Actualités : SECOND JOUR D’ÉMEUTES
Gros dégâts à Boumerdès


Vendredi après-midi, pour la seconde journée consécutive, les émeutes ont repris pour toucher toutes les localités de la wilaya de Boumerdès. En effet, à l’exception de la ville de Dellys qui est restée calme, nous signalaient des citoyens de cette agglomération située à 70 kilomètres à l’est de Boumerdès, des émeutes ont éclaté partout.
C’est à Bordj-Ménaïel, les Issers et le chef-lieu de la wilaya de Boumerdès que les manifestants ont été le plus virulents. Dans la ville de Bordj-Ménaïel, manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés en plusieurs endroits de l’agglomération. Par contre, les manifestants de la ville de Boumerdès se sont fixés en un seul endroit : le quartier populaire des Coopératives, pour s’attaquer aux forces de l’ordre. Dans la ville de Thénia, les jeunes ont manifesté, pour la première fois, leur colère. Ce qui a eu pour effet une nuit agitée en ville et des échauffourées entre policiers et manifestants. De leur côté, les jeunes d’Aït Amrane ont fermé la RN5 (Alger-Constantine) en signe de ralliement aux manifestations populaires contre le pouvoir en place. Aux Issers, des délinquants se sont incrustés en l’absence momentanée des autorités pour commettre des pillages. Les jeunes de Laâziv ont, de leur côté, fermé la RN12 (Thénia/Tizi-Ouzou) et brûlé des pneus en ville. On nous signale l’arrestation d’un jeune manifestant.
SACCAGES
Les manifestations de jeudi et vendredi ont malheureusement occasionné beaucoup de dégâts matériels. A Boumerdès, l’école primaire a été la poste de la cité 800-logements ont été saccagées. Dans le même quartier, les émeutiers s’en sont pris au siège de la douane pour incendier deux véhicules. A Bordj-Ménaïel, le siège du nouveau tribunal et l’agence locale de la Cnep ont été attaqués. D’importants dégâts sont déplorés. L’ancien tribunal de Bordj- Ménaïel utilisé pour le dépôt d’archives a été aussi visité par les émeutiers qui ont éparpillé les documents des justiciables. Le même sort a été réservé au siège local des services des Impôts. De Boudouaou, on nous signale le saccage de la poste. D’autres dégâts sont déplorés par des citoyens mais nous n’avons pas encore la possibilité de vérifier la véracité de ces accusations. De leur côté, les autorités restent complètement muettes.
REPRISE DES AFFRONTEMENTS
Hier à la mi-journée, les manifestations ont repris à Bordj-Ménaïel. Les commerçants qui ont ouvert leurs magasins dans la matinée ont subitement baissé rideau. La journée risque d’être longue et violente. Dans la commune d’Ammal, localité à l’Ouest des gorges de Palestro, les jeunes ont fermé la RN5. Les gendarmes de Souk- El-Had demandaient aux automobilistes de faire demi-tour sinon d’emprunter, pour ceux qui voyagent vers l’Est du pays, la RN 68 pour rejoindre Kadiria dans la wilaya de Boumerdès. Une route qui n’est, néanmoins, pas sûre à 100%. Au niveau de la commune de Laâziv, des manifestants se sont scindés en deux avant d’affronter les policiers antiémeutes. La RN12 a été fermée par les manifestants.
Abachi L.

LAÂZIV
Le siège du FFS incendié

Les manifestants de la ville de Laâziv, à l’extrême Est de la wilaya de Boumerdès, ont déversé leur colère, ce vendredi, sur une bâtisse isolée qui sert de siège au Front des forces socialistes (FFS). Les manifestants ont éparpillé les documents du parti avant de mettre le feu au local. A noter que c’est une majorité issue de ce parti qui gère la commune en question.
A. L.

LES ISSERS
Le dépôt de Cevital pillé

Vendredi après-midi, les émeutiers de la ville des Issers, dans le centre de la wilaya de Boumerdès, se sont attaqués au dépôt de marchandises de Cevital, propriété de la famille Rebrab. Selon les témoignages de citoyens de cette localité, des individus habitant à la périphérie Est de la ville ont attaqué ce dépôt implanté sur le CW 151 reliant les Issers et Timezrit, à une cinquantaine de mètres d’une caserne militaire. Les pilleurs ont pris des marchandises stockées dans ce hangar. Il est question de micro-ordinateurs, de téléviseurs à écran plasma, de climatiseurs, de réfrigérateurs et autres articles d’électroménager. D’autres personnes ont, par la suite, pris le relais, pour s’emparer de ce que les premiers avaient laissé. «Durant toute la journée de vendredi, des pilleurs chargeaient par camions de pilleurs de sable des produits alimentaires, de ballots de vêtements de valeur notamment des chaussures et vestes en cuir», affirme un témoin, qui s’étonne de l’absence des forces de l’ordre. Notre interlocuteur pense que la valeur des marchandises volées dépasse les dix milliards de centimes.
A. L.

Les représentants du peuple désertent le terrain

A l’exception des P/APC, ils sont inconnus par leurs administrés. Les représentants du peuple auprès d’institutions délibérantes locales, régionales et nationales ont complètement déserté ces derniers jours le terrain. Ils ratent ainsi une occasion de se doter d’une légitimité et d’une crédibilité que donne leur présence sur le terrain auprès de ceux qui souffrent. Cette absence ne date, malheureusement, pas d’aujourd’hui. Normalement, c’est en ces moments difficiles pour les populations que les élus doivent être auprès des manifestants qui pourraient être victimes d’abus. Aux sénateurs et autres députés, la loi offre la sécurité (immunité parlementaire) et le pouvoir de suivre les événements et de visiter éventuellement dans les commissariats et les brigades de Gendarmerie nationale les manifestants appréhendés. De même que ce travail incombe également aux élus des APC et de l’APW. Par le passé, des élus de l’APW ont usé des prérogatives que leur offrait leur mandat pour intervenir auprès des autorités sécuritaires et faire libérer les manifestants et s’enquérir de leur situation. Les représentants du peuple ont, en effet, le droit et le devoir de suivre les manifestations pour prévenir tout dérapage, et notamment s’enquérir de la prise en charge des blessés dans les établissements hospitaliers aussi bien des manifestants que des agents de l’ordre. Ils sont indifféremment les représentants des uns et les autres. Trois jours après le début des affrontements, ces élus, dont certains sont grassement payés par le Trésor public, restent malheureusement invisibles, laissant leurs jeunes électeurs seuls face à la répression. Ils ratent ainsi l’occasion de se donner une légitimité qu’ils n’ont pas acquise par les urnes — les dernières élections étant suspectées de fraude et de distribution de quotas aux alliés du pouvoir. Fort heureusement, et jusqu’à présent, les forces de l’ordre requises se limitent, selon nos informations, à leur travail de maintien de l’ordre. Cependant, même si des jeunes pourraient bien formuler des accusations quant à des provocations et des arrestations abusives, cela reste tout de même limité. C’est le cas dans la ville des Issers, où un citoyen nous a certifié que des jeunes sont arrêtés sans distinction. Nous n’avons pu corroborer ses témoignages. D’autres sources nous ont, cependant, affirmé qu’aucune arrestation n’a été opérée dans la wilaya de Boumerdès. Ces mêmes sources déplorent, par ailleurs, que les jeunes surpris en flagrant délit de pillage aient été relâchés.
A. L.

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