Culture : TIZI-OUZOU
Focus sur l’œuvre de Rachid Mimouni : une esthétique subversive, de la révolte et de la transgression


La vie et l’œuvre de l’écrivain Rachid Mimouni sont à l’honneur au Salon Djurdjura du livre organisé à l’initiative de la Direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou.
Des conférences et des évocations sont au programme de cet hommage organisé parallèlement à ce regroupement de quelques libraires et éditeurs de Tizi-Ouzou qui se tient depuis lundi dernier jusqu’au 11 du mois en cours à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Madame Mameria Zoubida, du ministère de la Culture, et Djilali Khellas, écrivain journaliste et enseignant à l’Université d’Alger, se sont intéressés aux choix esthétiques dans les romans de Mimouni, un écrivain qui s’est forgé son propre style où l’Algérie était au centre de la trame de ses récits. Après avoir évoqué l’amitié qui remonte à l’époque où il était à la Sned, l’ex-société d’édition étatique et qui le lie à l’écrivain, Djilali Khellas s’attachera à rendre, par l’analyse et le témoignage, ce qui caractérise le style et l’engagement de l’auteur de Tombéza. «Le meilleur des romans de Mimouni», indiquera le conférencier. Le roman le plus abouti qui rend compte de la philosophie et de l’engagement intellectuel et humaniste de l’écrivain, selon l’orateur. Tombéza est le sobriquet choisi par l’auteur pour décrire le personnage central du récit. «Un héros marginal mais qui revendique son droit à la vie, tout en faisant face à des conflits qui lui sont imposés», analysera D. Khellas, pour qui Tombéza est l’archétype de l’intellectuel algérien qui refuse l’aliénation. «Rachid Mimouni a donné la parole à un marginal pour rendre compte de la réalité du peuple algérien qui est marginalisé et qui n’a pas droit à la parole confisquée par le pouvoir dictatorial de l’époque», dira encore le conférencier qui s’intéressera aux choix narratifs de l’auteur dans Tombéza, «un récit noir et pessimiste et où le héros agresse la société pour mieux se défendre», d’où «la violence» qui caractérise l’écriture et le texte de l’auteur du fleuve détourné. C’était, à suivre les explications du conférencier, comme si Rachid Mimouni voulait exprimer, à travers son héros de papier, son refus de l’ordre établi ainsi que sa volonté de rendre compte en dénonçant les conflits sourds de l’époque. «Le talent de Mimouni se manifeste à travers la représentation de situations tragiques qui sont les prémices des changements à venir et aussi à travers une esthétique qui allie la puissance d’une description optique et une maîtrise parfaite de la narration, des qualités qui le placent dans le sillage des grands écrivains algériens tels que Mammeri et Kateb Yacine.» Mimouni qui s’était élevé contre toutes sortes d’accusations comme l’appartenance au mythique parti de la France, en raison de l’usage de la langue française et qui a été créé de toutes pièces par le parti unique de l’époque, un subterfuge destiné à empêcher la libre expression de la parole. Pour Mameria Zoubida, l’écriture de Rachid Mimouni ne s’inscrit pas en rupture par rapport aux textes des écrivains qui l’ont précédé ; l’œuvre de Mimouni opère une mutation par rapport à ces derniers, dont les textes constituent l’archétype et la matrice pour la création de l’écrivain. Pour cette conférencière, les choix idéologiques et esthétiques assumés de Rachid Mimouni témoignent de son engagement politique et de ses prises de position.
S. A. M.

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