deux pays ne se limitent pas seulement au pass�. Elles touchent surtout le pr�sent. Le dossier s�curitaire au Sahel en est une preuve concr�te. Le gouvernement fran�ais, confront� � la gestion du dossier de ses ressortissants pris en otages par les terroristes islamistes de l�Aqmi, tente d�imposer son leadership dans la sous-r�gion. Le 13 octobre, Bamako accueille une r�union du Groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG). Des experts des Etats-Unis, de la Russie, du Japon, du Canada, de la France, de la Grande- Bretagne, d�Italie et d'Allemagne rencontrent des repr�sentants du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso, du S�n�gal et du Nigeria. L�Alg�rie d�cline l�invitation. La rencontre, initi�e par la France, mine les efforts consentis par les pays du Sahel visant � lutter contre le terrorisme dans le cadre d�un �tat-major commun. Pire, Alger voit d�un mauvais �il la pr�sence du Maroc, pays qui n�a aucune fronti�re directe avec le Sahel. Donc, � la lueur de ces faits concrets, comment peut-on croire que les �relations alg�ro-fran�aises se portent bien�? A moins que la satisfaction affich�e par Mich�le Alliot-Marie ne cache autre chose ? La ministre de la Justice � qui, dit-on, est sur la liste des successeurs de Fran�ois Fillon � a d�clar� avoir �voqu� �tous les domaines� avec Abdelaziz Bouteflika. Parmi ces domaines figurent la d�fense et l�int�rieur, deux secteurs qu�elle conna�t � la perfection puisqu�elle en a dirig� les d�partements. Une question s�impose : Alliot-Marie a-t-elle rev�tu le costume de VRP pour tenter de d�crocher quelques contrats ? Les fr�gates, les chasseurs, la modernisation des �quipements militaires et le passeport biom�trique pourraient constituer une dot int�ressante pour lier le couple Alg�rie-France.
T. H.

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