Monde : SANS-PAPIERS EN GRÈVE DE LA FAIM EN GRÈCE
«Les otages de la crise»


«Nous allons continuer jusqu'à la mort», jure Ahmet Mankour, un Marocain de 28 ans, yeux cernés et bouteille d'eau à la main, assis devant sa tente dans le centre d'Athènes où sont entassés plus d'une dizaine d'immigrés en grève de la faim.
Ahmet Mankour affirme avoir perdu sept kilos depuis le 24 janvier, début de la grève de la faim collective menée par 237 sans-papiers à Athènes, et 50 à Salonique (Nord), pour réclamer leur régularisation aux autorités grecques. L'aîné d'une famille de six enfants et originaire de Guelmime, «la porte de Sahara» au Maroc, comme il l'appelle, M. Mankour a tenté une meilleure vie en partant en Europe il y a six ans, à l'instar de plusieurs de ses compatriotes. Après avoir pris l'avion pour la Turquie, il traverse la mer Egée pour arriver à La Canée sur l'île de Crète où il va travailler au début dans les champs. «Lors de la dernière régularisation en 2005, j'ai perdu 2 000 euros» en frais administratifs et dépenses d'avocat, dit-il en s'exprimant en grec. Deux ans plus tard, M. Mankour privé de papiers, se résout au travail au noir : «Balayeur, de nuit, pendant un an et demi au Mall, dans la banlieue nord d'Athènes, à 2,5 euros par heure.» A côté de lui, Ali, un menuisier de 36 ans, qui habite en Grèce depuis 7 ans, refuse de donner sa nationalité en affirmant être en grève de la faim au nom des milliers d'immigrés salariés. Selon une loi remontant à 2005, le permis de séjour est conditionné au versement des cotisations sociales. «En Grèce, les immigrés sont des otages de la crise que traverse le pays, nous sommes le maillon faible d'une société qui a d'énormes difficultés financières», explique Happiness Goldwin, une Nigériane, mère de quatre enfants, du Comité de soutien aux immigrés. Or le taux de chômage en Grèce ne cesse de grimper, frisant les 14% à fin 2010. «Nous sommes sur le même bateau que nos amis grecs mais c'est comme si l’on n'existe pas», affirme cette militante, membre de la CWI (Committee for a Worker's International). Plus de 100 organisations de gauche et syndicats, dont une vingtaine d'étrangers (Parti communiste espagnol, syndicat français Solidaires, quatre organisations italiennes, réseau américain Znet), ont apporté leur soutien à cette action. «Au fur et à mesure que les salaires et les retraites se voient rognés et que tous les prix augmentent, l'immigré est présenté comme le fautif, le coupable de la détérioration et l'exploitation des salariés grecs», lit-on sur l'affiche dressée devant le bâtiment néoclassique où les grévistes sont rassemblés. Répartis entre une dizaine de tentes dans la cour et deux pièces de 40 m2 à l'intérieur de ce bâtiment, ils font face à des «conditions misérables», dénonce M. Hatzi. «Nous espérons une solution rapide de la question, le gouvernement doit ouvrir le dialogue, l'état de santé des immigrés est très difficile», prévient Abdoul Hatzi, porte-parole du mouvement. Deux manifestations étaient prévues et aujourd’hui à Athènes et dans d'autres villes à l'étranger, ajoute-t-il. Au total, les sans-papiers sont estimés entre 350 000 et 480 000 en Grèce. Jusqu'à présent, le gouvernement est resté ferme, excluant toute régularisation de masse. Mais selon les médias grecs, il n'est pas exclu un réexamen de la situation des quelque 150 000 migrants anciennement en règle, mais privés de permis de séjour par le chômage.

Le superpétrolier grec capturé par les pirates en route vers Garaad
Le superpétrolier grec Irene SL, capturé mercredi par des pirates somaliens au large d'Oman, fait route vers la localité de Garaad, l'un des repaires des pirates sur la côte nord-est de la Somalie, ont indiqué plusieurs pirates à l'AFP. «Le supertanker sera mis à l'ancre au large de Garaad», a indiqué à l'AFP Abdi Yare, commandant pirate basé à Hobyo, environ 200 km plus au sud. A 750 km au nord-est de Mogadiscio, le village de pêcheur de Garaad est situé à la limite de la région autoproclamée autonome du Puntland, et du centre de la Somalie. Avec la localité d'Hobyo, c'est l'un des principaux repaires des pirates somaliens qui écument l'océan Indien et le golfe d'Aden. De nombreux navires capturés ces derniers mois y sont au mouillage le long des côtes, avec leurs équipages à bord, sous la garde des preneurs d'otages. «Les pirates qui se sont emparés du superpétrolier viennent de cette région, entre le Puntland et Hobyo», a expliqué Abdi Yare, interrogé au téléphone par l'AFP depuis Mogadiscio. Le superpétrolier Irene SL, battant pavillon grec, avait été pris d'assaut jeudi par des pirates au large d'Oman alors qu'il se dirigeait vers les Etats-Unis, avec une cargaison de «quelque 270 000 tonnes» de brut koweïtien, soit plus de 1,9 million de barils. «C'est une très grosse prise, et il doit y avoir une trentaine de pirates à bord», a expliqué le même Abdi Yare. Plusieurs embarcations ont quitté Hobyo pour aller escorter le supertanker jusque vers la côte, selon d'autres sources pirates à Hobyo. Un autre leader pirate basé à Garaad, Mohamed Saïd, a confirmé que des membres du groupe, qui ont pris d'assaut le supertanker, sont originaires des villages côtiers de la région. «Le groupe est dirigé par un leader réputé, ils ont utilisé quatre speed-boat et un bateau mère pour attaquer» le navire pétrolier, a précisé cette source. Vingt-cinq membres d'équipage étaient à bord du Irene SLau moment de l'attaque : 7 Grecs, 1 Géorgien et 17 Philippins. Mardi, un pétrolier italien de 105 000 tonnes avec 22 membres d'équipage avait été également capturé par des pirates dans l'océan Indien.

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