Périscoop : HUMEUR
Ce n'est pas à un vieux sage qu'on apprend à faire la grimace


Ce matin-là, j'ai rencontré Da Dahmane, un vieux du village réputé pour être sage comme une image. Or, il se trouve qu'il rentrait d'un voyage en Côte-d'Ivoire, même si ce n'était pas la saison politique pour y aller.
- Bonjour grand-père, lui dis-je.

- Je ne suis pas ton grand-père ! Ou alors j'ai oublié un épisode de ma vie, me répondit-il.
- Mais non, c'est juste une expression respectueuse, vieux. Il paraît que tu reviens de la Côte-d'Ivoire, qu'est-ce qui t'as pris d'y aller ? C'est presque la guerre civile là-bas...
- Maintenant je le sais, merci. C'est à cause d'un abruti qui m'a dit : «Si tu vas en Côte-d'Ivoire, tu n'en reviendras pas !» Je pensais qu'il voulait dire que c'était bien ; c'est la faute à ces maudites expressions ! Comme toi qui m'appelles grand-père, je ne suis pas ton grand-père !!!
- Et alors, tu as vu des éléphants ? lui demandai-je.
- Oui, ils jouent plutôt bien au football. Ça n'est pas comme les fennecs algériens ou les coqs français en ce moment.
- Je parlais des animaux, pas de leur équipe de football. Tu sais, les gros pachydermes à la couleur grise et qui ont peur des souris. C'est à cause de leur défense en ivoire que les Français, il y a quelques siècles, ont donné ce nom à ce pays, lorsqu'ils venaient faire leur marché aux esclaves.
- Non, non, je crois que les éléphants ont presque disparu, même s'ils ont un ministère rien que pour eux, le ministère de la défense. Par contre, je suis passé au bar de l'hôtel où je logeais, et après avoir bu plus que nécessaire, je voyais des éléphants partout... mais ils étaient roses. Je commençais à douter qu'il soit jamais allé en Côte-d'Ivoire, j'aurais pensé qu'il aurait ramené au moins un objet sculpté dans l'ivoire, comme souvenir. Parce que, pour avaler toutes ses histoires, il me fallait l'ivoire pour y croire !
T. A.-M.

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