Régions : SKIKDA
Aïn-Kechra, la daïra de toutes les anomalies


Un lycée sur les hauteurs de la ville, 40 logements à caractère social locatif sur un site inaccessible, entourés d’habitations individuelles, un nouveau siège municipal construit sans chauffage, une antenne postale élisant domicile dans le siège du FLN, ce sont entre autres les paradoxes qui sautent aux yeux d’un visiteur avisé.
Une unité de la Protection civile inexistante, des ressources forestières en danger du fait de la coupe des bois de chauffage par les riverains démunis de gaz, des localités sans eau près du barrage de Boussieba, des sources ruisselant des montagnes toujours inexploitées, s’ajoutent aux anomalies déjà relevées au niveau de la daïra de Aïn-Kechra, regroupant les communes de Aïn-Kechra et Oueldja Boulbalout, à 70 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya, et où vivent près de 22 000 habitants. La daïra est frontalière avec la wilaya de Jijel. Les échanges économiques sont plus rentables avec cette dernière, via El-Milia, qu’avec Skikda.ù La demande de rattachement, exprimée par les autochtones dans un passé récent, est la preuve que Skikda n’est qu’une tutelle administrative sans plus. Ouvrons une parenthèse ici pour signaler que cette situation n’est pas unique en son genre dans la wilaya. En effet, quelques communes approvisionnent les marchés et les budgets communaux des APC d’autres wilayas. On peut citer les exemples de Bekkouche- Lakhdar, limitrophe de Guelma, Ben-Azzouz et la Marsa, limitrophes d’Annaba, Oued Z’Hor, frontalière avec El- Milia. Fermons la parenthèse. La rigueur hivernale caractérise Aïn-Kechra. Malgré cela, on a construit un siège d’APC, dans la commune d’El-Oueldja Boulbalout, sans installation de chauffage. Aucun emplacement approprié n’existe. L’entrepreneur sermonné par le wali a eu cette réponse : «On m’a demandé d’ériger une construction légère (khfifa).» Le plus frappant c’est que la bâtisse est gigantesque. Le siège contraste avec l’état de la région. Il accuse un retard de livraison d’une année. L’autorisation de programme est de l’ordre de 8,5 millions de DA. Le montant alloué aux a m é n a g e m e n t s externes est estimé, quant à lui, à près de 1,6 million de DA. Seul hic, si jamais des mesures idoines ne sont pas prises, le personnel communal travaillera sans chauffage. La commune du chef-lieu a bénéficié, conformément à la carte scolaire, d’un deuxième lycée 1 000/300. Une enveloppe de 159 millions de DA lui a été dégagée dans le cadre du programme 2006. La contrainte réside dans son emplacement. Son accès est pour le moins éprouvant. Une pente impraticable, un bourbier menant à un site se trouvant hors d’une zone urbaine : c’est l’unique route que devraient emprunter les lycéens. Pour y remédier, une proposition a été formulée par le maire de Aïn-Kechra, celle de bâtir une nouvelle zone urbaine, dotée bien sûr de toutes les commodités nécessaires, sur le site de 22 ha qui relie le lycée à la localité de Boudoukha, l’une des plus grandes de la daïra, où vivent près de 4 000 habitants. Parmi les projets à inscrire dans ce contexte, une route qui aura également à désengorger la RN44. Les 40 logements sociaux, qui seront livrés incessamment, attestent également de la hâte dans laquelle ont été lancés des projets. D’un coût estimé à 216 663 893, 83 DA, ils ont été implantés dans un site entouré de plusieurs habitations. L’accès est très difficile. La situation a été accentuée par le fait que le réseau d’assainissement soit défectueux. L’évacuation des eaux usées et pluviales pose problème. Tous les responsables présents ont été unanimes : ils contestent le choix du terrain. En d’autres termes : on a mis la charrue avant les bœufs. La société civile a, par le biais de ses représentants, dans une rencontre organisée par le wali de Skikda en présence des chefs des daïras de Aïn-Kechra et d’Oum Toub, dénoncé l’absence d’une antenne postale digne de ce nom. «La ville de Aïn-Kechra, qui compte 624 martyrs, ne dispose que d’une antenne postale située dans le siège du FLN», dira l’un d’eux. Pour certains, à Oueldja Boulbalout, l’urgence est dans la réhabilitation d’une route, baptisée le triangle de la mort, qui relie quelques agglomérations au barrage de Boussieba. Selon un habitant, «depuis le revêtement du tronçon, nous avons enregistré beaucoup d’accidents. D’où notre souci pour sa réfection ». La priorité réside, selon un autre, dans la fixation des populations de la région de H’djar Mefrouche, un paradis sur terre, qui recèle des ressources forestières indéniables.
Zaid Zoheir

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