Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Propédeutique du courage ordinaire


Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr

Dimanche 12 décembre : On tourne !
Vu Nous sommes revenues, un film du chanteur Younès Boudaoud. C’est une œuvre libre, au rythme télescopé, où les personnages de la mythologie berbère mais aussi de l’histoire se retrouvent défiant les lois de la chronologie.
Partant d’un fait divers relatant l’agression d’un jeune tabassé pour avoir été témoin d’un crime crapuleux, le réalisateur nous balade dans l’histoire de l’Algérie depuis les origines. On rencontre Fadhma N’sumer, Tin Hinan, Dihya mais aussi le maréchal Randon à qui apparaît Jeanne d’Arc. Ce déluge d’images, empreint de poésie et de pugnacité, a de surcroît l’intelligence de montrer clairement que l’histoire des Berbères est marquée par la résistance et que les femmes y ont joué le rôle principal. Younès Boudaoud lui-même souligne que ce film est un hommage aux femmes. Mais le plus extraordinaire à propos de ce film, c'est le fait qu’il existe, car pour le réaliser, il a fallu surmonter tous les obstacles possibles et imaginables. C’était compter sans la volonté farouche de Younès Boudaoud. Il n’était pas réalisateur professionnel et n’avait pas un traître centime au commencement du projet. D’ailleurs, par la suite, il ne bénéficiera pas davantage d'un quelconque soutien financier, qu'il soit Algérien ou Français. Ceci augmente d’autant son mérite d’avoir réalisé un film avec des cascades dignes du cinéma hollywoodien. C’est bien la première fois que je vois ça dans un film de chez nous. Bravo, Younès, et bon vent ! «C’est bien plus souvent dans les petites choses que dans les grandes que l’on connaît les gens courageux», Baldassare Castiglione.
Lundi 13 : La bravoure de dire !
Reçu d’un lecteur ce message suite à ma note la semaine dernière sur Mohamed Gharbi. Il écrit ceci : «Tout ça était prévisible, le rusé et roublard «graciateur» savait que la condamnation du Patriote et héros Gharbi allait soulever une levée de boucliers. Il n’attendait que ce moment pour intervenir et paraître comme le sauveur et accaparer le beau rôle. Si je suis heureux pour M. Gharbi et sa famille, je suis déçu que cette infamie soit gommée du passif de ceux qui sont responsables de cette condamnation et de sa possibilité.» Dont acte. Parfaitement d’accord avec cette formulation ! «Le faux courage attend les grandes occasions. Le courage véritable consiste chaque jour à vaincre les petits ennemis», Paul Nizan.
Mardi 14 : Encore les «redresseurs» !
«Les «redresseurs» structurent les wilayas», nous disent les canards. Les «redresseurs de torts» du FLN continuent à se croire en novembre 1954 et à aller à l’assaut de l’ennemi. Sauf qu’à l’époque, il en fallait du courage et de la volonté et qu’au bout, on savait ce qu’il y avait : le sacrifice. Tandis qu’aujourd’hui… Mais enfin, c’est amusant ! C’est le feuilleton de cet hiver pourri. On suit l’action de Belkhadem dans le rôle du vizir déchu ou en passe de l’être et celui des spadassins qui veulent sa peau. On se délecte aussi des sous-titres tels que les propos de je ne sais qui, disant qu’il n’y avait aucun conflit au FLN , et de je ne sais plus qui aussi, affirmant, lui, que le président de la République n’est avec aucun des belligérants. Que la deuxième affirmation contredise la première, n’est pas un problème pour nos spécialistes du «plus, c’est gros, mieux ça passe» ! «Sans aller jusqu'à l’extrémité du courage, être fidèle suffit à accomplir son devoir jusqu’au bout», Li Ling.
Mercredi 15 : Délinquants au FLN !
Lu dans El Watan cette réponse de Mohamed Seghir Kara, porte-parole des «redresseurs», à propos de Belkhadem. «Question : Vous dites que Belkhadem tente de donner une orientation idéologique «nouvelle » au FLN. Quelle est cette idéologie ? Réponse : Le pouvoir de l’argent. Vous n’avez qu’à voir les dépenses actuelles du FLN pour tout comprendre. L’actuel SG s’est entouré de fraudeurs, de commerçants qui traînent des milliards d’impayés aux impôts, des repris de justice et autres délinquants financiers. Il a fait en sorte d’écarter tous les vrais militants du FLN et de les remplacer, sans passer bien évidemment par le vote. Ce qui est à notre sens une grave dérive qu’il faudrait corriger avant qu’il ne soit trop tard.» Et vlan ! «Le courage n’est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes», Voltaire.
Jeudi 16 : Langue au chat !

Larbi Ould Khelifa, président du Conseil supérieur de la langue arabe, hasarde une hypothèse quelque peu bancale en disant «L’arabe est une langue qui unit les Algériens. La région des Zouaoua, appelée actuellement la Kabylie, a beaucoup contribué au développement de la langue arabe.» D’abord, ce n’est pas vrai. La langue arabe n’a pas uni les Algériens. C’est plutôt le contraire qui saute aux oreilles, sauf à ressortir le refrain incantatoire : «Nous sommes tous des frères.» En plus, je ne sais pas où il a dégoté que la Kabylie se serait un jour appelée la région des Zouaoua. Il lui aurait suffi de relire Ibn Khaldoun, qui écrivait en arabe à ce que je sache, pour comprendre que Zouaoua vient du mot Agawa qui désigne les Kabyles des hauteurs du Djurdjura. Les Kabyles des Babors et des Bibans, certainement aussi nombreux, sont exclus par cette désignation. «L’animal même sauvage, quand on le tient enfermé, oublie son courage», Tacite.
Vendredi 17 : Amrouche !
«Je suis le pont, l’arche qui fait communiquer deux mondes mais sur lequel on marche et que l’on piétine, que l’on foule. Je le resterai jusqu’à la fin des fins. C’est mon destin.» Ces mots sont de Jean Amrouche, «écrivain et patriote», comme l’ont souligné les jeunes d’Ighil-Ali qui ont apposé une plaque sur l’école primaire qu’il a fréquentée. On prépare un colloque sur lui. C’est pour demain samedi. «Je ne puis qu’admirer le courage de celui qui méprise la vie», André Gide.
A. M.

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