Culture : 8 MARS, JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME
Hommage à Bahia Rachedi


Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Enfin, un hommage bien mérité est rendu à la grande comédienne Bahia Rachedi, l’une des figures emblématiques de la télévision et du cinéma algériens.
Organisée à la salle Sierra Maestra, Alger, la cérémonie coïncide avec le 8 mars, Journée internationale de la femme. Cette louable initiative revient à l’association culturelle du cinéma Lumières, en collaboration avec l’APC de Sidi M’hamed. Animation et ambiance festive seront au rendez-vous, à partir de 14h30, avec la zorna Richette Bouzaréah et un orchestre féminin. De son côté, le talentueux comédien Mohamed Adjaïmi fera découvrir au public une autre facette de son art : la lecture de ses œuvres poétiques. Autre exclusivité dédiée à Bahia Rachedi : la projection d’un documentaire sur son parcours, que vient tout juste de réaliser Amar Rabia. Comme bouquet final, la star de cette journée du 8 Mars aura droit à une belle surprise (Mokhtar Bourouina, président de l’APC de Sidi-M’hamed, ne veut pas dévoiler laquelle). «Je suis très émue, nous confie la sympathique comédienne. C’est bien la toute première fois dans ma carrière qu’un tel hommage m’est rendu. J’en suis honorée et très reconnaissante à tous ceux qui ont pensé à moi. Mes remerciements vont aussi à mon public qui m’a toujours encouragée.» Il faut dire que ce qui distingue Bahia Rachedi, c’est ce côté naturel, ce don inné de gagner les cœurs, notamment en interprétant des rôles de femme cool et adorable. Surtout lorsqu’elle incarne le personnage de la maman. Elle est alors une mère algérienne pleine de noblesse, d’amour et de courage. Forcément, cela finit par coller à la peau. Le public, lui, est conquis. En réalité, Bahia Rachedi n’a pas besoin de «jouer la comédie», en ce sens qu’elle est naturellement altruiste, gentille, sympa et très attachante. La mayonnaise (le phénomène d’identification du public) prend donc tout de suite, le talent de l’artiste fait le reste. Depuis son jeune âge, elle rêve de musique, de chant, de cinéma. Se faire plaisir tout en donnant du bonheur aux autres. Le monde de l’art et du spectacle la fascine au point qu’elle finit par se lancer. Très jeune, elle intègre alors la célèbre chorale de la Radio et télévision algérienne. Elle y obtient le prix spécial du jury, ce qui est une sacrée performance à l’époque. Le premier pas franchi, son talent confirmé, Bahia Rachedi sait désormais qu’elle est née pour être artiste. Le célèbre réalisateur Mohamed Oukaci ne s’y est pas trompé. Il l’a tout de suite remarquée et lui offre, à 20 ans, son premier rôle dans une opérette. De 1969 à 1973, Bahia Rachedi entreprend des études de musique au conservatoire d’Alger. C’est là qu’elle rencontre l’homme de sa vie, le chanteur Mohamed Rachedi, avec qui elle fera un long chemin (son mari est décédé le 23 juin 2007 ; elle a publié après sa disparition Essoukar el mour, une œuvre exutoire en hommage au défunt). Durant ces années d’apprentissage et de maturation, elle est membre de la troupe théâtrale de la radio, de la chorale de la RTA. Ayant plusieurs cordes à son arc, Bahia Rachedi entame tout naturellement une carrière de comédienne sur les petit et grand écrans. Dès lors, les téléspectateurs et les amoureux du cinéma algérien la découvrent puis la retrouvent régulièrement dans des feuilletons et des films. Bahia Rachedi s’est définitivement imposée à l’écran, elle est devenue une comédienne incontournable. Ce visage familier du petit écran a pu ainsi inscrire à son palmarès une trentaine de feuilletons dans lesquels son nom est associé aux rôles principaux. Parmi les plus récents, Bin el barah ouel youm (1999) et Djourouh el hayat (2009), tous deux de Amar Tribèche. Elle est aussi l’héroïne du téléfilm culte Imraatan (1991), encore signé Amar Tribèche. Bahia Rachedi s’est également produite dans deux sit-coms : Pas de gazouz pour Azzouz et Caricatures. Son registre riche et varié de comédienne comprend même de nombreux films et feuilletons religieux ou historiques où elle campe des rôles principaux. Parmi les films cinématograhiques qui ont jalonné son parcours, on retiendra Douar ennissa de Mohamed Chouikh, El-Manara de Belkacem Belhadj, Rachidade Yamina Bachir-Echouikh... Ce riche parcours lui a valu de nombreuses récompenses et prix à l’occasion des festivals auxquels elle a participé. Elle a notamment décroché le prix du meilleur second rôle féminin au Festival de Carthage, en 2002 avec le film Rachida. Toujours en Tunisie, en 2005, elle obtient le prix du meilleur premier rôle féminin pour le film Sabira. Auparavant, en 2004, Bahia Rachedi a obtenu le certificat de la meilleure présence à l’écran lors du festival du film arabe à San Francisco, Etats- Unis. Un festival dont elle garde d’ailleurs un très bon souvenir. «A San Francisco, nous dit-elle, j’ai eu droit à un bel accueil à l'aéroport : bouquet de fleurs, limousine... Ici, l’artiste est reçu avec les honneurs.» Le Fennec d’or 2006, à Alger, l’a aussi fort justement récompensée pour son rôle dans le feuilleton Mouftaraq ettourouq. Bahia Rachedi a participé dans plus de 50 films, feuilletons, téléfilms et autres sit-coms. Toujours aussi active et égale à elle-même, elle est aujourd’hui en plein tournage. Elle incarne en effet la reine Aïcha dans le film L’Andalou du réalisateur Mohamed Chouikh. Naturellement, elle a été sollicitée par d’autres cinéastes qui projettent de tourner pendant l’année en cours. Signe que Bahia Rachedi sera encore, pour longtemps, cette grande dame qui continue de faire honneur au cinéma et à la télévision. Pour notre plus grand bonheur.
Hocine T.

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