Actualités : Égypte : «youm» Moubarak !


Hosni Moubarak jette l’éponge. Il s’est officiellement retiré de son poste de président d’Égypte, hier vendredi, au 18e jour du soulèvement populaire sans précédent dans le pays et confie le pouvoir à l’armée.Kamel - Alger (Le Soir) -L’annonce a été faite non pas par Moubarak lui-même mais par le vice-président Omar Souleymane à travers une adresse «éclair» à la nation, en début de soirée, sur la chaîne d’Etat égyptienne :
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) -L’annonce a été faite non pas par Moubarak lui-même mais par le vice-président Omar Souleymane à travers une adresse «éclair» à la nation, en début de soirée, sur la chaîne d’Etat égyptienne : «Compte tenu des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohamed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner le poste de président de la République et chargé le Conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays.» Laconique, sans de plus amples précisions, cette phrase aura suffi pourtant à provoquer une explosion de joie et des scènes de liesse pharaoniques à travers le Caire, toute l’Égypte et tous les pays arabes. Le Raïs avait pourtant tout fait pour défier l’évidence, repousser les limites du réel. Faisant face à un «tsunami » d’un rejet populaire rarement égalé dans l’histoire du monde moderne, il assurait, jeudi soir encore, n’avoir nullement l’intention d’abdiquer. Dans un discours à la nation, annoncé pourtant comme étant celui où il annoncerait sa démission, y compris par les officiels égyptiens et même par le patron de la CIA et Barack Obama, Moubarak surprend par une détermination pour le moins déroutante. Affirmant ne «jamais accepter les diktats venus de l’étranger», Moubarak annoncera, en guise de seule concession : «J’ai décidé de déléguer mes pouvoirs au vice-président conformément à ce que dit la Constitution» et ce, durant toute la période de transition. Puis cette précision «une transition de pouvoir va d’aujourd’hui à septembre ». Une précision de trop, et qui précipitera sa chute. Les Égyptiens ont pris cet entêtement à aller jusqu’au bout pour de la provocation. Et leur réponse ne se fera pas attendre : déjà des milliers à occuper la rue, notamment la désormais emblématique place Tahrir au centre du Caire pour réclamer son départ, le discours de jeudi fera aussitôt descendre d’impressionnantes foules dans la rue. Des foules décidées à en finir. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ils étaient déjà des centaines à se diriger vers le siège de la présidence égyptienne. Vendredi, la pression populaire était telle que, début d’après-midi, Moubarak était annoncé du côté de Charm El-Cheikh, la station balnéaire du Sud-est égyptien où il a une résidence secondaire. Le départ de Moubarak déclenchera, outre les historiques scènes de liesse en Égypte, un déluge de réactions internationales félicitant, toutes, le peuple égyptien et soulignant toutes la dimension historique de l’événement. C’est le cas de l’Union européenne, de toutes les capitales occidentales, Ankara, Doha, mais aussi Téhéran et le Hizbollah libanais. Curieusement, c’est Washington qui se distinguera par la réaction la moins euphorique. Ainsi, dans une première réaction officielle, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, dira certes qu’«aujourd’hui est un jour historique pour les Égyptiens ». Il ne manquera pas, toutefois, de mettre en garde contre «des jours à venir, délicats et lourds de conséquences». Le Premier ministre britannique David Cameron l’imitera presque, en déclarant de son côté «qu’il faut aller vers un gouvernement civil et démocratique en Égypte». C’est vrai que l’après-Moubarak ne fait que commencer…
K. A.

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