Corruptions : UN ÉTAT BUREAUCRATIQUE ET POLICIER DEVENU LE PRÉDATEUR DE SA PROPRE NATION
La Russie impuissante face au cancer de la corruption


Corruption, détournements de fonds, racket, arrestations illégales, voire meurtres. Les crimes commis en Russie, en toute impunité, par des fonctionnaires mafieux qui semblent phagocyter l'Etat chaque jour davantage pourraient ne préoccuper que la population et les seuls entrepreneurs, locaux ou étrangers, menacés de voir confisquer à tout moment le fruit de leur travail.
Mais la criminalisation d'un Etat bureaucratique et policier devenu le prédateur de sa propre nation peut affecter aussi ses relations avec des pays occidentaux pourtant enclins à une certaine indulgence envers le principal exportateur mondial d'hydrocarbures.
Des officiels corrompus mènent le pays
Apparemment, le président russe, Dimitri Medvedev, est conscient du problème que représente la criminalité des «hommes à épaulettes», «principale menace pour la sécurité nationale», lui qui reconnaissait candidement il y a un an que «des officiels corrompus mènent le pays. Ce sont eux qui ont le vrai pouvoir. La corruption est de nature systémique, avec de profondes racines historiques». Lors de son entrée en fonction, en mai 2008, le président avait présenté un programme limpide visant à lutter contre la corruption, faire «respecter véritablement la loi et surmonter le nihilisme juridique qui entrave gravement le développement du pays», voulant faire croire à l’opinion publique sa volonté de nettoyer les écuries d’Augias. Si le dynamisme de la Russie, où sont lancés régulièrement de nouveaux chantiers, peut paraître indéniable, toutefois le courage commence à manquer chez les entrepreneurs devant les atteintes au droit de propriété. Les flux d'investissements étrangers ont chuté l'an dernier au quart du niveau atteint avant la crise mondiale, à 15,9 milliards de dollars, un niveau décevant pour la 10e économie de la planète. Aujourd'hui, l'engagement de Dimitri Medvedev contre le «nihilisme légal» sonne de plus en plus creux. Il ne peut se targuer que de la mise en place d'un Conseil national anticorruption et d'un projet de loi obligeant les proches des hauts fonctionnaires à divulguer leur patrimoine – projet d'ailleurs revu à la baisse par le ministère des Finances.
Est-ce que ce pays peut se doter d'un Etat de droit ?

Ceux qui dénoncent la corruption risquent leur vie : 6 journalistes ont ainsi été tués depuis le début de l'année et aucun de leurs meurtriers n'a été retrouvé. Le dernier tabassage en date visait un collaborateur d’un quotidien économique au demeurant courtois avec le régime mais «coupable» d'avoir enquêté sur un chantier controversé d'autoroute. Le fait qu'il ait été attaqué devant des caméras de surveillance à dix minutes à pied du Kremlin – siège de la présidence russe – révèle le sentiment d'impunité de ses agresseurs, voire sonne comme un défi à Dimitri Medvedev. La question qui se pose désormais aux Russes comme à leurs partenaires étrangers est de savoir simplement si ce pays peut se doter d'un Etat de droit. On peut en outre se demander si le président russe n'est pas finalement qu'un leurre, chargé de conserver la place au chaud pour son «Premier ministre» Vladimir Poutine jusqu'à l'élection présidentielle dans dix-huit mois. Pour rappel, ce dernier avait fait deux mandats comme chef de l’Etat et n’avait pas osé modifier la Constitution russe pour rempiler sans discontinuité.
LSC

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