Monde : UN SOMMET, PLUSIEURS INCERTITUDES
Bruxelles acte ses divergences tripolitaines


Van Rompuy, président du Conseil européen, a souffert, hier, avant, pendant et après la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.
Question ferme, déjà. V. Rompuy a dû adresser deux lettres d’invitation à ses prestigieux convives. L’une pour ceux qui font partie de la zone euro, l’autre à ceux qui forment le grand ensemble européen. Les 27, comme on dit ici. Ça ne baigne pas dans l’huile, à Bruxelles, autant l’écrire. Le jasmin de Tunis, puis le rahil de Moubarak avaient, l’on s’en souvient, étalé au grand jour les divergences et les rivalités intereuropéennes. Concernant la Libye, le consensus de façade affiché est fragile, il ne tiendra pas la route. Aucune grosse cylindrée ne veut laisser la lecture diplomatique, domaine de souveraineté, à Bruxelles. Berlin, Paris, Londres, Rome, Madrid et les autres, tous les autres, vieux briscards, comme ceux du Benelux ou nouveaux débarqués de l’Est, aucune capitale ne tire les mêmes conclusions concernant le pays de Guedhafi. L’Italie, en première ligne, vu ses relations privilégiées avec la Libye, l’Allemagne, le Royaume-Uni veulent des mesures de coercition contre Tripoli, mais pas plus. Si d’autres mesures doivent avoir lieu, c’est au Conseil de sécurité de l’ONU d’en décider, pas l’Union européenne. Ce n’est donc pas le pavé dans la mare jeté par le président français, reconnaissance du conseil de transition de Benghazi comme unique représentant de la Libye, qui arrangera les affaires. Les autres ne suivront pas, c’est certain. C’est le moins que l’on puisse relever. Même Alain Juppé, tout nouveau revenant ministre des AE de France, semblait, à Bruxelles, perplexe par rapport à la décision de son président. Il l’était d’autant plus que Bernard Henry-Lévy, personnalité controversée, n’ayant aucune fonction officielle, a assisté à la rencontre entre Sarkozy et la brochette des insurgés de cyrénaïque. Le relex français a tenté, tant bien que mal, plutôt mal que bien, de justifier la décision de l’Elysée, ça ne semblait pas convaincant. Retour au président de l’Europe, Van Rompuy. Il propose la mobilisation de ressources pour faire face à l’afflux des réfugiés, les difficultés de l’immigration irrégulière récente, les modalités de l’évacuation des citoyens de l’UE et le soutien aux «transitions» en cours en Tunisie, en Égypte et dans la «région au sens large». Van Rompuy ne cite pas la Libye expressément et est loin de vouloir reconnaître les insurgés de Benghazi comme représentants uniques de Libye. La Libye guedhafienne déchirera davantage l’Europe. Pour les décisions qui auront un sens pratique, il faut attendre la visite de H. Clinton dans la région. La région, c’est l’Afrique du Nord, et non l’Europe. Avec la Libye, l’UE est en train de rater un virage historique déterminant. La faute à qui ? Cela importe peu.
A. M.

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