Actualités : IL A COMMENTÉ LES TOUTES DERNIÈRES MANIFESTATIONS ET REVENDIQUÉ PLUS D’OUVERTURE POLITIQUE
Revoilà Djahid Younsi


Les troubles qu’a connus le pays ces derniers jours, œuvre de jeunes en colère, ont donné aux politiques, plongés dans la léthargie depuis des mois, matière à s’exprimer et revendiquer l’ouverture et la liberté. Hier, c’était au tour du Mouvement pour la réforme nationale (MRN) de commenter les évènements. Néanmoins, la formation du candidat malheureux à la toute dernière élection présidentielle, Mohamed Djahid Younsi, est allée jusqu’à plaider pour l’organisation de législatives anticipées.
Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – Eclipsé depuis sa défaite aux élections présidentielles, Djahid Younsi, qui avait joué au lièvre dans une grande mascarade démocratique ayant permis à Bouteflika de succéder à lui-même, a ainsi sauté sur l’occasion pour décrier un «pouvoir illégitime du gouvernement », composé, selon ses termes, de «fraudeurs ». Signe des temps, la formation remet sur la table un document portant une plateforme de revendications intitulée «Charte des droits et des libertés démocratiques en Algérie», rédigée en mai 2010, soit plusieurs mois avant que des «ados» ne sortent dans la rue. Présentée par ce même Djahid Younsi lors d’une conférence de presse tenue au siège du Mouvement à Belouizdad, la plateforme se voulait «fédératrice des forces politiques du pays dans le but de redresser le processus démocratique engagé à la faveur de la Constitution du 23 février 1989». Elle propose, entre autres, «la révision des derniers amendements introduits dans la loi fondamentale, la levée de l’état d’urgence, l’ouverture des médias lourds aux partis de l’opposition et la tenue d’élections législatives anticipées». De son côté, l’actuel secrétaire général du parti, Djamel Benabdesselem, a exprimé la position de cette formation vis-à-vis du mouvement de protestation ayant embrasé pendant deux jours une vingtaine de wilayas. «Le ministre de l’Intérieur a invité la classe politique à appeler au calme et à sensibiliser les jeunes contre la violence. Nous disons que nous sommes un parti d’opposition et pas des pompiers. Qu’il le demande à ceux qui sont dans le gouvernement», s’est-il défendu. Et de renvoyer la balle dans le camp du ministère, celui-là même qui les a légitimés au moment de l’éviction de Djaballah de la chefferie du parti : «Nous invitons le ministère de l’Intérieur à ouvrir le champ politique, à autoriser les manifestations pacifiques, car c’est la fermeture, le mépris, le monopole de la décision, le despotisme, l’étatisation des œuvres caritatives (…) qui ont poussé ces jeunes à la violence, et la hausse des prix du sucre et de l’huile n’était que la goutte qui a fait déborder le vase.» M. Benabdesselem a développé un réquisitoire contre ce qu’il qualifie de «pouvoir tyrannique» pour ainsi remettre en question la politique socioéconomique du gouvernement : «Avant 1990, toutes les classes populaires goûtaient à la rente pétrolière. Aujourd’hui, cela est devenu l’apanage d’une minorité privilégiée. Cette rente est depuis distribuée à travers les marchés publics, les monopoles… C’est la corruption généralisée qui a poussé ces jeunes à sortir dans la rue», soutiendra-t- il. Ceci avant de critiquer la réaction du gouvernement à la crise et commenter les mesures prises pour faire baisser les prix de l’huile et du sucre : «Ce ne sont que des calmants qui ne régleront pas pour autant le problème. Ces mesures ne feront que conforter les barons de l’import dans leur position, ceux-là mêmes qui se sont engraissés dans l’ombre du régime et à travers les scandales financiers qui sont devenus sa marque de fabrique : Khalifa, Sonatrach, l’autoroute Est-Ouest (…) Or, le salut ne viendra que par l’encouragement de la création de richesses».
L. H.

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