Actualités : LE PROJET DE LOI SUR LE CINÉMA EST ADOPTÉ PAR L’APN
La censure élargie aux ambassades


Trente-quatre amendements étant introduits sur la première mouture présentée par le ministre de la Culture, Khalida Toumi, les députés l’ont voté à l’unanimité, à quelques voix discordantes près. Or, les représentants du peuple n’avaient que consacré la censure et ont même élargi son champ d’application aux «représentations diplomatiques» accréditées en Algérie, espace plutôt protégé par l’immunité diplomatique.
Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – Hier, à l’issue la plénière consacrée au projet de loi sur le cinéma, Mme Toumi, elle, n’a pas en tout cas manqué d’inspiration pour couvrir d’éloges les membres de la chambre basse du Parlement. «Je remercie du fond du cœur, et au nom de tous les cinéphiles, tous ceux qui ont participé à l’élaboration de ce texte, positivement enrichi par les députés. Je suis heureuse aujourd’hui et fière de mon pays. C’est un virage dans l’histoire du cinéma en Algérie et de l’industrie culturelle en général. Le texte révolutionnera certainement le secteur, régi jusqu’ici par une ordonnance datant de 1968, devenue pour le moins caduque», se félicitera-t-elle. Elle mettra en valeur deux dispositions de ce texte, les plus «magnifiques », selon ses termes, à savoir confier la réhabilitation et l’exploitation des salles de projection inexploitées au ministère de la Culture et surtout le financement de la production cinématographique par une taxe. Une taxe qui reste à déterminer, chaque année, par les lois de finances. Pour le premier volet (article 20 bis), il convient de préciser que la récupération, la réhabilitation et la gestion des salles de cinéma inexploitées, patrimoine détenu jusqu’ici par les collectivités locales, feront l’objet d’un texte réglementaire qui en déterminera les modalités pratiques. «L’Etat consacrera la primauté des jeunes diplômés universitaires au chômage pour la gestion de ces salles de cinéma à travers les mécanismes d’aide à la création d’entreprises. Car, la gestion d’un cinéma est une entreprise commerciale et exige des compétences spécifiques », annoncera-t-elle. Quant au financement de la production (article 24 bis 5), il est prévu un pourcentage sur les «recettes publicitaires» devant alimenter le Fonds de développement de l’art cinématographique. Notons que les députés ont ajouté à la batterie d’autorisation préalable que prévoit le texte de loi en question, une autre disposition qui soumet la projection des films à l’intérieur des centres culturels étrangers et aussi les représentations diplomatiques à l’autorisation du ministre de la Culture. «Les représentations diplomatiques accréditées en Algérie, les centres culturels étrangers et les organisations internationales peuvent projeter des films au public à condition de disposer d’une autorisation que délivre le ministre en charge de la culture, et ce, dans le cadre des conventions internationales ratifiées par l’Algérie», prévoit l’article 19. Ainsi, le texte fut critiqué, y compris par le président même de la commission de la culture qui, en reprenant la parole après le vote du texte, a jugé que ce texte «ne promeut pas la création car il ne répond pas aux principes de la liberté d’expression qu’exige le développement de cet art». Une réaction ayant suscité un brouhaha dans la plénière et poussé le président de l’Assemblée à la réplique : «Laissez-le continuer, vous avez accepté à ce que la présidence de la commission échoie à l’opposition et vous n’avez pas à vous plaindre.»
L. H.

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