Culture : CASBAH BLUES FESTIVAL DE BRUXELLES
El Anka par El Anka


Du Théâtre Molière de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Emu, épuisé, vidé, El Hadi El Anka était aussi ravi à la fin de son récital (Théâtre Molière- Bruxelles, samedi 4 novembre 2010). Il est vrai que le spectacle offert par El Hadi El Anka était beau. Magnifique. C’était du grand chaâbi. De l’art.
Le public nombreux, à l’extérieur un manteau blanc recouvrait Bruxelles de neige et de luminosité. Il y faisait -7 degrés. Les familles algériennes, belgo-algériennes ou, tout simplement, belges qui ont fait le déplacement du «Molière» n’ont pas regretté. Le fils de Hadj El Anka a su rendre hommage à son père sans, toutefois, tomber dans la facilité. Dans le plagiat. Dans les singeries. En coulisses, El Hadi, accompagné de Mustapha Benhalima, de la diaspora algérienne bruxelloise, ami d’enfance des El Anka, me dira : «Il est plus difficile de convaincre, artistiquement, quand on est fils de El Anka. Les gens sont avec moi plus exigeants, ils attendent de moi que j’égale mon père sans être lui. Ils veulent que je fasse du Hadj El Anka en restant moi-même.» C’est ce qu’aurait voulu, c’est même ce que voulait El Anka lui-même ? A ma question, la réponse de El Hadi fut sans fioritures : «Exactement !». «Je peux, dire, aujourd’hui, sans vantardise que j’ai été à la bonne école. Celle de l’exigence, de la rigueur et du sérieux dans l’accomplissement du travail. » El Hadi El Anka, professeur au conservatoire, est musicien, pianiste et interprète. Il a dirigé 40 musiciens lors d’une tournée mondiale produite par Damon Albarn (Blur, Gorilaz). Lors de son passage bruxellois, El Hadi a élaboré une vraie stratégie artistique pour satisfaire les besoins du public nombreux, certes, mais connaisseur «douag». Ne pouvant rendre hommage à El Hadj M’hamed sans interpréter les qacidate les plus célèbres de ce dernier, il compose un florilège, un montage — réussi —puisant harmonieusement dans l’un ou l’autre texte du riche répertoire mystique andalou dans lequel s’abreuvait le Cardinal. Cela a donné une vraie soirée chaâbie, comme au bon vieux temps. «Dif Allah», «Sobhan Allah yal’tif», El Harraz», «Youm el djemâa», s’enchevêtraient, se touchaient mais ne se piétinaient pas. «Itinérances» et «Musiek publique», les organisateurs de ce «Casbah Blues Festival», qui a permis la venue de El Hadi El Anka, ont visé juste, en rendant hommage à El Anka par El Anka. En interprétant à merveille «Dif Allah», El Hadi El Anka a été un prestigieux dif (invité) de Bruxelles. Nabila Belkacem, organisatrice et cheville ouvrière de l’événement, a déjà une idée derrière la tête pour que El Hadi El Anka revienne à Bruxelles.
A. M.

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