Monde : UN 8 MARS PORTEUR D’ESPOIR VENU DU SUD
Marche samedi à Paris pour l’égalité, la liberté et la dignité


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Le cortège partira cet après-midi à 14h30 du parvis des droits de l’homme (Trocadéro) pour atteindre l’ambassade d’Iran puis celle d’Égypte (avenue d’Iéna) et aboutir enfin à la place Rio-de- Janeiro, en face de l’ambassade d’Algérie. Une délégation conduite par Marie-Georges Buffet et regroupant des militantes féministes algériennes demandera à rencontrer M. Sbih, l’ambassadeur algérien. Notons que la CNCD Coordination France, qui participera à toute la marche, a refusé toutefois de prendre part à cette délégation dans la mesure, expliquent ses responsables, où elle demande tout simplement le départ de ce «régime» et qu’elle ne trouve aucune légitimité à ses représentants.
Les manifestations pour l’égalité et la liberté des femmes auront une tonalité particulière cette année. En moins d’un mois, deux dictatures – la tunisienne et l’égyptienne – ont été «mises à terre». Dans ces deux pays, les femmes étaient fortement mobilisées et ont pris part aux bouleversements opérés. A l’appel du Collectif national (français) pour les droits des femmes (CNDF), beaucoup d’associations et d’organisations des pays du sud de la Méditerranée se joindront à la marche pour l’égalité, la liberté et la dignité. Il en est ainsi de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie Coordination France qui, naturellement dit-elle, verra les femmes démocrates algériennes se joindre à cette marche et faire sien l’appel du CNDF qui souligne qu’en Tunisie et en Égypte, «les femmes étaient présentes dès les premiers jours et ont, nombreuses et résolues, participé à ce bouleversement. Partout ailleurs de par le monde, les femmes continent à se mobiliser, à se battre contre des régimes autoritaires et tortionnaires, contre des sociétés machistes, hétéro-sexistes et rétrogrades. Elles se battent pour leur autonomie et pour qu’il soit mis fin aux discriminations dont elles sont l’objet». Et pour être plus précis, l’appel explicite le cœur de ce combat dans plusieurs pays. Celui des Algériennes revendique l’égalité des droits, des lois civiles égalitaires et l’abrogation du code de la famille. Et comme il se confond avec le combat de toutes les forces démocratiques, il exige le rétablissement des libertés individuelles et collectives, le travail et la justice sociale et un état de droit et le rétablissement des libertés individuelles et collectives. En Tunisie, la revendication porte sur la consécration de l’égalité des droits dans la Constitution, l’instauration de la laïcité et la levée des réserves émises notamment sur l’héritage lors de la ratification en 1985 par ce pays de la CEDAW, ou traité international qui réglemente la non-discrimination à l’égard des femmes. L’abrogation du code du statut personnel, la mise en place d’un état laïque et la participation des femmes à la commission pour la réforme de la Constitution sont le combat actuel des Egyptiennes. Quant aux Iraniennes, c’est non seulement l’abrogation du code de la famille et de toutes les lois discriminatoires à l’égard des femmes qui est exigé mais il est, en outre, demandé l’inscription dans la constitution de cette égalité, l’exigence d’un état laïque et l’abrogation de la CEDAW que ce pays n’a pas abrogée. En Afghanistan, les femmes, face au danger qui pointe, demandent le maintien de la Constitution actuelle, qui malgré quelques manques garantit et encourage la place de la femme mais elles interpellent sur le fait qu’elles soient les premières victimes de la corruption et de la pauvreté et par ailleurs et plus fondamentalement «elles refusent toute négociation avec les talibans, frein à la démocratisation et à la stabilité du pays». Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, en France aussi, le combat des femmes n’est pas clos et la lutte est plus que jamais nécessaire. Car, si dans les pays dits à régime démocratique comme dans l’Hexagone, la femme est protégée au plan juridique des discriminations, la situation n’est pas toujours aussi idyllique que l’on pourrait croire. Les rapports de domination homme/femme sont toujours à l’œuvre : non-égalité des salaires, droit à l’avortement et à la contraception menacé, violences faites aux femmes malgré la loi du 9 juillet 2010 dont il est demandé l’application, non-respect du droit d’asile pour les femmes persécutées pour des raisons racistes, religieuses ou pour leur orientation sexuelle. Pour toutes ces raisons, les femmes de plusieurs nationalités battront le pavé parisien cet après-midi. Le départ se fera du parvis des droits de l’homme au Trocadéro à 14h30 pour atteindre l’ambassade d’Iran avenue d’Iéna, puis le cortège fera un arrêt à proximité de l’ambassade d’Égypte, remontera vers la place Charles-de-Gaulle puis atteindra la place Rio-de-Janeiro, à proximité de l’ambassade d’Algérie, pour se quitter enfin au métro Courcelles.
K. B.-A.

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