Culture : BOUIRA
Assegas amegaz !


La maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira, plusieurs associations culturelles, les structures éducatives et culturelles ainsi que les APC de la wilaya s’apprêtent, chacune à sa manière, à fêter Yennayer 2961, premier jour de l’an berbère, qui correspond au 12 janvier du calendrier grégorien.
Ainsi, au niveau de la maison de la culture Ali- Zamoum, un riche programme a été tracé à cette occasion : une semaine culturelle dans laquelle le public découvrira une exposition-vente de livres grâce au concours de plusieurs maisons d’éditions spécialisées entre autres dans l’édition de livres et autres œuvres traitant de la culture amazighe, une exposition gastronomique dans laquelle seront présentés les plats traditionnels de toutes les régions de la wilaya, des projections de films pour adultes et pour enfants, une pièce théâtrale de Mohia intitulée Sinistré, œuvre d’une troupe théâtrale de Tizi-Ouzou, et des concours de poésie avec la participation de plusieurs poètes de la wilaya. Pour rappel, cette fête est célébrée chaque 12 janvier par les populations nord-africaines comme symbole de leur appartenance à la tradition amazighe. De ce fait, chaque région a son appellation de ce jour de l’an. En effet, si en Algérie les termes utilisés sont Yennayer, Ixf u segwas (le début de l’année) ou encore tabburt u segwas, les Berbère de Libye (les At Waziten) préfèrent l’expression anezwar nu segwas (le premier de l’an). Ce mois marque les débuts de l’hiver, les jours encore très froids se rallongent et instaurent l’espoir d’une meilleure année. Il symbolise, par excellence, la division agricole de l’année chez les Berbères qui vivaient et qui vivent encore au niveau de cette partie du globe dont le climat méditerranéen est des plus avantageux à l’échelle planétaire avec ses quatre saisons qui marquent tout le charme du cycle annuel parfait. Concernant le début de cette datation, certains historiens parlent de l’année 950 av. J.-C où les troupes du roi berbère Chachnaq (Chichong dans les écrits historiens) avaient vaincu les Pharaons et régné en Egypte durant plusieurs années. Les rituels marquant cet événement donnent lieu à des festivités diverses comme dans le passé où les enfants portaient des masques, symbole du retour des êtres invisibles, et passaient de maison en maison en quémandant des beignets ( sfendj) ou des feuilletés (lemsemmen), permettant ainsi aux villageois kabyles de tisser une alliance avec ces forces invisibles pour que la nouvelle année se place sous d’heureux auspices. Les repas familiaux sont aussi une des traditions les plus représentatives de cette fête ; chaque famille berbère réunit tous ses membres autour de Immensi nu menzu n Yennayer, très copieux pour éloigner la famine et bien augurer l’avenir ; il est composé de viande séchée (acedluh) ou de poulet et agrémenté de couscous ou de berkoukes (plombs). Ce repas se prend en famille, on réserve la part des filles mariées absentes à la fête et on dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence. Les forces invisibles participent aussi au festin par des petites quantités déposées à des endroits précis tels le seuil de la porte, le moulin de pierre, le pied du tronc du vieux olivier, etc. Le métier à tisser doit, lui aussi, changer de place à l’arrivée de Yennayer pour que les génies gardiens ne s’emmêlent pas dans ses fils et ne se fâchent pas. Ce qui serait mauvais pour les présages. D’autres légendes, bien que passées aux oubliettes, viennent égayer cette fête comme le mythe de la vieille «Imma Meru» ; les Kabyles disaient qu’une vieille femme, croyant l’hiver passé, sortit un jour de soleil dans les champs et se moquait de lui. Yennayer mécontent emprunta une journée à Furar (le mois berbère qui vient juste après Yennayer) et déclencha, pour se venger, un grand orage qui emporta, dans ses énormes flots, la vieille. Ce patrimoine culturel riche et varié mériterait d’être connu et reconnu, pour que la culture amazighe ne se résume plus à l’huile d’olive ou à l’écriture tifinagh, cette transcription dont la majorité des Algériens semblent imperméables, voire réticents. Car pour se connaître et s’épanouir, l’être humain doit puiser dans ses racines les plus profondes et celles de l’Algérie sont indéniablement amazighes.
Kaci Katya

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