Le Soir Auto : CLÔTURE DU SALON D'ALGER
Engouement populaire et mépris des pouvoirs publics


C'est ce dimanche que la 14e édition du Salon d'Alger arrivera à son terme après une dizaine de jours d'intense animation autour d'un thème qui occupe aujourd'hui une place prépondérante dans la vie des Algériens, l'automobile. La conclusion majeure que tous les observateurs s'accordent à mettre en avant est son évolution importante vers un niveau de professionnalisation qui surprend et satisfait en même temps.
Il est loin le temps de l'amateurisme et de l'improvisation. La participation de la majorité des concessionnaires obéit désormais à un cahier des charges établi par les constructeurs qu'ils représentent et qui les astreint à un respect rigoureux des normes et de la charte identitaire de la firme. Souvent, la conception des stands repose sur la même grille d'exigences et offre ainsi aux visiteurs l'opportunité d'apprécier un design et des aménagements similaires à ceux qu'on découvre dans les plus grands salons du monde. La professionnalisation, c'est aussi la présentation de nouveautés authentiques qui arrivent pour quelques-unes directement d'une première mondiale dans les allées feutrées du salon de Genève. C'est là une grande marque de respect et de considération à l'égard du visiteur algérien, habitué par le passé à se contenter de modèles lustrés de la gamme de tous les jours. Mieux encore, on a assisté à une première africaine chez Volkswagen avec la nouvelle Jetta. La professionnalisation, c'est surtout l'inscription par les constructeurs du salon d'Alger dans une perspective d'introduction, à terme, de véhicules roulant à des carburants non polluants ou encore à l'énergie électrique et hybride. Une initiative louable à plus d'un titre qui a suscité beaucoup d'intérêt de la part des visiteurs et des débats entre chercheurs et journalistes mais, hélas, en l'absence des pouvoirs publics qui, à l'évidence, ont d'autres préoccupations à gérer. La préservation de l'environnement ne semble même pas intéresser les responsables du secteur qui ont apposé une fin de non-recevoir aux sollicitations de l'Association des concessionnaires automobiles pour apporter leur contribution au débat qui prend forme et qui dessine déjà un avenir qui, à défaut de le préparer, on sera contraint de le subir. Cette préoccupation a éludé un tant soit peu la récurrente question de montage et d'assemblage de voitures dans notre pays. Et même si les médias publics lourds exceptionnellement mobilisés pour l'occasion ont maladroitement polarisé les débats sur ce sujet dont seuls les pouvoirs publics détiennent la clé, l'intérêt et la préoccupation des milliers de visiteurs tournaient plutôt autour des évolutions technologiques que l'automobile ne cesse d'enregistrer et du besoin de plus en plus insistant d'un moyen de mobilité respectable pour le citoyen. Encore une fois, l'écart est énorme entre les attentes et les besoins réels de l'Algérien et la politique de méprise et d'improvisation du gouvernement. Et dans la perspective précisément de développer une véritable industrie automobile dans notre pays ou tout au moins l'encouragement de l'activité de sous-traitance, l'Etat algérien a toujours péché par une démarche pour le moins opaque et qui ne laisse, en tout état de cause, aucune volonté clairement affichée pour attirer les éventuels investisseurs internationaux. Et même les industriels nationaux ne croient plus aux élucubrations de certains responsables qui font plus dans le radotage. L'information rapportée par Le Soir d'Algérie dans son édition d'hier samedi sur la menace d'annulation du Salon d'Alger 48 heures avant son inauguration, renseigne amplement sur le désintérêt total des responsables à l'égard de ce secteur envers qui ils semblent nourrir un véritable mépris. Il sont les premiers, du reste, à ignorer les textes réglementant le secteur automobile dans notre pays qu'ils ont eux-mêmes décrétés et qui sont censés protéger les clients contre les abus des concessionnaires. Cette tendance à la professionnalisation n'a pas encore permis d'effacer des habitudes à la peau dure. Des offres commerciales ont été proposées aux clients qui pour certains attendaient légitiment cette opportunité pour espérer bénéficier de remises substantielles.
B. Bellil

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable