Culture : EN LIBRAIRIE
LE ROMAN NOIR D’ALIDE ABDELKADER FERCHICHE
Un autre visage de l’émigration algérienne des années 50


1957. Madjid Zahar, émigré résidant dans la région lyonnaise, travaille dans une exploitation agricole à Châteauneufdu- Rhône. Il est adjoint au contremaître. En réalité, c’est juste une couverture, un écran de fumée car Madjid active pour le FLN.
Discrétion oblige, même son épouse Justine ignore tout de son militantisme. «Ma propre femme ne doit être au courant de rien sur mes activités. C’est un ordre strict. Seuls ses parents font partie de mes alliés utiles pour certaines actions… Tout est réglé comme du papier à musique et les intervenants ciblés. Ma femme est tenue à l’écart de tout ça. Il vaut mieux, pour elle et pour moi.» p.68 Lorsqu’Ali Drabki, un autre émigré sympathisant du FLN, est retrouvé égorgé dans sa misérable masure, toute la communauté algérienne est consternée. Ali a eu un parcours chaotique. Fuyant la misère de son bled natal, il avait traversé la Méditerranée pour subvenir aux besoins de sa famille. Derrière lui, il laissait une épouse qu’il chérissait par-dessus tout. Lorsque la nouvelle de sa mort en couches lui parvint, Ali Drabki sombra dans l’alcool… Raoul Blanchard, l’inspecteur de police chargé d’enquêter sur la mort d’Ali, écume cafés, usines et autres fiefs où se réunissent les émigrés algériens, à la recherche du coupable. Il suspecte Madjid Zahar d’être l’instigateur de cette boucherie. Aidé par son ami, le journaliste Jean Fournet, acquis à la cause algérienne, le héros de ce polar tente de démêler cet imbroglio… d’autant plus que d’autres activistes du FLN sont retrouvés morts. Esquivant l’inspecteur Blanchard qui le piste, Madjid poursuit son combat, utilisant les cageots de fruits de l’exploitation où il travaille, pour acheminer armes et fonds destinés au FLN. «Les bons de réservation sont tout ce qu’il y a de plus officiel et réglementaire. Personne ne pourrait se douter qu’il y a des revolvers dans une des caisses, et plus de 200 000 francs dans une deuxième, recouverts de splendides pêches de saison…» p.90 A travers ce polar, Kader Ferchiche lève le voile sur les conditions déplorables dans lesquelles vivaient les émigrés algériens en France dans les années 1950. «Sur des chaises qui font fonction de tables, des jeux de dominos, leur passe-temps favori… Les habits sont jetés pêlemêle sur les lits ou à même le sol. Voici le gîte de ces gueux rejetés en marge de la société française, bernés, grugés, et parfois volés par les coreligionnaires, intermédiaires douteux… Les pauvres se serrent la ceinture pour subsister et nourrir les leurs au pays…» p.42 Né en France en 1954, journaliste et écrivain, Abdelkader Ferchiche est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Ils avaient le soleil pour tout regard, sorti en 2008.
SabrinaL
Le roman noir d’Ali, de Abdelkader Ferchiche, Editions Alpha, 2010, 187 p.

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