Société : Les «deuxièmes boulots» pour arrondir les fins de mois

Tout le monde cherche à arrondir ses fins de mois. Avec la cherté de la vie et les faibles revenus, qui ne voudrait pas gagner un peu plus d'argent pour pouvoir joindre les deux bouts ? Souvent, on pense que pour arrondir ses fins de mois, il faut trouver un deuxième travail, faire des heures supplémentaires, mais le plus courant en Algérie était le recours au prêt sur gage.
Cette solution ne semble plus aussi efficace, car avant on pouvait récupérer ses bijoux après remboursement, mais aujourd’hui le citoyen parvient difficilement à rembourser. Dès lors, l’on a compris qu’il faudrait plutôt penser à des entrées supplémentaires, un deuxième boulot ou bien une autre forme de gagner davantage d’argent en parallèle à son salaire pour boucler des fins de mois difficiles. Concurrencer les chauffeurs clandestins n’est pas une nouveauté, même si ces derniers se plaignent de plus en plus de ces fonctionnaires qui se joignent à eux après leurs heures de travail et leur «piquent» des clients. Face à la crise économique, nombreux sont ceux en quête de solutions pour gagner plus d’argent, outre leur salaire. Hommes ou femmes, sans distinction, chacun y va de ses contacts, de ses possibilités à la recherche d’un autre gagne-pain. Installateur de paraboles et de climatiseurs après ses heures de travail et surtout durant les weekends, Miloud (35 ans) est informaticien dans une entreprise publique. «Je perçois un salaire mensuel d’à peu près 21 000 DA, je suis marié avec un enfant et je loue un F2 à 8 500 DA. Que voulez- vous que je fasse avec les 12 500 DA qui me restent ? Impossible de boucler le mois avec tous les frais et les charges à payer.» «L’installation des paraboles n’est plus aussi lucrative, c’est devenu chose facile, en plus, qui de nos jours n’en a pas ? Je gagne davantage en installant des climatiseurs, cela peut aller de 2 000 jusqu’à 3 000 DA. L’hiver je chôme, alors je travaille comme réparateur de téléviseurs chez un ami.» Confection de gâteaux et habilleuse de mariée, c’est le choix de Nadia (45 ans), enseignante, et de Farida (38 ans), employée dans une pharmacie. Pour la première, la confection des gâteaux traditionnels a toujours été sa spécialité depuis son plus jeune âge. Ses commandes peuvent atteindre les 7 000 DA pour les 100 unités de gâteaux qu’elle prépare pour les fêtes et autres circonstances. Quant à Farida, elle ne pensait jamais être un jour habilleuse de mariée. «Ça a commencé un soir lors d’un mariage où j’étais invitée. Alors que je me plaignais à ma tante des fins de mois difficiles, celle-ci me conseillait de trouver un autre travail et pourquoi pas d’aider son amie dont le métier consistait à habiller les mariées. Cette amie avait besoin d’une assistante et c’est ainsi que j’ai commencé ce second travail, qui me rapporte entre 3 000 et 6 000 DA en une soirée.» Nora (28 ans), quant à elle, travaille dans un laboratoire d’analyses privé. Après le laboratoire, elle se rend chez des particuliers pour leur effectuer des injections et parfois elle fait même des prélèvements sanguins à domicile. Après analyses au laboratoire, elle remet les résultats à la personne qui ne peut pas ou ne veut pas se déplacer. Un travail qui lui rapporte entre 100 et 1 500 DA, selon les moyens et la générosité du patient. Tous les moyens sont bons pour mettre du beurre dans ses épinards, cela va de la vente de vêtements et de portables au souk, à la vente de bijoux et de vêtements traditionnels à domicile, au ménage, au soutien scolaire, ou encore à la récupération des vieux objets ou autres électroménagers usagers pour les revendre ensuite au marché de la Ville-Nouvelle. Fait récent, de plus en plus de citoyens ont recours à la location d’une pièce de leur habitation, principalement à des couples. Une tendance de plus en plus répandue, essentiellement au niveau des quartiers populaires, et le loyer est souvent raisonnable, ce qui arrange les affaires des uns et des autres, le propriétaire trouvant plus facilement des clients et ces derniers louant selon leurs moyens. A Sid-El-Houari, El-Hamri, Eckmühl, Saint-Pierre et bien d’autres quartiers, des propriétaires de maison louent une pièce avec des toilettes communes et ce ne sont pas les locataires qui manquent. Concernant le loyer, il n'y a pas de règle, c'est une question d'accord entre le locataire et le propriétaire, les tarifs varient entre 3 000 et 6 000 DA. A défaut de pouvoir arrondir ses fins de mois en gagnant plus d'argent, une bonne majorité de citoyens essaye de limiter les dépenses et de contrôler les charges. Une tentative difficile, car ils sont vite rattrapés par la réalité de la vie et se tournent inévitablement vers le prêt.
Amel B.

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