LE SOIR NUMÉRIQUE & SAT : SATELLITES ET RECEPTION
DE PLUS EN PLUS DE CHAÎNES BROUILLÉES PAR LES RÉGIMES TOTALITAIRES
Le terrorisme des ondes


Al Jazeera a connu cette semaine de sérieuses perturbations sur le satellite Nilesat qui se sont étendues ensuite au satellite Arabsat. Ce qui s’est produit lors de la révolution égyptienne a été vécu une seconde fois en Libye où le signal d’Al Jazeera sur le satellite Nilesat a été brouillé pour empêcher la chaîne qatarie de toucher les Libyens qui la regardent massivement. Le problème, quand on brouille une fréquence, est que toutes les chaînes qui transmettent sur cette fréquence disparaissent.
Ainsi, et à titre d’exemple, la chaîne Melody Cinema qui transmet sur le même transpondeur a disparu avec Al Jazeera. Devant la plainte de toutes les chaînes ainsi touchées, l’opérateur, c’est-à-dire Nilesat, a été dans l’obligation de supprimer carrément Al Jazeera, remplacée par une mire. Le brouillage a aussitôt cessé. Par ailleurs, Al Jazeera, qui a tout de suite proposé des fréquences de remplacement sur Arabsat et Hot Bird (la fréquence 11555 V sur Nilesat est très difficile à avoir en Algérie), a demandé à une société spécialisée de lui présenter un rapport sur l’origine de cette perturbation. La source a été identifiée comme provenant d’un lieu situé à côté d’un grand hôpital de la capitale européenne. Déjà, en pleine crise égyptienne, Al Jazeera avait connu plusieurs perturbations dues au brouillage de ses émissions sur Nilesat avant que son signal ne disparaisse pour de bon, stoppé par l’organisme qui dirige ce satellite est qui est égyptien (capitaux publics et privés). «Il est clair que certains pouvoirs ne veulent pas que nos images appelant à la démocratie et aux réformes soient accessibles au public», estime la chaîne satellitaire basée au Qatar. Al-Jazeera avait déjà annoncé que le satellite relevant du gouvernement égyptien Nilesat avait cessé de diffuser ses émissions. Dans un communiqué parvenu à l'AFP à l’époque, la chaîne a affirmé que ses émissions retransmises par les satellites Arabsat et Hotbird connaissaient à présent «des coupures fréquentes, forçant des millions de téléspectateurs à travers le monde arabe à changer les fréquences des satellites pendant la journée». «Nous œuvrons 24 heures sur 24 pour nous assurer que nous diffusons sur des fréquences alternatives », a affirmé la chaîne. Le ministre égyptien sortant de l'Information Anas el-Fekki avait ordonné l'interdiction d'Al Jazeera, qui a largement couvert les manifestations antigouvernementales. La chaîne avait estimé que cette décision visait à «faire taire le peuple égyptien». La chaîne qatarie a toujours eu des relations tendues avec le gouvernement égyptien.
Un grand spécialiste du brouillage : l’Iran
Mais il n’y a pas que la Libye qui brouille. Un autre pays est passé maître dans cet «art». Il s’agit de l’Iran. Craignant que la vague de manifestations et du changement en Iran ne redouble de vigueur, surtout après l’appel le 29 janvier de la résistance iranienne à l’insurrection durant le mois iranien de Bahman (21 janvier – 21 février), le régime des mollahs a commencé à parasiter un des satellites émetteurs de la chaîne d’opposition Sima-ye-Azadi, chaîne indépendante diffusant de l’étranger. Ce brouillage de satellite qui viole de nombreuses lois et règles internationales survient alors que les gardiens de la révolution et les miliciens du Bassidj ne cessent d’opérer des raids chez les particuliers pour y saisir du matériel de réception satellite. Ces opérations n’ont servi à rien et n’ont pas réussi à empêcher la population de réserver un accueil chaque jour plus important aux émissions de Sima-ye-Azadi dans divers secteurs de la société iranienne. De telle manière que les dirigeants du régime reconnaissent que 40% des foyers regardent Sima-ye-Azadi. Préoccupé par les soulèvements populaires dans le monde arabe, le régime, en plus du brouillage des satellites, a fermé internet ou ralenti le débit et perturbé les réseaux téléphoniques, pour empêcher les protestations de se propager. Par ailleurs, l’Iran a brouillé le service en persan de la BBC qui assure la couverture des révolutions arabes, a annoncé vendredi la chaîne publique britannique. L'interférence a commencé après la diffusion d'informations sur la mobilisation d'Égyptiens qui continuent de réclamer la démission immédiate du président Hosni Moubarak. «On pense que c'est l'impact de la couverture qui a provoqué ce brouillage», a indiqué la BBC dans un communiqué. «Des techniciens satellites ont trouvé la trace de cette interférence et ont confirmé qu'elle provenait d'Iran.» La BBC soupçonne l'Iran d'avoir pris cette décision après une émission interactive permettant aux Iraniens et aux Égyptiens d'échanger leurs points de vue sur la crise égyptienne.
Déjà dans les années 1990…
Peter Horrocks, le directeur de BBC World Service, a prévenu qu'il continuerait d'émettre vers la République islamique. «Ce brouillage doit immédiatement cesser», a-t-il déclaré. «Il n'est pas normal que nos auditeurs iraniens soient privés d'informations impartiales et d'informations provenant de la BBC Persian TV.» D’autre part, la résistance iranienne attire l’attention du secrétaire général de l’ONU, du Conseil de sécurité et des instances concernées, ainsi que de l’Union européenne et des Etats-Unis sur le terrorisme des ondes du régime des mollahs. Elle les appelle à prendre des mesures efficaces et contraignantes contre le fascisme religieux au pouvoir en Iran pour ses violations manifestes des lois de la communauté internationale et pour l’empêcher de continuer. Mais le brouillage remonte à très loin. Au début des années 1990, le gouvernement américain et les opérateurs de satellite de télécommunication ont constaté que le satellite de Loral Skynet, Telsar-12, couvrant le Moyen-Orient, semble être brouillé depuis Cuba. Les experts américains de TLC Inc ont même réussi à déterminer que le brouillage provenait d'une zone située à 35 kilomètres de La Havane. Il faut rappeler que la base principale d'écoute électronique cubaine, construite par les Russes dans le début des années 90, se trouve justement à 35 kilomètres de La Havane. Le brouillage a commencé juste après les débuts de la chaîne «Voice of America» (VOA) en langue farsi le 5 juillet dernier. VOA regroupe des programmes d'information, de divertissements mais aussi des appels à la protestation contre le gouvernement iranien. Trois autres chaînes américaines en langue farsi sont diffusées par le satellite Telstar- 12 et peuvent être reçues avec une simple parabole.
SNS/Agences Sites Internet divers

Comment on brouille un satellite de communication
On sait que les satellites de communication, situés à 36 000 kilomètres de la Terre, se trouvent toujours à un point fixe par rapport à notre planète car, à cette distance, ils échappent à l’attraction du champ terrestre. Les autres satellites, situés à des orbites plus basses, — comme l’Algérien AlSat1 —tournent autour de la terre à des vitesses variables. On les appelle les satellites à défilement. C’est le premier type de satellite qui est visé par le brouillage. Mais ce n’est pas parce qu’il ne bouge pas que l’opération est facile. Nous allons vous expliquer pourquoi. Un satellite de communication reçoit des ondes qu’il transforme avant de les envoyer sur nos démodulateurs. Il y a donc une montée et une descente. Pour envoyer leurs signaux, les chaînes utilisent d’immenses paraboles et des ondes très puissantes. Pour brouiller un satellite, il suffit de se trouver dans la zone où le transpondeur capte la liaison montante. Il suffit ensuite de trouver la fréquence du transpondeur à brouiller, puis de diriger un signal puissant vers le satellite. L'antenne nécessaire pour cette opération doit être par conséquent très grande et il faut maîtriser les paramètres techniques du transpondeur. Ce qui n’est pas à la portée de n’importe qui. C’est pourquoi, seuls les Etats peuvent mener à bien cette opération qui reste interdite par les lois internationales. Il existe d’autres techniques qui consistent à brouiller le signal au niveau de la réception en installant des antennes de brouillage dans les tours d’une ville, par exemple. Les Iraniens l’ont fait mais seule Téhéran a été empêchée de voir le signal. Par contre, en allant contrer le signal à sa source, sur le satellite même, on l’empêche d’arriver sur Terre. Ainsi, en brouillant le signal d’Al Jazeera à partir la Libye, ils ont empêché tous les autres pays de la recevoir sur Nilesat. Premier pays à se plaindre contre ces atteintes à la libre circulation des images, ce sont pourtant les États-Unis qui ont mis au point, dans les années 1990, cette nouvelle arme destinée à brouiller les satellites ennemis, appelée «Counter Communications System». Ce système de brouillage entre dans le cadre de la politique spatiale de sécurité nationale adoptée par Bill Clinton en 1996. Basé au sol, ce système utilise des ondes électromagnétiques permettant de mettre hors service, de manière temporaire et réversible, les transmissions de satellites de communication. Il est également transportable facilement. Ces technologies présentent l'avantage de brouiller les communications sans détruire les satellites donc sans créer de débris spatiaux. Il est clair que une station montante qui transmet par erreur sur la même fréquence qu'une station titulaire va brouiller cette dernière. Il peut y avoir un problème de polarisation de la station brouilleuse, car certains satellites utilisent des transpondeurs de même fréquence pour chaque polarité.
SNS

Un espoir pour briser le diktat d’Al Jazeera Sports ?
Au nom de l’intérêt général, les juges européens ont confirmé, jeudi 17 février, le droit pour les pays d’interdire la diffusion des Coupes du monde et de l’Euro de football sur des chaînes payantes. Cette décision, lourde de conséquence, fait suite à un recours qu’avaient intenté la Fifa et l’UEFA à l’encontre de la Belgique et du Royaume-Uni. Les deux fédérations contestaient la décision prise par les deux pays de n’autoriser la diffusion des deux compétitions qu’à des chaînes gratuites (les deux compétitions pour la Belgique et uniquement la Coupe du monde pour le Royaume-Uni). La cour de justice de l’Union européenne a estimé que «lorsque ces compétitions sont, dans leur intégralité, d’une importance majeure pour la société, cette restriction de la liberté de prestation des services est justifiée par le droit à l’information et par la nécessité d’assurer un large accès du public aux retransmissions télévisées de ces événements». Nous osons espérer que ce droit sera étendu aux autres peuples du monde qui sont beaucoup plus pauvres que les Européens. Si l’on reconnaît pour ces derniers le droit de regarder les matches de la Coupe du monde sans débourser un sous pour l’achat des cartes d’abonnement, il devrait être logique de l’étendre à nos peuples. Mais les Européens ont des institutions qui les défendent. Qui défendra notre droit de voir – au moins — les matches de notre équipe nationale gratuitement ? Qui osera se lever contre le diktat d’Al Jazeera Sports qui a des prolongements dans nos propres institutions sportives et médiatiques. Il faut que les Algériens fassent entendre leur voix, en s’unissant à tous les autres peuples de la région soumis au pouvoir absolu des princes arabes qui ont acheté les droits du Mondial pour le revendre à des sommes exorbitantes. A ce titre, il faut féliciter l’ENTV d’avoir refusé le chantage d’Al Jazeera Sports sur la retransmission du CHAN-2011. Si tous les pays concernés agissaient de la sorte, le droit des Européens traverserait aussitôt la Méditerranée…
SNS

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