Actualités : À MOINS D’UN DÉNOUEMENT DE DERNIÈRE MINUTE
Les cheminots déterminés à paralyser le rail


L’option d’une paralysie totale des activités ferroviaires est irréversible, a-t-on appris hier de source syndicale sûre. Les cheminots, déterminés à aller au bout de leur action, exigent la satisfaction totale de leur plateforme de revendications.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - A moins d’une année de la grève de dix jours de mai 2010, les cheminots reviennent à la charge. A partir d’aujourd’hui, ils comptent observer un arrêt de travail national. L’action, initiée par des syndicalistes de base, a contraint la Fédération nationale des travailleurs des cheminots, affiliée à l’UGTA, à engager une véritable course contre la montre. L’objectif recherché : désamorcer la crise et éviter au secteur des cheminots une paralysie de ses activités. En d’autres termes, à moins d’un accord de dernière minute entre les cheminots et la direction générale de la SNTF, les stations ferroviaires du territoire national seront paralysées par une grève nationale illimitée. «Nous, travailleurs et sections syndicales de la SNTF, nous nous remettons à notre tutelle UGTA, à sa tête le frère Sidi- Saïd, et l’informons que nous ne sommes pas d’accord sur la classification et les points indiciaires décidés en septembre 2009», lit-on dans une lettre adressée au premier responsable de la Centrale syndicale. Selon eux, «les critères de la promotion des agents ne doivent pas constituer un moyen masqué de réduire le déroulement de carrière par un accès limité des promotions et avancements des travailleurs. Le point indiciaire doit prendre en compte l’ancienneté et le poste occupé», ajoute-t-on. Selon nos sources, les discussions entamées entre les représentants des travailleurs via la Fédération des cheminots et la tutelle depuis ce vendredi risquent de se poursuivre aujourd’hui. Les représentants des travailleurs, comptent, selon les mêmes sources, peser de tout leur poids pour ramener la direction générale à revoir sa copie et par voie de conséquence, donner suite aux revendications des travailleurs. Pour rappel, en mai 2010, les cheminots ont observé une grève de neuf jours qui a abouti à une revalorisation conséquente de leur grille de salaire à travers l’application totale des clauses de la convention de branche. Toutefois, au-delà de la dimension sociale du conflit, cette grève a révélé les limites des projets gouvernementaux. L'Etat a mobilisé, depuis 2004, plus de 30 milliards de dollars pour moderniser les chemins de fer. Des lignes ont été modernisées ou créées et des trains de plusieurs centaines de millions d’euros acquis. «Mais pour gérer ce réseau, il y a une entreprise publique mal gérée et surtout difficile à rentabiliser, qui peine à assurer un salaire décent à ses travailleurs. Aujourd’hui, un salarié de la SNTF gagne l'équivalent du prix d’un billet de TGV entre Paris et Marseille», nous explique un syndicaliste du secteur, et d’ajouter : «En engageant la modernisation des chemins de fer, le gouvernement a réfléchi à tout sauf au détail le plus important ; comment les rentabiliser ? Aujourd’hui, appliquer une logique commerciale à la SNTF — ce que semble suggérer le gouvernement — rendrait le prix d’un billet de train inaccessible pour la quasi-totalité des Algériens, dont le pouvoir d’achat est au plus bas. Les tarifs augmenteront avec l’apparition de la nécessité d’entretenir le nouveau matériel acquis. Là, c’est un autre problème qui va surgir et qui risque de mettre en péril le transport ferroviaire en Algérie.»
A. B.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable