Culture : 4e ÉDITION DU FIFAO : SECTION LONG MÉTRAGE : LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE, DE HASSAN BENJELLOUN
Un thème récurrent mais toujours aussi émouvant


Les Oubliés de l’histoire, de Hassan Benjelloun (Maroc), projeté ce samedi à la salle de cinéma Maghreb, dans le cadre du FIFAO, et qui figure parmi les longs métrages qui concourent pour l’Ahaggar d’or, est un film touchant et émouvant. Le réalisateur y traite le problème de l’émigration clandestine des Marocains, ainsi que de la prostitution.
Le voyage auquel est convié le spectateur commence par l’histoire de la jeune Yamna, paysanne du Moyen-Atlas, qui perd sa virginité après s’être roulée dans l'herbe fraîche avec Azouz, le jeune berger, son amoureux. Son mauvais pressentiment ne la trompe pas et Azouz lui apprend qu’il part pour l'Europe, en promettant de revenir vite demander sa main à son père. Après plus de six mois d’absence, Azouz n’a toujours pas contacté Yamina qui le savait en Belgique. Entretemps, son père la marie à un marchand du village. Lors de la nuit de ses noces, son mari découvrant qu’elle n’était pas vierge la répudie et elle fut contrainte de fuir à Fès. Après avoir confié son triste sort à un chauffeur de camion l’ayant prise en stop, ce dernier parvient à la «vendre» avec son consentement à des passeurs, lui faisant croire qu’elle ferait partie d’une troupe de danseurs en partance pour la Belgique. Yamna accepte : la Belgique, c'est là que se trouve Azouz... Une fois le personnage de Yamna arrivé en Belgique, Hassan, Benjelloun, nous raconte l'histoire émouvante des sans-papiers et de leurs souffrances et conditions de vie et de travail, il aborde également les réseaux de prostitution forcée. Un condensé de détails qui, parfois, submerge le téléspectateur qui perd presque le fil des évènements. A travers ce long métrage, le réalisateur a voulu donner une vision globale sur l’émigration légale et illégale en mettant en scène la fameuse et tristement célèbre harga avec la traversée périlleuse de la mer. Un thème récurrent traité de plus en plus par les cinéastes ces dernières années, mais Hassan Benjelloun a cette particularité de l’avoir fait en se concentrant sur l’aspect cruel et la souffrance psychologique, car il dépeint les personnes tous comme étant des victimes, conscientes, certes, mais impuissantes face à un sort qui semble scellé pour la plupart. Le film donne une nette impression qu’il s’agit d’un documentaire sur l’émigration clandestine et légale et sur les réseaux de prostitution qui transitent par le Maroc vers les pays d’Europe. Le choix de la Belgique ne veut en aucun cas dire que dans ce pays, il y a une prédominance de ces thèmes traités, une précision que donnera le réalisateur durant le débat qui a suivi la projection du film. «Nous avons réalisé des enquêtes à travers plusieurs pays, notamment la Belgique, la Suisse, la France, l’Italie, afin de mieux nous informer sur les sujets que nous allions aborder dans notre film. Le choix s’est porté sur la Belgique car c’est tout simplement la capitale de l’Europe», dira Hassen Benjelloun. Bien qu’elle soit déjà traitée dans d’autres réalisations cinématographiques, l’émigration clandestine ou légale avec ses conditions inhumaines (prostitution forcée, exploitation, racisme, maltraitance, drogue) Hassan Benjelloun, qui a écrit et réalisé Les Oubliés de l’histoire, tente d’une manière globale mi pudique mi crue, de dire, une fois encore, car d’autres l’on déjà dit, que l’Europe est loin d’être ce paradis dont rêvent tant de jeunes désabusés par les apparences. Pour information, ce film a remporté le Prix du scénario et le Prix du meilleur rôle masculin pour Amine Ennaji (dans le rôle d’Azouz) au Festival national du film de Tanger en 2009.
Amel B.

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