Actualités : FRAPPES INTERNATIONALES
Les inquiétudes de Bruxelles, et surenchère de Paris


De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
L’Europe considère l’engagement de la France en Libye louche, très louche même. Si beaucoup de pays de l’UE ne critiquent pas ouvertement l’attitude de Paris, cela est dû, exclusivement, aux massacres perpétrés par El-Gueddafi contre sa population. Qui pourrait, ici, monter au créneau et demander l’arrêt du déluge de feu contre le cinglé de la Tripolitaine ? Difficile par les temps qui courent. N’empêche !
Le sommet européen de jeudi et vendredi prochains, devrait, c’est certain, cadrer et même encadrer les ardeurs guerrières du président français. Plusieurs pays et non des moindres à l’intérieur de l’UE (Allemagne en tête), ou en dehors (Russie) ou encore en pourparlers d’adhésion (Turquie), européens, tous, tout de même, émettent des réserves sans nuance sur la méthode Sarko en Libye. Avec l’appareillage du porte-avions Charles-de- Gaulle vers les côtes de Libye — dispositif disproportionné, c’est évident – les distanciations par rapport à la France devraient s’amplifier. Ni le Royaume-Uni (Perfide Albion), ni même les USA, partie prenante de l’expédition punitive contre El-Gueddafi, ne sont dans une surenchère aussi louche que celle du président français. Il est, c’est sûr, évident que la Libye sert les intérêts hexagonaux, purement électoralistes (l’an prochain 2012, la présidentielle en France) du patron de l’UMP, cela ne devrait cependant par aller plus loin selon plusieurs sources concordantes à Bruxelles. «Se positionner sur l’échiquier de son pays est une chose, entraîner l’Europe dans une aventure sans objectifs clairs en est une autre.» L’entrée en piste, et en guerre, d’autres pays – hier, c’était au tour de la Belgique – devrait affirmer le caractère européen de l’engagement en Libye, sans calculs électoraux, ni arrière-pensées commerciales, comme celle de la mise dans le ciel de Libye du Rafale qui n’a pas trouvé preneur sérieux au jour d’aujourd’hui. L’Europe, c’est aussi et surtout l’Allemagne. Cette dernière est circonspecte, mesurée, laisse venir. Au Conseil de sécurité, Berlin n’a pas dit oui à la «1973», ni non d’ailleurs. Mais c’était plus un non qu’un oui, ce qui promet de chaudes empoignades inter-européennes sur la Libye.
A. M.

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