Monde : Un séisme et un tsunami frappent le Japon

Un séisme de magnitude 8,9, le plus fort jamais enregistré au Japon, a frappé hier le nord-est du pays, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes Pacifique et faisant au moins 40 morts et une quarantaine de disparus.
A la suite de ce tremblement de terre, la plupart des Etats riverains du Pacifique, de l'Océanie à l'Amérique latine, ont émis des avis d'alerte au tsunami, mais aucun dégât important n'a jusqu'à présent été signalé en dehors de l'archipel nippon. Les zones côtières ont été évacuées aux Mariannes comme à Guam et à Hawaï, cependant que la Colombie a constaté une hausse de cinquante centimètres du niveau de la mer et que l'Equateur, où l'état d'exception a été décrété, a ordonné l'évacuation des régions menacées. Au Japon, des vagues de dix mètres de hauteur se sont abattues sur les côtes de la préfecture de Sendai et d'autres de sept mètres dans la préfecture voisine de Fukushima, ont rapporté les médias. Dans la préfecture de Miyagi, un bateau avec une centaine de personnes à son bord a été emporté, mais on ignorait le sort des passagers, selon les médias. Dans son premier bilan officiel, la Police nationale a recensé au moins quarante morts et 39 disparus, ainsi que 244 personnes blessées. «Les dégâts sont si énormes qu'il nous faut plus de temps pour regrouper les éléments épars», a indiqué un responsable. Le bilan devrait encore s'alourdir, car le gouvernement a déclaré s'attendre à «des dégâts considérables ». Il a immédiatement dépêché des navires et des soldats pour participer aux secours, ainsi que des avions pour observer la situation sur place. Le gouverneur de la préfecture voisine de Fukushima a ordonné dans la soirée l'évacuation de quelque 2 000 personnes habitant dans un rayon de 2 km autour de la centrale nucléaire Fukushima No 1. Le ministère de l'Industrie a affirmé que les 11 réacteurs nucléaires de la région s'étaient automatiquement arrêtés. Un départ de feu a été signalé dans un bâtiment abritant une turbine dans la centrale nucléaire d'Onagawa située dans la préfecture de Miyagi. Toutefois, aucune fuite radioactive ni dans cette installation, ni dans les autres sites nucléaires des préfectures touchées, n'a été détectée, selon les autorités. Les télévisions nippones diffusaient en direct des images de maisons inondées, de bateaux ayant chaviré et de voitures submergées par les eaux. Une vague de boue et de débris a déferlé à grande vitesse à travers les champs et les routes, en dévastant tout sur son passage. A certains endroits, l'eau a pénétré jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres. La secousse, de magnitude 8,9 selon l'Institut de géophysique américain (USGS) qui l'avait auparavant évaluée à 7,9, puis 8,8, s'est produite à 14h46 (5h46 GMT) à 24,4 km de profondeur et à une centaine de kilomètres au large de la préfecture de Miyagi. Selon l'Agence météorologique nippone, il s'agit du plus fort séisme jamais enregistré au Japon. «Nous avons été secoués si violemment qu'il fallait s'accrocher pour ne pas tomber», a témoigné une responsable de la municipalité de Kurihara, la plus durement touchée dans cette préfecture. «Nous ne pouvions pas nous échapper de l'immeuble parce que les secousses n'arrêtaient pas de se succéder», a-t-elle dit à l'AFP au téléphone. A Tokyo, à environ 380 km de l'épicentre, les gratte-ciel, construits sur des structures parasismiques spéciales, ont tangué pendant de longues minutes après le séisme. Un toit s'est effondré sur un bâtiment du centre de Tokyo où 600 étudiants participaient à une cérémonie de remise de diplômes, faisant de nombreux blessés, selon les pompiers et les médias. Dans les bureaux et les habitations, des objets ont chuté des étagères, les ascenseurs ont été automatiquement arrêtés, tandis que des millions de personnes se précipitaient dans les rues. Une dizaine d'incendies a été signalée dans la capitale, et il y a plusieurs blessés, selon les médias. Dans la région de Tokyo, une raffinerie de pétrole était en feu à Iichihara et des flammes s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. L'aéroport international de Narita, situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tokyo, a suspendu le trafic pendant plusieurs heures, mais a annoncé dans la soirée que les opérations reprenaient progressivement. Les transports ferroviaires et routiers ont également été interrompus dans une grande partie de l'archipel, en particulier dans Tokyo et sa région, bloquant des millions de personnes qui ont pris d'assaut les hôtels de la ville ou bien tentaient de regagner leur domicile à pied. Les trains express Shinkansen ont été stoppés dans tout le nord-est et les autoroutes de la région de Tokyo fermées quelques minutes après le tremblement de terre. A Tokyo, quatre millions de foyers étaient privés d'électricité. «J'étais au bureau, au dixième étage de mon immeuble. Les murs ont commencé à trembler, puis tous les meubles. Je n'ai jamais connu ça ici, j'ai eu peur !», a expliqué Saki Horikane, une employée de bureau du quartier de Ginza descendue avec ses collègues quelques minutes après la secousse. Plusieurs fortes répliques de magnitude supérieure à 6, voire 7, se sont ensuite produites et ont été ressenties jusque dans la capitale. Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre. En 1923, la ville de Tokyo avait été dévastée par un séisme majeur, qui avait fait 140 000 morts. Plus récemment, en 1995, le séisme de Kobe (ouest) avait fait plus de 6 400 morts.

Séisme de magnitude modérée au Pakistan

Un séisme de magnitude modérée, 4,8, a secoué hier le nord-ouest du Pakistan frontalier avec l'Afghanistan, dans la chaîne himalayenne de l'Hindou Kouch régulièrement touchée par les tremblements de terre, ont annoncé les autorités météorologiques. L'épicentre se situait dans une région quasiment inhabitée et des secousses de faible magnitude ont été ressenties dans la grande métropole du nord-ouest Peshawar, a précisé à l'AFP Mohammad Riaz, le chef du service pakistanais de météorologie. Aucun dégât ni aucune victime n'ont été signalés une heure et demie après le séisme, selon M. Riaz. Régulièrement secoués par des tremblements de terre, le Pakistan avait été le théâtre, le 8 octobre 2005, d'un séisme de magnitude 7,6 qui avait tué plus de 73 000 personnes et fait plus de 3,5 millions de sans-abri, essentiellement dans le nord et le nord-ouest.

 

Évacuations en cours à Hawaï, avertissement sur la côte-ouest

Les habitants des zones côtières d'Hawaï ont été évacués hier suite à l'alerte au tsunami émise après le très fort séisme survenu au large du Japon, tandis qu'un «avertissement» a été émis pour une partie de la côte-ouest américaine.
«Nous avons environ quatre heures pour faire évacuer le littoral », a déclaré John Cummings, des services d'Honolulu chargés des situations d'urgence. Les sirènes se sont déclenchées jeudi à 21h59 (vendredi 7h59 GMT) et devaient retentir toutes les heures par la suite. Des cars étaient réquisitionnés pour évacuer les habitants et les touristes des zones concernées et les autorités se préparaient à ouvrir des centres d'évacuation. Les premières vagues provoquées par le tsunami devaient atteindre les côtes de l'île vers 2h50 (12h50 GMT) et la côté-ouest américaine vers 7h45 (15h45 GMT) d'après les autorités. «Tous les résidents qui vivent dans les zones d'évacuation en cas de tsunami doivent évacuer immédiatement», ont annoncé les services d'urgence. «Une alerte au tsunami a été émise pour l'Etat d'Hawaï. Une série de vagues destructrices ont été annoncées par le centre d'alerte tsunami du Pacifique», ajoutent-ils dans un communiqué. Hawaï se situe à 6 500 km à l'est de l'épicentre du séisme. La principale ville, Honolulu, est située sur la côte-ouest hawaïenne et est donc exposée en cas de tsunami venu du centre du Pacifique. Le maire d'Honolulu, Peter Carlisle, a insisté sur CNN sur le caractère imprévisible des tsunamis. «Les informations que nous avons collectées nous ont amenés à penser qu'il fallait évacuer et prendre toutes les précautions nécessaires. Ce qu'il y a avec les tsunamis, c'est qu'ils sont très très imprévisibles. Vous ne pouvez pas savoir combien de vagues il va y avoir, quelle vague va être la plus destructrice», a-t-il déclaré. Un «avertissement» qui correspond à un niveau plus bas que «l'alerte» a été émis pour une partie de la Californie, une partie de l'Alaska et l'Etat de Washington où il a été demandé aux habitants de quitter les plages, ports et marinas. «Avec un séisme de cette puissance, nous pourrions vraiment observer des vagues sur la côte-ouest», a prévenu Cindi Preller, du centre d'alerte tsunami du Pacifique.

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