Actualit�s : DANS UN ENTRETIEN AU SOIR D�ALG�RIE, LE MINISTRE DE LA P�CHE REVIENT SUR LA R�DUCTION DU QUOTA ALG�RIEN DU THON :
�Nous pourrions aller vers des mesures extr�mes�


Le ministre de la P�che et des Ressources halieutiques annonce la possibilit� d�un retrait de la Commission internationale pour la conservation des thonid�s de l�Atlantique si cette derni�re ne r�tablit pas le quota de l�Alg�rie. Abdallah Khanafou minimise, toutefois, l�impact financier sur le Tr�sor public suite � la r�vision de la quote-part nationale de thon rouge. Selon lui, les redevances attendues ne sont que de quelques milliards de centimes. Une somme d�risoire compar�e aux centaines de millions d�euros dont ont b�n�fici� les armateurs �trangers pendant plus d�une d�cennie.
Le Soir d�Alg�rie : Monsieur le Ministre, pourquoi l�Alg�rie n��tait-elle pas repr�sent�e � la derni�re r�union de la Commission internationale pour la conservation des thonid�s de l�Atlantique qui s�est d�roul�e en novembre � Paris ?
A. Khanafou :
Comme je l�ai dit pr�c�demment, les repr�sentants alg�riens n��taient pas pr�sents car ils n�avaient pas obtenu de visa � temps. La proc�dure d�obtention avait �t� engag�e le 10 novembre. Nous disposons des documents qui attestent que le minist�re avait d�pos� les demandes, mais nous n�avons pas re�u de visa. Mais ce n�est pas pour autant que nous rejetons la responsabilit� sur l�ambassade et le consulat de France � Alger, car nous estimons que nous �tions pr�sents lors de la r�union de l�ICCAT � travers notre ambassade. Cependant, m�me si les repr�sentants du minist�re �taient pr�sents � cette r�union, nous aurions peut-�tre subi le m�me diktat que celui subi par notre repr�sentant de l�ambassade. Il s�agit d�un quota qui, en principe, ne doit pas nous �tre retir� car l�Alg�rie a toujours respect� ses engagements vis-�-vis de cette organisation. Le pr�texte invoqu� lors du partage des 418 tonnes de thon rouge entre les quatre pays n�est pas acceptable. Car, m�me si l�Alg�rie n�avait pas p�ch� sa part en 2010, nous serions rest�s dans l�esprit m�me de l�ICCAT, dont la mission est de pr�server et de prot�ger cette esp�ce menac�e d�extinction. Donc, c�est une d�cision que nous jugeons inadmissible. Cette d�cision de partage n�aurait jamais due �tre prise. Elle a �t� impos�e par ceux que nous consid�rons comme �tant des pays amis. Maintenant, nous avons introduit un recours. Si nous n�obtenons pas gain de cause, personne ne peut nous imposer quoi que ce soit. Nous pourrions aller vers des mesures extr�mes.
Quel type de mesures extr�mes ?

Nous exigerons d�abord le respect des r�solutions de l�ICCAT. Dans le d�cret portant ratification de la convention de l�ICCAT, il existe une clause qui pr�cise que l�Alg�rie a la possibilit� de ne pas appliquer une disposition de l�ICCAT si elle l�estime n�cessaire. Et nous pouvons m�me envisager le retrait de cette organisation jusqu�� ce qu�on nous respecte. Nous n�avons commis aucune infraction et il n�y a pas de raison que l�on soit amput� de cette quantit�.
Mais il semble que l�Alg�rie �tait �galement absente lors de la r�union de l�ICCAT qui s�est tenue � Rio de Janeiro en 2009�
Je ne sais pas qui v�hicule de telles informations. Je peux vous dire que nos deux repr�sentants �taient pr�sents lors de cette r�union. Nous n�avons �t� repr�sent�s ni par la Tunisie ni par aucun autre pays. Ce sont nos repr�sentants qui y ont assist�.
A combien estimez-vous les pertes financi�res suite � la r�vision du quota de l�Alg�rie ?
On ne peut pas dire qu�il y a eu perte. Le quota reste un quota. La question qui se pose est de savoir si nous avons la possibilit� de le p�cher ? L�ann�e derni�re, nous n�avions pas p�ch� notre quota pour la simple raison que personne ne s�est pr�sent� pour demander � participer � cette campagne. Depuis 2010, l�ICCAT a introduit un nouveau dispositif car l�organisation s�est rendu compte que des individus s�adonnaient � des trafics. Ils ont donc mis des garde-fous. Il a �t� d�cid� d�imposer un observateur du minist�re sur chaque navire, un repr�sentant des douanes et un repr�sentant de l�ICCAT. A notre niveau, nous avons institu� une commission constitu�e des gardes-c�tes, du minist�re des Transports et de nos services. Elle est charg�e d�examiner les demandes d�autorisations pour la campagne. En 2010, personne ne s�est pr�sent�.
Pourtant, il existe des documents attestant qu�un op�rateur alg�rien, l�armateur Boudemagh en l�occurrence, a formul� une demande pour participer � cette campagne�
Cette histoire de Boudemagh revient � chaque fois. Boudemagh figure parmi les gens qui ont eu des d�m�l�s avec la justice en 2009. L�affaire suit son cours. Je pose la question suivante : lorsque la douane appr�hende un individu et que celui-ci est poursuivi pour contrebande, ce m�me individu peut-il disposer du v�hicule avec lequel il a commis cet acte ? Cet op�rateur n�a pas particip� � la campagne car la justice n�a pas encore prononc� de d�cision d�finitive. Le procureur et la douane ont fait appel. Mais personnellement, je souhaiterais que Boudemagh participe � la prochaine campagne car nous avons un d�ficit �norme en termes de navires de p�che. Les autres navires de Tenes, appartenant � un autre armateur �galement en justice, je souhaiterais qu�ils participent. Moi, mon souci, c�est d�avoir le maximum d�armateurs. Donc, il n�y a aucun harc�lement de la part du minist�re concernant ces personnes.
Pour revenir aux pertes financi�res pour la campagne prochaine, � combien les estimez-vous ?

Je ne peux pas vous dire le chiffre exact. Mais je me demande pourquoi il y a autant de bruit autour de cette affaire, car il faut savoir que le seul impact positif est en faveur de ceux qui vont participer � cette campagne. C�est un produit qui va �tre vendu sur les march�s internationaux. Le g�teau va �tre partag� par ceux qui vont p�cher le thon. Pour notre part, il est �vident qu�aucun Alg�rien ne consomme de thon rouge cru et nos unit�s de transformation ne sont pas en mesure de prendre en charge ce produit. Donc pour le Tr�sor public, il n�y aura que quelques taxes qui seront per�ues.
Mais l�op�rateur alg�rien est tenu de rapatrier le fruit de la vente de sa p�che, donc une partie revient au Tr�sor public sous forme de devises�
Non, la partie qui revient au Tr�sor public ne fait pas suite � la transaction. L�op�rateur est juste tenu de payer la redevance fix�e par la loi de finances en fonction du quota qu�il a p�ch�. Le transfert des fonds le concerne. L�argent revient � l�op�rateur. Pour ce qui est de la redevance, les sommes attendues cette ann�e ne d�passent pas les 7 milliards de centimes. Est-ce que cette somme m�rite tout le tapage fait autour de cette affaire ?
Mais comment expliquez-vous que durant des ann�es, les principaux b�n�ficiaires du quota de thon rouge qui revenait � l�Alg�rie �taient les Turcs et les Japonais ?

Il n�y avait pas que les Turcs et les Japonais, les Grecs ont aussi particip�
Oui, mais �a reste des �trangers�
La raison est que nous n�avions pas d�armateurs pour p�cher le thon rouge. Dans le cadre du plan de relance, l�Etat a d�cid� d�accorder des aides � hauteur de 60% du prix du thonier afin de pouvoir constituer une flottille. L�objectif �tant de prendre en charge notre quota national de thon. Nous devions commencer � p�cher nous-m�mes ce quota en 2007. Mais nous avons introduit un recours au niveau de l�ICCAT pour obtenir un d�lai suppl�mentaire pour constituer notre flottille. L�ICCAT a donc accept� que nous continuions d�accorder notre quota � des armateurs �trangers. En 2007, nous �tions � 80% de participation �trang�re pour aboutir � aucune intervention en 2010. Les op�rateurs qui ont obtenu des subventions pour acqu�rir des navires ne les ont pas �quip�s de mat�riel ad�quat, les senneurs. En 2010, nous nous sommes retrouv�s avec un quota que nous ne pouvions pas p�cher. Je dirais m�me plus, en 2008, le minist�re a demand� aux armateurs �trangers d�assister les op�rateurs alg�riens dans le but de les former. Cette op�ration avait �t� supervis�e par la Chambre alg�rienne de la P�che et de l�aquaculture (Capa). La campagne a bien eu lieu. Mais en 2009, tout le monde sait ce qui est arriv�. Ils avaient peut-�tre profit� de la campagne de 2008 non pas pour apprendre mais tisser des liens afin d�entrer dans des magouilles que tout le monde conna�t. Ils sont maintenant au niveau de la justice. Ils n��taient pas partis p�cher, ils sont all�s n�gocier des affaires. Les �trangers n�avaient besoin que d�un document pour prouver leurs p�ches. Et ils savaient que les Alg�riens pouvaient les leur procurer.
Mais les repr�sentants de l�administration �taient cens�s �tre pr�sents � bord pour tout contr�ler ?

Non, en 2009 il n�y avait pas ce dispositif. A l��poque, ils devaient entrer aux ports pour d�clarer les quantit�s p�ch�es. Nul n�est cens� ignorer la loi. On ne peut rien exporter sans un droit de regard de la douane. Une s�rie d�infractions a donc �t� commise. Est-ce que l�Etat est fautif ?
Mais lors de la campagne de 2008, organis�e par le minist�re et la Capa, les armateurs �trangers avaient b�n�fici� de prix de cession tr�s bas par rapport au prix r�el du thon sur le march� international�

La Capa n�avait pas les moyens de contr�ler. Nous l�avions fait b�n�ficier pour qu�elle puisse b�n�ficier d�entr�es financi�res. Mais personne ne peut vous dire si nos armateurs avaient r�ellement p�ch�. Ce qui s�est pass� �tait entre eux. Sauf que la proc�dure a �t� respect�e. Les gens sont venus et ont montr� les quantit�s p�ch�es. Tout a �t� d�clar� puis export�. Mais aujourd�hui, il est impossible de dire qui avait pris ces thons. Et je suis en droit de douter, vu ce qui s�est pass� en 2009.
Aujourd�hui, vous h�ritez d�une situation tr�s compliqu�e car le dossier du thon rouge a d�but� bien avant votre arriv�e � ce minist�re.
Oui, je sais que c�est une affaire qui ne date pas d�aujourd�hui. Mais ce n�est pas une raison pour dire que c�est un h�ritage. Je suis l�, j�ai fait le constat de ce qui s�est pass� auparavant. Ce que je viens de dire est la r�alit� des choses. On doit g�rer le dossier du thon � sa juste valeur. Je viens de situer les failles. Nous cherchons des solutions. Nous voulons corriger les choses. Ceux qui ont acquis des thoniers gr�ce aux subventions de l�Etat devront rembourser le Tr�sor public s�ils ne mettent pas � niveau leurs embarcations. Pour ce qui est de l�ICCAT, nous r�glerons le probl�me car il n�y a aucune raison que l�on nous retire une partie de notre quota. Malgr� nos insuffisances, nous n�avons port� pr�judice � aucun des membres de l�organisation. Au contraire, nous respectons l�esprit que d�fendent certaines ONG et m�me l�ICCAT.
T. H.

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