Actualités : 24 HEURES APRÈS LE DÉPART DE BEN ALI
Élection présidentielle dans 2 mois


Vingt-quatre heures après le départ de Zine El Abidine Ben Ali, le retour à la légalité constitutionnelle s’amorce-t-il avec la désignation du président du Parlement tunisien, Fouad Mbaza, comme président par intérim ?
Chérif Bennaceur – Alger (Le Soir) - La Tunisie a-t-elle un président, après le départ de Zine El Abidine Ben Ali de la présidence ? Alors que le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, avait annoncé, vendredi, assurer l’intérim de la présidence, en vertu d’un décret et conformément à l’article 56 de la Constitution tunisienne, le Conseil constitutionnel change la donne, le lendemain. Hier, en fin de matinée, le président du Parlement tunisien, Fouad Mbaza, est proclamé président par intérim par le Conseil constitutionnel, cette instance se conformant aux dispositions de l’article 57 de la loi fondamentale, vacance du pouvoir et fixant obligatoirement la tenue d’une élection présidentielle dans un délai de 60 jours. Avec la prestation de serment de M. Mbaza, est-ce le retour à la légalité constitutionnelle ? Possible, d’autant que la désignation de Mohamed Ghannouchi avait été contestée, l’article 56 prévoyant le cas d’une vacance de pouvoir limitée dans le temps, laissant entendre un retour de Ben Ali (en exil, accueilli à Djeddah et qui a eu un contact téléphonique avec le chef d’Etat libyen). A contrario, l’article 57 précise clairement la vacance définitive pour empêchement absolu, sans limite temporelle. Et dans le contexte où les la Ligue arabe ont plaidé pour une transition pacifique et soutenu la quête démocratique du peuple tunisien. Néanmoins, ce retour à la légalité incertaine semble insuffisant, dans la mesure où la situation interne restait confuse, marquée par la poursuite de manifestations populaires et par des actes de pillage, dans diverses régions du pays. Malgré les efforts des services de sécurité (armée et police), le bouclage du centre-ville de la capitale tunisienne, les actes de violence se poursuivaient hier, sans cesse depuis la veille et malgré le couvre-feu imposé entre 17h et 7h (horaire local) et l’état d’urgence décrété vendredi. Des actes, dont certains impliqueraient des partisans du président partant, qui ont touché des biens privés, et même des centres commerciaux. Voire, l’état d’insécurité s’est propagé aux prisons, avec le décès d’une quarantaine de détenus d’une prison de Monastir incendiée. Et cela même si la réouverture du trafic aérien a été officialisée, après la fermeture, la veille, de l’espace tunisien et des aéroports internationaux. Mais aussi dans la mesure où la capacité du président intérimaire à assurer sa mission reste incertaine, au-delà de sa disponibilité à associer, sans exclusion, tous les Tunisiens au processus politique. Or, plusieurs questions restent en suspens, de l’avis des observateurs, et notamment celles sur le rôle de l’armée, l’avenir du parti présidentiel (le Rassemblement constitutionnel démocratique), l’existence d’une relève crédible, le retour au calme… ?
C. B.

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