Société : JOURNÉE MÉDICALE DE L’ENFANT DE SÉTIF
L’asthme et l’allergie en débat


Contrairement aux autres pays, l’Algérie serait le seul pays à ne pas considérer l’asthme comme maladie chronique, alors que c’est la première maladie chronique de l’enfant touchant 10% de la population algérienne. La prévalence de cette pathologie serait de 10 à 15% dans les pays développés et de 5 à 10% au Maghreb.
En Algérie, un million d’enfants seraient asthmatiques soit 5 à 6% d’adultes et 8 à 10% d’enfants atteints par cette maladie qui vient en tête des maladies chroniques infantiles et qui représente également la première cause de consultation en urgence médicale. C’est ce qui ressort des différentes interventions d’experts ayant encadré, hier, une journée entrant dans le cadre de la journée médicale de l’enfant à Sétif, organisée par le service de pédiatrie du CHU de cette ville conjointement avec la faculté de médecine de l’Université Ferhat-Abbès et l’association sétifienne d’aide aux enfants asthmatiques (ASMA). Cette rencontre a été l’occasion de faire le point sur la situation actuelle des connaissances et pratiques en matière d’allergologie pédiatrique et, notamment, en matière d’asthme et d’allergie aux protéines de lait de vache. Ce rendez-vous médical a été rehaussé par la présence du professeur Christian Marguet, président de la Société française pédiatrique de pneumologie et allergologie. En effet, l'asthme chez l'enfant est souvent une maladie source d'inquiétude, avec un cortège de questions et d'interrogations pour l'enfant lui-même, mais aussi pour son entourage, a estimé dans son intervention, le Pr Christian Marguet. «Actuellement, en France, 10% des enfants sont diagnostiqués comme asthmatiques ou souffrent de gênes respiratoires, de bronchites à répétition, de bronchites asthmatiformes, équivalents à l'asthme. Les appellations diverses qui évitent de parler “d'asthme” sont parfois abusivement utilisées. Ces abus de langage sont utilisés pour ne pas “affoler” les parents, mais peuvent être dangereux, sources de confusion ou de retard dans le diagnostic d'asthme et, par conséquent, dans son traitement». L’asthme est la première maladie chronique chez l’enfant. Sa fréquence et sa sévérité sont en augmentation constante. Or, chez l'enfant, si cette maladie est mal traitée, il y a un risque que l'asthme s'aggrave, détériorant la fonction respiratoire. Le «capital souffle» de l'enfant doit être prioritairement préservé. C'est son «futur et son devenir qui en sont les enjeux», estime le Pr Marguet. Aussi, ce dernier a évoqué l’expérience de la France pour la prise en charge des enfants atteints d’asthme. «Au-delà du dépistage de l'asthme, il convient, donc, d'équilibrer l'asthme d'enfant pour qu’il puisse vivre normalement. Alors qu’en France 66% des enfants ont un asthme insuffisamment contrôlé, que signifie “asthme équilibré”» ? Un enfant dont l'asthme est équilibré est un enfant qui, malgré sa maladie, a des activités comme les autres : scolarité, vie sociale, loisirs, jeux, sport, vacances, … Par exemple, un enfant dont l'asthme est correctement équilibré ne doit pas manquer l'école à cause de sa maladie. Or, certains enfants, insuffisamment ou incorrectement traités, sont réveillés la nuit à cause de leur asthme (gêne respiratoire nocturne, crise d'asthme). La fatigue qui en découle peut les empêcher d'aller à l'école ou de se concentrer dans la journée. Pour l’association, «c'est en soignant correctement l'asthme de l'enfant que l'on a toutes les chances d'en atténuer la gravité à l'âge adulte !», a-til affirmé. Le second thème abordé lors de cette journée était celui des allergies ou intolérances aux protéines de lait de vache. Une maladie de plus en plus fréquente actuellement. Elle serait liée à une sensibilisation allergique de la muqueuse intestinale à une ou plusieurs composants du lait de vache et, en particulier, la bêta-lactoglobuline. On évoque ce diagnostic lorsque la diarrhée survient lors du sevrage au sein ou lors d'une diarrhée durable, parfois striée de sang chez un nouveau- né alimenté au lait de vache. Elle s'accompagne de dénutrition précoce, de vomissements, d'oedèmes, d'éruption urticarienne ou d'eczéma. Un choc anaphylactique peut parfois menacer la vie du nourrisson. Pour éviter cette maladie, la seule alternative est de donner au nourrisson un lait adapté ou hydrolysé du lait. «Il n’est pas toujours possible d’utiliser les laits de chèvre ou de brebis à cause du risque d’allergie croisée. Pour le bébé allergique ou intolérant au lait de vache, le meilleur aliment reste le lait maternel en pratiquant un régime d'éviction des produits laitiers. Lorsqu’il est nécessaire d’avoir recours à des laits artificiels, il existe des laits spéciaux pour bébés allergiques au lait de vache. Mais, malheureusement, ces laits, comme le lait de riz, d’avoine, de quinoa, de soja ou d’amande sont introuvables en Algérie et il faut, donc, que les responsables du secteur se penchent sérieusement sur ce problème en introduisant ce genre de lait adapté», a déclaré le Pr Bioud, médecin chef du service de pédiatrie au CHU de Sétif.
Imed Sellami

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable