Culture : ARCHÉOLOGIE
«Indiana Jones» restitue au Pérou les pièces du Machu Picchu


Sécurité maximale, télévision en direct, réception à la Présidence : quelque 400 pièces archéologiques du Machu Picchu ont reçu mercredi un accueil exceptionnel au Pérou, où elles ont été restituées par l'université de Yale, un siècle après leur «emprunt» sur le site inca.
Plus de 600 policiers ont été mobilisés dès l'aube pour réceptionner à l'aéroport 30 caisses scellées et suivre leur trajet jusqu'à la Présidence à bord de quatre camions, circulant en convoi, toutes sirènes hurlantes, pour se frayer un chemin dans le trafic dense de Lima. Plusieurs squelettes entiers et des ossements, des poteries, des céramiques, des parements, des outils : c'est un lot de «366 pièces de qualité suffisante pour être exposées et un millier de fragments », qui a été salué par l'hymne national à la Présidence, selon le ministre de la Culture, Juan Ossio. «Elles sont des trésors, bien qu'elles ne soient ni en or ni en pierres précieuses, car elles représentent la dignité et la fierté du Pérou (...). Bienvenue à une part de notre passé, de notre chair, de notre sang», a déclaré le président Alan Garcia, entouré de ses ministres, avant des tirs au canon. Au total, près de 45 000 objets – une majorité de fragments – seront restitués d'ici à la fin 2012, selon un accord conclu en 2010 entre Yale et l'Etat péruvien. Ils seront à terme confiés à l'université de Cuzco, la grande ville porte d'accès au Machu Picchu et coeur historique de l'empire inca. Après huit ans d'approches infructueuses auprès de Yale, Alan Garcia a mené l'an dernier une intense campagne médiatique et diplomatique pour récupérer ces pièces, et les associer aux célébrations, prévues en juillet, de la «découverte occidentale» du Machu Picchu par l'Américain Hiram Bingham. L'archéologue-explorateur, dont le personnage inspira en partie «Indiana Jones», passa à la postérité pour avoir «découvert» en juin 1911 la cité inca sur un promontoire rocheux à 2 500 m d'altitude, dans les Andes orientales et l'avoir fait connaître au monde. Lors d'expéditions entre 1912 et 1916, il emporta des pièces pour les étudier aux Etats-Unis, en s'engageant à les restituer. Une promesse demeurée sans suite. Toutefois, les gouvernements récents, du président Quechua Alejandro Toledo (2001-2006) puis d'Alan Garcia ont fait peu à peu de la restitution une cause nationale, invoquant à la fois des racines andines et leur valeur pour le tourisme. Les «trésors» seront soigneusement inspectés, puis exposés quelques jours à Lima. Ils partiront ensuite pour Cuzco, où ils demeureront, à la fois comme pièces de musée et objets de recherche, selon l'accord entre Yale et le Pérou, qui prévoit des échanges de chercheurs et d'étudiants.

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