Actualités : APRÈS LE SACCAGE DE LEURS MAGASINS
Les grossistes menacent de débrayer


Les grossistes en produits de large consommation vont entamer un mouvement de grève à partir d’aujourd’hui. C’est ce qu’ont déclaré, hier, les commerçants installés au niveau de Jolie-Vue, à Kouba (Alger). A l’origine de cette protestation, le saccage de leurs magasins par les émeutiers. Ces commerçants s’en lavent les mains quant à la flambée des prix des produits de base. Ce sont les dernières mesures décidées par le gouvernement qui sont, selon eux, à l’origine de cette hausse.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – L’atmosphère était lourde, hier, au niveau de la rue où sont situés les magasins de gros de Jolie-Vue, à Kouba, Alger. Des magasins saccagés, d’autres fermés et leurs propriétaires en colère. Alors que ce sont les émeutiers qui sont à l’origine de leur «malheur», c’est le ministre du Commerce qui est pointé du doigt. Selon les témoignages des grossistes rencontrés, c’est «la faute du ministre» si tout le monde s’en prend à eux en leur incombant la responsabilité de la hausse des prix de première nécessité. «Le ministre du Commerce a déclaré que ce sont les grossistes qui ont augmenté leurs prix et que le gouvernement n’y ait pour rien. Suite à quoi, toute la population est remontée contre nous et les émeutiers s’en sont pris à nos magasins », dénonce un vendeur en gros de produits de base, à Jolie-Vue. Ces grossistes reconnaissent que les prix de l’huile, du sucre, du lait ou de la margarine ont connu une hausse le 15 décembre dernier. Ainsi un bidon d’huile de cinq litre Eleo est cédé à 740 DA et celui de Fleurial à 840 DA. La margarine pour feuilletage destinée aux boulangers est proposée à 150 DA le kilo. La margarine à tartiner quant à elle se vend à 245 DA le kilogramme. La boîte de lait Candia est passée à 70 DA. Quant au sucre, il est cédé à 118 DA le kilo, prix de gros. La plupart de ces produits ont enregistré une augmentation de 5 DA, précise un vendeur. Les prix des boissons commencent également à connaître une courbe ascendante. C’est le cas du jus Rouiba qui a enregistré une hausse de 5 DA. Cependant, il n’est pas question, pour ces grossistes, qu’on leur incombe la responsabilité de ces hausses. A l’origine de cette flambée, ont-ils indiqué, les nouvelles mesures décidées par le gouvernement : la facturation et le paiement par chèque, entre autres. «Auparavant, nous achetions avec une facture. Seulement, nous ne facturons pas tous les produits et nous ne payons pas les impôts à 100%. Actuellement, les unités de production nous obligent à payer par facture l’ensemble des produits achetés. Résultat : nous payons plus cher ces produits», expliquent ces grossistes. «Nous revendons sur la base des prix qu’on nous impose», ajoutent- ils. Selon eux, le ministre du Commerce se contredit. «Après avoir déclaré que ce sont les grossistes qui ont augmenté leurs prix, il se rétracte pour annoncer l’annulation des nouvelles mesures en vue de baisser les prix.» C’est là la preuve, estiment les grossistes, que ce sont bel et bien ces nouvelles mesures qui ont conduit à la situation de crise que nous vivons aujourd’hui. A Jolie- Vue, certains grossistes ont dû mobiliser tous les membres de leurs familles pour protéger leurs commerces. D’autres, refusant de prendre le risque de voir leurs magasins saccagés, ont carrément décidé de ne pas ouvrir. Suite aux accusations du gouvernement les incriminant de la présente hausse des prix, les grossistes ont décidé de protester à leur tour en baissant rideau à compter d’aujourd’hui. «Nous resterons en grève jusqu'à ce que le gouvernement décide de payer les dégâts causés par les émeutiers», ont-ils déclaré. A noter qu’un même mouvement de grève a été déjà déclenché, hier, parmi les commerçants de Semmar et Bab Ezzouar.
S. A.

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