Monde : JORDANIE
Mesures d’urgence pour faire baisser les prix face à la grogne


Le gouvernement jordanien a décidé de prendre des mesures «immédiates» pour faire baisser les prix, a annoncé hier un haut responsable, dans un climat de mécontentement grandissant et avant des manifestations prévues vendredi dans le royaume.
Suite à des directives du roi Abdallah II, ces mesures «immédiates » visent à «atténuer l’impact de la hausse des prix des produits de base sur le niveau de vie des citoyens», a indiqué ce responsable à l’AFP, sous couvert d’anonymat. Les tarifs des transports en commun, qui devaient augmenter en raison du prix des carburants, seront gelés, a-t-il ajouté. En outre les prix des denrées, notamment ceux du riz et du sucre, n’augmenteront pas dans les 85 coopératives de l’armée, également ouvertes aux civils. Le manque à gagner sera pris en charge par l’armée, sachant que le bénéfice sur les produits vendus dans ces coopératives est faible, voire nul. Des protestations contre la vie chère, des violences liées aux opportunités de travail et une grogne qui commençait à monter ont poussé l’Etat à annoncer ces mesures. «Clairement, la décision du gouvernement vise à atténuer le ressentiment des gens», a affirmé à l’AFP le chercheur au Centre d’études stratégiques de l’université jordanienne Mohamad-Masri pour qui «les images des violences en Tunisie et en Algérie ont eu un impact tel qu’elles ont poussé l’Etat à agir». «Il faudra maintenant que le peuple constate les effets concrets de ces mesures», a-t-il ajouté. Un syndicaliste très populaire, représentant les journaliers agricoles, Mohamed Sneid, avait appelé à un mouvement de protestation dans tout le royaume vendredi après la prière de midi. Interrogé par l’AFP, il a souligné que les manifestations seront maintenues malgré l’annonce des mesures gouvernementales. «Des manifestations auront lieu à Ma’an, Tafileh, Karak Akaba (sud), Irbid (nord,) Salt (ouest), Madada et Diban (centre)», a affirmé M. Sneid qui a précisé que le slogan du mouvement est : «Manifestation pour la chute de Rifaï (Samir Rifaï, le Premier ministre jordanien) et une vie décente, ndlr.» Zaki ben Rsheid, un dirigeant du puissant parti du Front de l’action islamique (FAI), a indiqué à l’AFP que le mouvement islamiste en Jordanie «n’a pas encore décidé s’il allait participer à cette manifestation». Il a critiqué les mesures annoncées par le gouvernement estimant qu’il s’agit «d’une anesthésie pour calmer le peuple qui refuse les politiques du gouvernement» appelant le gouvernement au dialogue. Les islamistes, qui ont boycotté les élections législatives de novembre pour protester contre le système de vote uninominal, affirment être marginalisés par le gouvernement. Selon des analystes, l’opposition islamiste tente de profiter des tensions pour s’imposer sur la scène politique. «Les islamistes ont tendance à croître et à prospérer en période de crise, leur message politique étant basé sur le fait que tout va mal et qu’ils sont la meilleure alternative», estime le professeur de sciences politiques à l’université jordanienne de Yarmouk, Mohamad-Momani. Selon des chiffres officiels, l’inflation a atteint le mois dernier en Jordanie le chiffre record de 6,1%.

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