Actualités : HOSPITALIERS
La démonstration de force


Les différents syndicats de la santé, tous corps confondus, se sont mobilisés, pour la première fois, tous ensemble, pour dire «non» à l’avant-projet de la loi sur la santé.
Salima Akkouche - Alger (Le Soir) -Les médecins hospitaliers sortent un carton rouge à leur ministre de tutelle, Djamel Ould Abbès. L’entente entre les deux parties n’aura duré finalement qu’un court laps de temps. La corporation menace d’aller de nouveau vers d’autres formes de contestation. Les syndicats autonomes du secteur refusent de servir de décor et veulent être considérés comme un véritable partenaire social. Les médecins généralistes, les résidents, les spécialistes, les maîtres-assistants, les professeurs et les docents se sont joints à la liste des mécontents. A l’appel de leurs syndicats respectifs, ils ont organisé un rassemblement de protestation, hier matin, au CHU Mustapha-Pacha, à Alger. Ils sont venus de toutes les wilayas pour dénoncer, aux côtés des paramédicaux, déjà en grève illimitée, l’avant-projet de loi sanitaire élaboré par le département d’Ould Abbès. «Si la tutelle veut revoir le système de santé, cela doit se faire en concertation avec les autres parties concernées» disent-ils. Les médecins hospitaliers, qui ont organisé une marche à l’intérieur de l’établissement, n’ont pas manqué de scander des slogans hostiles à la tutelle. Le personnel de la santé s’est mobilisé pour la première fois à l’unisson pour faire pression sur le ministre de la Santé. Selon les syndicats, la conférence nationale sur la santé, organisée le mois dernier par le ministère de la Santé, n’était qu’une simple formalité pour justifier un projet déjà ficelé. Pour preuve, disent-ils, l’avant-projet a été déposé au niveau du gouvernement. Un fait accompli qu’ils ne comptent pas accepter, revendiquant la participation à l’élaboration de cet avant-projet appelé à régir leur secteur durant les trente années à venir. «Il est donc hors de question de travailler dans la précipitation», déclarent-ils. Le personnel de la santé attend une réaction positive de la part du ministre, car dans le cas contraire, il est prêt, menace-t-il, de mener d’autres actions de protestation.
S. A.

Professeur Djidjli, président du syndicat des professeurs et docents :
«Cette manière de faire du ministre de la Santé est finalement un mal nécessaire. Il nous a permis de nous réunir tous ensemble pour la première fois pour dire qu’on n’est pas près d’accepter ce genre de comportement. Nous avons demandé de revoir le système de santé qui est devenu obsolète mais il faut du temps pour y arriver. Cela doit se faire sur la base d’une méthode scientifique et dans des conditions acceptables. Le ministre nous a réunis pour discuter d’un avant-projet déjà déposé au niveau du Parlement. Nous ne voulons pas servir de décor, nous exigeons une participation effective et nous demandons le dialogue mais pas de la manière dont l’entend, le ministre.»
Dr Youcefi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes (SNPSSP) :
«Nous sommes là aujourd’hui pour exprimer notre refus sur la manière avec laquelle le ministre fonctionne, essentiellement concernant le choix du partenaire social. Le ministre est en train de négocier avec des personnes qui ne représentent qu’eux-mêmes. Nous avons toujours demandé une nouvelle loi sanitaire mais pas de cette manière. Le projet a été déjà préparé ailleurs, et nous n’acceptons pas cette mascarade.»
Dr Merabet : président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) :
«C’est une manière de répondre aux pouvoirs publics, notamment le ministre, pour leur dire que les syndicats autonomes de la santé sont là et sont habilités à parler au nom des professionnels, et leur dire aussi que nous n’acceptons pas que d’autres personnes étrangères au secteur s’immiscent dans nos affaires. Nous nous sommes solidarisés en tant que praticiens pour la première fois en Algérie, et j’espère que ça sera le départ d’un processus qui permettra la création d’un espace concret qui réunira d’une manière formelle tous les syndicats. Aujourd’hui, nous revendiquons notre participation à l’élaboration de la loi sanitaire».
Dr Bekkat : président du Conseil de l’Ordre des médecins :
«Le conseil participe à ce mouvement de protestation pour demander une loi sanitaire qui prenne en considération les avis de l’ensemble de la corporation. Nous avons demandé des assises de la santé mais pas de la manière dont Ould-Abbès les avait organisées où nous n’étions qu’une partie du décor. Nous demandons un dialogue véritable pour que tous les partenaires puissent participer vraiment à ce projet qui engage le secteur pour les années à venir.»
S. A.

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