Monde : FRANCE
Fran�ois Fillon II pour pr�parer Sarkozy 2012


De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed
Apr�s 5 mois d�une longue gestation, Sarkozy s�est enfin d�cid� � annoncer le remplacement de Fran�ois Fillon par� Fillon Fran�ois. Ce dernier ne changera pas de cap, il l�a annonc� hier. La composition de son gouvernement n�est pas encore connue, du moins jusqu�� hier, mais d�ores et d�j�, certains sont quasiment s�rs de figurer dans la nouvelle �quipe et d�autres tout aussi certains d�en �tre remerci�s. Beaucoup de questions sur cette reconduction. Globalement, les Fran�ais, interrog�s hier sur plusieurs m�dias, s�interrogent : pourquoi avoir fait �tout �a pour �a� et o� est le �changement tant et depuis si longtemps annonc� ?
�Apr�s trois ann�es et demie de r�formes courageuses, conduites malgr� une s�v�re crise �conomique et financi�re mondiale, je m�engage, sous l�autorit� du chef de l�Etat, avec d�termination, dans une nouvelle �tape qui doit permettre � notre pays de renforcer la croissance de son �conomie au service de l�emploi, de promouvoir les solidarit�s et d�assurer la s�curit� de tous les Fran�ais.� C�est ce qu�a d�clar� Fran�ois Fillon � l�issue de sa reconduction hier, apr�s avoir qualifi� les r�formes engag�es par Sarkozy de �courageuses �. Il les poursuivra donc et la pause dans les r�formes annonc�e il y a quelques semaines par le pr�sident lui-m�me fait partie, dor�navant, du pass�. La conduite du gouvernement (le 7e de Sarkozy depuis 2007) par Fran�ois Fillon a �t� pr�c�d�e par un feuilleton interminable et un match public entre Fillon-Borloo entretenu par le pr�sident lui-m�me qui assistait au spectacle, observait les animosit�s s�exprimer publiquement et entretenait le suspense. Qui part et qui reste ? Qui va gagner le bras de fer pour prendre la t�te de l�ex�cutif ? Ces inconnues ont trop dur� et le climat au sein m�me de la majorit� est devenu empoisonn�. De ce bras de fer, de ce match, Fran�ois Fillon est sorti vainqueur, m�me si certains dans la majorit� appelaient � une rupture par la d�signation de Borloo, plus populaire et surtout qui passe comme plus � l��coute des Fran�ais, dont la condition sociale devenait de plus en plus d�t�rior�e. Pourquoi avoir alors choisi Fillon ? Beaucoup de commentateurs expliquent que Sarkozy se trouve aujourd�hui tr�s affaibli dans l�opinion suite, notamment, aux r�formes de la retraite et a d� se r�signer � ce choix alors que les deux hommes ne se sont jamais entendus. Sarkozy aurait nomm� Fran�ois sous la pression de personnalit�s de l�UMP qui soutenaient le Premier ministre et rejetaient Borloo. Sarkozy a finalement d�cid� de garder Fillon, par crainte, s�il l�avait �cart�, de le voir alors se pr�senter � la pr�sidentielle de 2012 comme leader de la droite. Il sait que F. Fillon est tr�s populaire dans son camp et cette perspective de 2012 le hante. Il n�est pas dit, cependant, que Fran�ois Fillon va exercer la deuxi�me �tape de son mandat comme il l�a fait au cours de la premi�re �tape. Celui que Sarkozy d�signait comme �son collaborateur� et non comme le Premier ministre et qui ne r�agissait pas � cette humiliation a pris quelques assurances. �Sarkozy n�est pas mon mentor�, disait-il en septembre dernier : cette d�claration a fait mouche et l�a fait remonter dans les sondages. Mais cela suffira-t-il au Premier ministre pour exercer r�ellement l�animation de son nouveau gouvernement ? Sarkozy, dont la caract�ristique principale est de s�occuper de tout, s�effacera-t-il et se recentra-t-il sur l�essentiel ? Rien n�est moins s�r et il est presque certain que l�essentiel du pouvoir restera � l�Elys�e. L�annonce, en tout cas, du renouvellement de la mission � Fran�ois Fillon, si elle satisfait globalement les membres de l�UMP, elle est tr�s fortement critiqu�e par l�opposition. Le porte-parole du PS, Benoit Hamon, a �voqu� �la reconduction d�un Premier ministre en �chec par un pr�sident de la R�publique lui-m�me en �chec�. �Une forme d�ind�cence avec laquelle le pr�sident a jou� avec les nerfs de ses ministres� Il a beaucoup h�sit�, c�est l�aveu d�une faiblesse �, a encore d�clar� dimanche Jean-Marc Ayrault, le chef de file des d�put�s socialistes. Mais certains, m�me s�ils sont convaincus que la feuille de route de Fillon II est en droite ligne de la politique de droite qu�a men�e jusque-l� Sarkozy, ils attendent malgr� tout de voir la composition du gouvernement Fillon II qui sera aux manettes et qui renseignera sur l��quilibre qui sera concoct�. Une interrogation taraude : le nouveau gouvernement s�ouvrira- t-il aux autres formations politiques au centre et surtout � gauche ? On le saura ce soir ou demain, mais en attendant, certaines certitudes, d�une part, et des rumeurs persistantes, d�autre part, bruissent. Au plan des certitudes, l�ancien Premier ministre Alain Jupp� et actuel maire de Bordeaux est donn� ministre de la D�fense ; Mich�le Alliot-Marie occuperait le poste des affaires �trang�res ; Christine Lagarde aurait un grand portefeuille �conomique et financier. Dans le chapitre des rumeurs, Brice Hortefeux serait reconduit au minist�re de l�Int�rieur ; Val�rie Pecresse serait promue � la justice. Quant aux partants certains, il s�agirait de Fadhila Amara (Fran�ois Fillon ayant fait sa condition, suite � son soutien d�clar� � Borloo) ; Rama Yade, celle que les sondages donnent toujours comme la femme la plus populaire serait �cart�e suite � ses d�clarations critiques sur la politique africaine de Sarkozy ; Bernard Kouchner ne ferait plus partie de Fillon II, en tout cas pas au Quai d�Orsay. Enfin, si les consultations et tractations se poursuivaient toute la journ�e d�hier pour ficeler le nouveau gouvernement, cela tient, en grande partie, dit-on, � la r�ponse de Borloo : le chef de l�Etat aurait propos� � celui qui s�est fait damer le pion par F. Fillon plusieurs postes importants, mais il faisait toujours attendre sa r�ponse.
K. B.-A.

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