Par Arezki Metref
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Dimanche 6 mars : Haine éthnique !
Ouaouh, ils sont encore là ! Qui ? Les vigiles, voyons ! Ceux qui ont descendu Tahar Djaout. Ceux qui mènent la barque comme ils l’entendent et qui la mènent où ça leur chante ! Ceux qui décident de qui, quand, comment et pourquoi on doit protester contre eux, en réglant des détails auxquels on n’aurait même pas pensés ! Scénaristes pointilleux, ils n’acceptent que les scènes qu’ils ont fignolées eux-mêmes. Ça pète partout dans le monde arabe ?
Ils devancent la vague avant qu’elle ne les atteigne ! En vrais sportifs, ils ont horreur que d’autres les supplantent, fût-ce dans une action contre eux. Depuis des lustres, ce sont eux qui édictent les règles, en étant tout, une chose et son contraire, le pouvoir et l’opposition. Ainsi, ils ont pu faire exploser la CNCD par les manœuvres habituelles et ourdi — ah, le verbe fétiche, qu’ils adorent ! — une agression contre Saïd Sadi. C’est un procédé dégueulasse que d’avoir remonté contre lui des jeunes ouled el houma, au point qu’ils en arrivent à lui balancer un coup de couteau. Un vrai ! Pas bien difficile et parfaitement pervers d’exacerber les sentiments de jeunes frustrés contre un homme politique, en jouant précisément sur ces frustrations tout en attisant au maximum les facteurs de division les plus implacables. Que les policiers présents sur la scène du lynchage n’aient non seulement pas réagi mais de surcroît encouragé les agresseurs en cautionnant leurs actes par leur inertie, engage naturellement le pouvoir en place. De même que les insultes ignobles proférées sont assumées en quelque sorte par le pouvoir puisqu'il ne les a pas dénoncées. Le chapelet ? Le voilà tel que relevé par Oudassou Bida, un lecteur du Soir d'Algérie, qui y a publié une opinion envoyée de Tamanrasset. Attachez vos ceintures : «Sale Kabyle», «Sale Juif», «Français», «Kafir», «Retourne dans ton douar», «Houma dialna», «A mort Saïd Sadi», «Rentrez chez vous au bled, sales Kabyles»... Le lecteur cité y voit avec raison de la haine ethnique. Il n'a pas tort de souligner que, d'accord ou pas avec l'option politique de Saïd Sadi, on ne doit pas accepter que de telles choses soient vomies sans qu'il y ait une réaction d'indignation...
Lundi 7 mars : Démocratiques ? Vraiment ?
Il paraît que certaines «forces démocratiques » se réjouissent que la protestation capote sous prétexte qu'elle est menée par un parti politique. Il n'y a que chez nous qu'on excelle à marquer ainsi contre son camp. Du coup, nous voilà à la traîne du «monde arabe» sur lequel pourtant on pouvait prendre une avance méritée... Objectivement, l'Algérie qui ferraille depuis des lustres contre un pouvoir autoritaire et matois se fait coiffer au poteau à la ligne d'arrivée... Il faut partir à point, dit le dicton ! Ben Ali et Moubarak sont partis sous les quolibets. Kadhafi est sur la sellette. Mohammed VI est sur le point de revoir sa copie politique. Et nous ? Enfin eux… Eh bien, ils reviennent même sur ce Smig : la levée effective de l'état d'urgence ! Pffft !... On nous prend vraiment pour des godillots ! Passé l'instant de panique inévitable au spectacle des résultats des manifestations en Tunisie et en Égypte, nos gouvernants recouvrent leur superbe, cette morgue qu’ils portent haut et qui ne nous sied guère. Il est vrai qu'ils ont supprimé ou assoupli l'absurde S12, rétabli certains prêts bancaires, histoire de vérifier si on peut crier la bouche pleine. Mais pour ce qui est du reste, rien ! Aucune de ces libertés réclamées par une société étranglée n'est esquissée. Sur la ligne d’horizon du récit abscons dont nous bassine la télévision d'Etat de la scène nationale, pas la moindre silhouette de ce changement indispensable. Interdiction de marcher pacifiquement pour expectorer cette colère accumulée depuis le temps où les injustices et l'arbitraire ont commencé à s'empiler en un dossier qui, un jour, pèsera de son poids vengeur. Si ceux de l'étage du dessus s'en tirent plutôt bien, on ne peut pas dire que c’est grâce à leur intégrité. C'est juste que leurs bienfaiteurs, les protecteurs occidentalo-américains, redoutent une déstabilisation de l'Algérie, préjudiciable à leurs plans dans la région. Ils préfèrent sacrifier... les Algériens sur l’autel de leurs juteux intérêts économiques et géostratégiques... Jusqu'à quand, et quelles sont les autres phases du plan ? WikiLeaks ne dira jamais des choses comme ça....
Mardi 8 mars : Journée de la femme, tu dis ?
Journée internationale de la femme ! Journée d’un racisme ordinaire ! Mais tout de même, «internationale». Ce n’est pas pour autant que ça en a plus de gueule ! Comme pour les grandes compétitions footballistiques, nous aussi on participe. C'est surtout la journée où les mecs se donnent bonne conscience en offrant une rose blanche ou rouge et parfois une demi-journée de congé... On peut compléter l'attirail par un discours bien senti, adouci par un élan lyrique lamartinien, sur le rôle de la femme dans la vie des hommes. Tu sais le truc sur la mère, la sœur, l'épouse, la militante, etc. Paroles ! On devrait avoir honte de parler de journée de la femme dans un pays qui a un code de la famille comme le nôtre. Soad Baba Aïssa, cette militante pour les droits des femmes, a parfaitement raison de relever que parmi les revendications portées par les marches, il n'est jamais question des droits des femmes. C'est-à-dire que dans le grand chambardement qui voudrait sortir le «monde arabe» de l'ornière des archaïsmes dictatoriaux, on ne prévoit rien pour la moitié de la population condamnée à vivre dans une condition moyenâgeuse. Ça ne peut pas marcher, ce truc, non ! Pas la peine de se fendre de poèmes sur les femmes. Usez plutôt encore et encore de votre salive, messieurs le 8-martiens zélés, à appeler à l'abrogation du code de la famille. Seulement après, les roses exhaleront une fragrance encore plus poétique, car son arôme se parera de liberté.
Mercredi 9 mars : Les serpents messagers !
Algérie Poste procède à l’émission de timbres-poste à 15 DA chacun ayant pour thème : «Reptiles». Cherchez le symbole.... A moins qu'un timbre n'ait pas de sens, pourquoi privilégier un thème à un autre ? Quel message leurs spécialistes de la communication tentent-ils de véhiculer par le biais de cette catégorie de sauropsides doués pour la reptation. Ouallah, c'est pas gratuit et encore moins insensé, ce choix ! On ne me le fera pas croire, non ! Des reptiles en pleine tentative de révolution et on vient nous dire que c'est par souci juste pédagogique ! On ne peut mieux dire, il suffit de ne pas se mélanger dans les notices, c’est pas de la zoologie, c’est de l’histoire. Jadis, dans les milieux de la pègre ordinaire, on utilisait ce code pour prévenir de l'arrivée de flics banalisés : «Akh, akh, lahnouc h a ! » Traduit ? «Fais gaffe aux serpents !». N'est-ce pas, en vertu de ce poncif, une façon de rendre hommage à l'Etat policier que de frapper des timbres de reptiles ?
Jeudi 10 mars : L’âne a perdu la tête !
Un papier relevé dans Le Soir d'Algérie. Il n'est plus question de reptiles mais d'ânes, le chemin n'est pas plus long ! Ça se passe à Mosta. Dans la décharge du marché, la tête et les pattes d'un âne ont été jetés. Ce n'est pas du shour, cette magie noire locale, non ! C'est juste la rumeur vite répandue qu'un ou des bouchers indélicats auraient évidé le baudet pour vendre sa viande. Panique générale ! Se retrouver avec de la chair d'équidé commun dans son assiette, c'est la calamité absolue. L'article nous apprend qu'un agent communal interrogé émet l'hypothèse que les morceaux de l'âne en question pourraient provenir du cirque Il Florilegio, qui semble avoir dressé ses chapiteaux dans le coin. L'agent ne cherche pas à comprendre, dans l'hypothèse qu'il émet, pourquoi le cirque ne jetterait que la tête de l'âne et non pas le reste de la carcasse. C'est que quelqu'un a dû bouffer de la viande d'âne en pensant manger du lion. Mais ce n'est pas plus mal, quand on sait que le symbole du parti qui domine encore le monde, le parti démocrate américain auquel appartient le président des Etats-Unis, est l'âne. C'est sérieux, là !
Vendredi 11 mars : Tsunami nippon !
Vu les images du séisme et du tsunami au Japon ! Un bilan, hélas exceptionnellement élevé, mais coup de pot, si on peut dire, que ça se soit passé au Japon ! Dans un pays sous-dev, un coup comme ça, t'extermines la quasi-totalité de la population.
A. M.

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