Actualit�s : Entretien
DOROTH�E SCHMID :
�L�UPM ? Une usine � gaz construite sur du bricolage diplomatique�


De notre bureau de Paris,
Khadidja Baba-Ahmed
Doroth�e Schmid, docteur en sciences politiques, est chercheur � l�Institut fran�ais des relations internationales (Ifri). Sp�cialiste des politiques europ�ennes dans la r�gion M�diterran�e et au Moyen-Orient, elle dirige aujourd�hui le programme Turquie contemporaine, toujours � l�Ifri. Elle a suivi le dossier de l�UPM depuis le d�but, bien avant le sommet de Paris et a produit un nombre important d��crits sur le sujet. L�entretien qu�elle a bien voulu nous accorder aborde tous les aspects de cette institution mort-n�e, et ce, depuis l�id�e m�me de sa cr�ation et les mobiles de son initiateur, le pr�sident Sarkozy.
L�UPM pour cette sp�cialiste du dossier �est une sorte d�habillage institutionnel pour les Fran�ais qui leur permet finalement de faire passer des positions qui sont plut�t de l�ordre de la politique nationale arabe de la France�. Ou encore �c�est une union qui ne fonctionnait presque pas depuis sa naissance et ce n�est certainement pas aujourd�hui qu�elle va le faire. Il est clair qu�avec ce qui se passe en M�diterran�e et la situation pr�r�volutionnaire que connaissent certains pays de la r�gion, l�UPM ne peut plus �tre � l�ordre du jour�. Tous les aspects li�s � cette union, son histoire et son devenir ont �t� �voqu�s avec elle. Pr�cisons, toutefois, que l�entretien a eu lieu en pleine r�volution tunisienne et �gyptienne mais les deux dirigeants �taient encore en place.

Le Soir d�Alg�rie : Depuis sa cr�ation en juillet 2008, l�Union pour la M�diterran�e � 27 pays de l�UE, la Turquie, Isra�l et les pays arabes riverains � semble paralys�e : reports successifs du sommet des chefs d�Etat et de gouvernement comme des rencontres des ministres des Affaires �trang�res, puis tout r�cemment la d�mission de son secr�taire g�n�ral, le Jordanien Ahmed Massadeh, nomm� � ce poste, il y a juste un an. Il a expliqu� jeter le tablier parce que �les conditions ont chang�. Avant de nous expliquer ce qui aurait chang�, pourriez-vous nous dire si les conditions m�mes de cr�ation de l�UPM ne recelaient pas, d�j�, sa condamnation d�autant que vous aviez �voqu�, d�s la pr�paration du sommet de Paris, un �bricolage diplomatique � court terme�.
Doroth�e Schmid :
Quand on avait suivi de France, puisque c�est de l� qu�est parti le projet, l�on avait constat� que le pr�sident fran�ais et son �quipe avaient une vision excessivement optimiste de ce qu�on �tait capable de faire et du fait que la France �tait mieux � m�me de faire d�coller la coop�ration m�diterran�enne que d�autres pays europ�ens et qu�� partir du moment o� la France allait prendre le dossier en main, tout allait changer. Or, la situation en M�diterran�e � l��poque et les conditions tant politiques qu��conomiques �taient beaucoup plus difficiles, plus restrictives qu�au moment du lancement du processus de Barcelone. L�optimisme �tait d�embl�e illusoire. Il y avait un aspect un peu rh�torique dans le projet en soi. On sait qu�il a beaucoup chang� de forme, et de fond aussi, entre le moment o� Nicolas Sarkozy l�avait mentionn� pendant sa campagne �lectorale et apr�s qu�il eut �t� �lu en mai-juin 2007.
De quoi proc�dent ces changements ?
De deux choses : d�abord les Fran�ais ont d� apprendre le principe de r�alit� sur le terrain, autrement dit qu�on ne pouvait convaincre l�ensemble des pays de la M�diterran�e de changer de cadre de coop�ration aussi simplement. En second lieu, il n�y avait pas de budget pour monter un nouveau cadre de coop�ration, et dans ces conditions, il a fallu assez rapidement admettre que l�Union europ�enne allait participer au projet. De plus, il �tait devenu �vident que l�Union europ�enne avait l�exp�rience de cette coop�ration et avait capitalis� sur ce qui a �t� fait dans l�Euromed. Et c�est pr�cis�ment l� que Sarkozy s�est europ�ens, d�abord avec les Espagnols et les Italiens, puis avec les Allemands. Avec ces derniers, il en a d�coul� un tr�s gros contentieux. L�UPM a �t� un des grands projets diplomatiques de Nicolas Sarkozy depuis le d�but de sa pr�sidence et sur lesquels il a test� les limites de sa capacit� � agir dans le cadre europ�en. Apr�s, il y a eu �videmment d�autres dossiers qu�il a fallu g�rer : la gestion de la crise �conomique, la crise g�orgienne en 2008 et d�autres qu�il a fallu prendre en charge au niveau europ�en et notamment par le couple Franco-allemand. L�UPM a �t� finalement le premier dossier sur lequel la France a pris ses marques vis-�-vis de ses partenaires europ�ens.
C�est quoi prendre ses marques dans ce cas pr�cis ?
C�est lorsque l�on s�aper�oit que l�on a besoin de l�Europe pour des tas de raisons, politiques, mat�rielles, et cela veut dire aussi que l�on observe qu�en Europe, on ne peut rien faire si l�on n�est pas d�accord avec les Allemands. Pour rappel, l�Union europ�enne a �t� b�tie sur le couple franco-allemand. En pr�sence de personnalit�s diff�rentes, qui n�ont pas la m�me volont� d�avancer, il faut que l�un convainc l�autre et en l�occurrence l�on a une difficult� r�elle dans la mise en place du bin�me franco-allemand sur le dossier m�diterran�en.
Et le �bricolage diplomatique� dont vous parliez d�j� lors de la pr�paration du sommet de 2008, que recouvre-t-il et comment se manifeste- t-il ?
Si j�ai parl� de bricolage diplomatique, c�est parce que l�on a observ� que ce qui comptait par-dessus tout pour les Fran�ais, � partir du moment o� ils rencontraient des difficult�s � mettre en place le projet, c�est que le sommet ait lieu, parce que, pour Sarkozy, ce sommet �tait la preuve que le projet existait, qu�il avait r�ussi partenaires et c��tait une sorte de cr�dibilit� institutionnelle. Mais pour rassembler tout le monde, ce n��tait pas simple. Jusqu�au dernier moment, on est all� tirer les partenaires et tenter de r�concilier par exemple et faire venir tous les dirigeants du Maghreb, sans parvenir d�ailleurs � faire venir le roi du Maroc, qui a refus� � cause de la pr�sence du pr�sident Bouteflika. Donc, toutes les petites contradictions m�diterran�ennes ont fortement compliqu� la t�che de l��quipe de l�Elys�e pour monter le sommet. Au final, le sommet �tait une r�ussite en soi : �a montre un peu la force de frappe de la diplomatie fran�aise et �a impressionne m�me les Am�ricains, puisqu�on est arriv� � faire venir le Syrien Bachar Al Assad sur lequel toute l�attention des observateurs �tait concentr�e. C��tait un moment unique mais dont on savait tr�s bien qu�on aurait du mal ensuite � reproduire. D�s la fin du sommet, la conviction de beaucoup, et la mienne en particulier, �tait que la M�diterran�e allait dispara�tre de l�agenda de la pr�sidence fran�aise et c�est ce qui est arriv� y compris durant la pr�sidence fran�aise de l�UE (2e semestre 2008) : le sommet avait eu lieu, c��tait r�gl�, boucl� et on s��tait d�barrass� de quelque chose de difficile. On pouvait alors se concentrer sur de gros dossiers � la crise financi�re, la crise g�orgienne � qui ont fait passer la M�diterran�e au second plan. L�on a eu ensuite, � l�automne 2008, la conf�rence de Marseille et l�, tous les petits bricolages institutionnels ont �t� mis en place pour l�UPM et pr�sageaient que le syst�me ne pourrait plus fonctionner. L�UPM est devenue une usine � gaz. Le partenariat euro-m�diterran�en �tait d�j� une usine � gaz et l� on a encore rajout� des accessoires � l�usine � gaz.
Beaucoup d�observateurs ont vu dans l�acharnement de Sarkozy � vouloir faire entrer la Turquie dans l�UPM un biais pour faire oublier aux Turcs sa grande d�termination � ce que la Turquie ne fasse pas partie de l�UE. Quelle est votre analyse � vous ?
Dans le discours de Toulon, en f�vrier 2007, en pleine campagne pr�sidentielle, o� il parlait pour la premi�re fois de l�UPM, Sarkozy �voquait la place de la Turquie en d�clarant que ce pays est un grand pays m�diterran�en, qui aura une grande place dans l�ensemble m�diterran�en mais que ce n��tait pas un pays europ�en. La r�action des Turcs a �t� tr�s mauvaise et il a �t� tr�s difficile alors d�obtenir la participation des Turcs � l�UPM. Il a fallu envoyer Jean-Pierre Jouyet (secr�taire d�Etat des affaires europ�ennes, � l��poque) � Ankara, en mission quasi secr�te, pour dire aux Turcs qu��videmment, la Turquie a vocation � participer � l�UPM parce que c�est un pays qui a un grand pass� � l�int�rieur de la M�diterran�e et qu�elle sera naturellement au Nord, du c�t� des Europ�ens. C�est � ce prix-l� que l�on a obtenu la participation des Turcs. Ces derniers ont aussi accept� d�int�grer l�UPM parce que c�est devenu un projet europ�en et qu�ils avaient la volont� de participer � tous les projets europ�ens. Ensuite, l�on a compris qu�il y avait une gestion quasi client�liste lors du sommet de Paris. Pour arriver � convaincre les partenaires � venir, il a fallu leur offrir quelque chose. Pour les Turcs, cela s�est traduit par un entretien de 45 minutes entre Erdogan (Premier ministre turc) et Sarkozy � la veille du sommet, alors que jusque-l�, Sarkozy refusait de le recevoir. Ensuite, les Turcs ont exig� l�inscription, en note dans la d�claration finale du sommet, de la mention de la m�diation turque entre Isra�l et la Syrie, ce qui fut fait. Il �tait clair que pour les Turcs, leur pr�sence au Sommet n��tait pas un cadeau qu�ils faisaient aux Fran�ais et que cette participation ne pr�jugeait absolument pas des n�gociations avec l�UE et de ses avanc�es. Espagnols et Italiens avaient d�ailleurs tr�s vite dit � Sarkozy, d�s le mois de d�cembre 2007, que les processus d�adh�sion � l�UE devaient �tre s�par�s de l�Union pour la M�diterran�e. Le pr�sident fran�ais a, de ce fait, �t� recadr� sur cette question.
Pouvait-on objectivement concevoir une Union pour la M�diterran�e qui regroupe en son sein Isra�l et les pays arabes, l�Alg�rie et le Maroc et sans le Sahara occidental, Chypre et la Turquie ? En fait, l�UPM pouvait-elle �tre viable avec tous ces conflits ou tensions non r�gl�es ?
C�est l� tout le paradoxe de l�UPM. D�s le d�part, l��quipe fran�aise a dit que le politique doit �tre �vacu� de l�UPM et que l�on sera uniquement dans des projets de coop�ration �conomique. En fait, une vision � la Jean Monnet (p�re fondateur de la Communaut� �conomique europ�enne) pour l�UPM. Sauf que l�on n�a pas �valu� que Jean Monnet a �invent� l�Europe communautaire apr�s la Seconde Guerre mondiale � partir de la coop�ration franco-allemande, et que Adenauer et le g�n�ral de Gaulle avaient la volont� de travailler ensemble. Or, l�, on est dans une p�riode o� les conflits sont, soit en voie d�aggravation, soit dans le meilleur des cas, gel�s : Chypre, Sahara occidental, conflit isra�lo-palestinien� Il �tait donc �vident que les conditions politiques allaient rattraper le projet. Tout ceci montre qu�il y a eu, au moins, une forte m�connaissance du terrain. Pourtant, tous ceux qui ont pris part aux montages, du partenariat, comme du projet UPM, savaient d�s le d�part que le conflit isra�lo-palestinien a entrav� la coop�ration sur beaucoup de sujets ; que si l�on voulait travailler sur la relation alg�ro-marocaine le probl�me du Sahara occidental est un obstacle ; on sait aussi, aujourd�hui, que pour faire travailler la Turquie dans le partenariat europ�en, c�est tr�s difficile � cause de ce contentieux sur Chypre, dont le r�glement concerne aussi indirectement la Gr�ce. Tout cela, tout le monde le sait surtout si l�on a un tout petit peu de pratique des institutions multilat�rales en M�diterran�e. Or, l� il y a eu une n�gation totale de l�existant et de la situation politique sur le terrain et, en m�me temps, il y a eu une volont� id�ologique tr�s forte de porter ce projet de Sarkozy qui est un pr�sident qui a finalement une culture g�n�rale plut�t faible sur les affaires internationales. Il n�a pu pr�voir que l�op�ration isra�lienne sur Ghaza, en d�cembre 2008, allait mettre cette r�gion � feu et � sang et que les Isra�liens, dirig�s par un gouvernement tr�s � droite, tr�s nationaliste et tr�s expansionniste allaient finalement emp�cher le fonctionnement de l�UPM. De plus, comme on a pris, pour l�UPM, le chemin de l�institutionnalisation, on n�a pas int�r�t � faire des affichages politiques : toutes les prises de position politiques publiques bloquent, ensuite, presque automatiquement le fonctionnement des institutions, car les gouvernements ne peuvent pas se permettre de payer le prix des compromis aux yeux de leur opinion publique.
Pour revenir � la d�mission du secr�taire g�n�ral, comment l�interpr�tez- vous et pourquoi pr�cis�ment maintenant ?
D�abord le secr�tariat g�n�ral a �t� mis en place tr�s tard. Il a commenc� � fonctionner � la fin de l�ann�e derni�re. Il n�avait pas de moyens et la commission ne voulait pas d�bloquer de budget. Tous les Etats participants ont d� d�tacher des fonctionnaires et le secr�tariat a fonctionn� avec des bouts de ficelle�
Pensez-vous que seule l�absence de budget et de moyens a conduit le secr�taire g�n�ral � jeter l��ponge ? Ce n�est naturellement pas le probl�me central mais, d�s que le secr�taire g�n�ral est entr� en fonction, il a rencontr� des difficult�s de fonctionnement d�ordre mat�riel qui sont venues se greffer aux probl�mes politiques. La liste des secr�taires g�n�raux adjoints, qui refl�te des �quilibres politiques et r�gionaux subtils, a �t� finalis�e avec beaucoup de difficult�s. Aujourd�hui, il est clair qu�avec ce qui se passe en M�diterran�e et la situation pr�r�volutionnaire que connaissent certains pays de la r�gion, l�UPM ne peut plus �tre � l�ordre du jour. C�est une union qui ne fonctionnait presque pas depuis sa naissance et ce n�est certainement pas aujourd�hui qu�elle va le faire. Aujourd�hui, les r�gimes arabes sont tous obs�d�s par la d�fense de leur propre s�curit�. C�est la priorit� num�ro 1 et la seconde est d�afficher son hostilit� face � la position �dure� du gouvernement isra�lien.
Les textes de l�UPM s��talent beaucoup sur la circulation des biens et services mais ne font presque pas mention de la libre circulation des hommes. Il y a m�me, et cela s�est vu tout r�cemment, des murs ou projets de murs qui s��rigent � l�int�rieur de cet espace : l�un en novembre 2010 par Isra�l � sa fronti�re avec l��gypte et le second, plus r�cemment (janvier 2011), d�cid� par la Gr�ce � sa fronti�re avec la Turquie.
C�est bien s�r une question de fond essentielle, sur laquelle les gouvernements ont beaucoup de mal � se mettre d�accord. Ainsi, � l�int�rieur de l�Europe, les accords Schengen ne s�appliquent pas tout � fait aux fronti�res actuelles europ�ennes. L��migration est clairement un sujet qui reste du domaine du souverain. La contradiction entre la libre circulation des biens, th�oriquement des id�es et l�absence de celle des personnes est pr�sente depuis le partenariat euro-m�diterran�en. Au d�part, l�id�al �tait d�arriver � une libre circulation absolue, y compris celle des hommes. Tr�s rapidement, cependant, des blocages se sont fait jour au Nord et sont apparus avec le discours anti-�migr�s qui s�est solidifi� dans le paysage politique des Etats membres. En France, par exemple, le lancement du Processus de Barcelone, dans les ann�es 1990, correspond au moment o� l�extr�me droite montait en puissance et � un moment aussi qui correspond � la d�gradation de la situation en Alg�rie et � la crainte d�avoir des r�fugi�s politiques en masse. L�on a donc eu tout de suite un blocage sur cette id�e de libre circulation des personnes. Ce blocage a toujours �t� une des difficult�s majeures pour faire fonctionner les projets de soci�t�s civiles dans le cadre Euromed. On peut faire avancer des normes, par exemple, sans faire se rencontrer des gens, mais si on veut r�ellement avoir des coop�rations humaines, travailler avec la jeunesse, avec les m�dias, faire du culturel, de la coop�ration d�centralis�e, c�est vraiment difficile sans la libre circulation. La rigidit� de la politique migratoire est absolument fig�e et n�est m�me plus en discussion. J�ai assist� � des travaux pr�paratoires au sommet de 2008 et l�administration fran�aise donnait pour instructions de travailler en r�seau par internet ou de tenir des r�unions au sud de la M�diterran�e. Le mot d�ordre �tait de ne pas faire venir les vis-�-vis du Sud, �on ne donnera pas plus de visas�. C�est �videmment tout � fait illusoire de parler �d�appropriation� de l�UPM et de donner aux partenaires le sentiment qu�ils sont tenus � l��cart et je dirais m�me tenus en respect. Finalement, le projet �tait mal parti politiquement, aujourd�hui le gouvernement fran�ais s�enferre et g�n�re sa propre perte.
Comment expliquez-vous alors cette derni�re d�claration (27 janvier) du porte-parole du Quai d�Orsay � propos de l�UPM et de son devenir apr�s la d�mission de son secr�taire g�n�ral : �C�est une entreprise difficile, mais plus que jamais d�actualit�
En fait, la France a beaucoup de mal � se d�barrasser de l�UPM. �On ne peut pas la tuer�, comme me disait en off un diplomate en poste � Bruxelles. Le probl�me est qu�on ne peut pas arr�ter, on est devant le fait accompli. Jusqu�� pr�sent, Sarkozy a r�ussi � faire un usage instrumental de l�UPM sur certains dossiers. Il l�a fait lors de la crise de Ghaza en se pr�valant de sa co-pr�sidence de l�UPM pour annoncer � la r�union de Marseille qu�il allait en Isra�l �voir ce qui se passe�, et cette position est renouvel�e d�s qu�une crise appara�t en M�diterran�e : il s�auto-octroie des droits de s�exprimer ou d�intervenir sur les sujets et �a se r�sume � �a ; ce qui n�est pas n�gligeable pour lui du point de vue tactique. Ceci dit, c�est une sorte d�habillage institutionnel pour les Fran�ais qui leur permet finalement de faire passer des positions qui sont plut�t de l�ordre de la politique nationale et de la politique arabe de la France.
Mais comment se fait-il, alors, que le pr�sident Sarkozy, qui se pr�vaut comme vous le dites de sa copr�sidence de l�UPM pour s�exprimer sur les crises m�diterran�ennes, on ne l�ait pas du tout entendu � ce titre, � propos des r�volutions des peuples tunisien et �gyptien ?
Justement, Sarkozy pouvait dire � propos de l�Egypte, en tant que copr�sident de l�UPM avec Moubarak, je vais appeler ce dernier et discuter avec lui. Or, sur ce dossier, il est all� former une tripartite avec les Allemands et les Anglais. L�, la France est typiquement en situation d�embarras, parce qu�elle avait mis� sur le mauvais cheval. Sur la Tunisie, la France ne savait pas quoi dire. Elle a propos� ses services policiers parce qu�elle a beaucoup cultiv� la proximit� avec le r�gime de Ben Ali et qu�elle ne pouvait pas en dire du mal du jour au lendemain. Fran�ois Fillon a propos� aux Tunisiens, en cette p�riode de transition, de reprendre la n�gociation sur un �statut avanc�, pour mettre la coop�ration euro-tunisienne au niveau de la coop�ration euro-marocaine. Mais sur les dossiers politiques, on ne peut plus se pr�valoir de l�UPM.
Mais la France continue, tr�s officiellement, � parler �d�avanc�es significatives� de nombreux projets de l�UPM : environnement, autoroutes, d�pollution de la M�diterran�e�
Tant qu�on explique que l�on a des projets en commun qui fonctionnent sans que personne ne sache exactement de quoi il s�agit, ce n�est pas tr�s grave, personne ne va v�rifier. Personne ne s�y int�resse. A la limite, c�est du business, c�est du priv�, �a regarde les chefs d�entreprise, c�est du domaine de l�affichage, �a ne mange pas de pain. Tout cela permet ce continuer l�affichage, de montrer qu�on est encore pr�sent, de sauver l�image d�une France qui d�cide.
K. B.-A.



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