Sports : FOOTBALL
LIGUE DES CHAMPIONS D’EUROPE (1/4 DE FINALE, ALLER)
Choc Chelsea-Manchester, test d'anglais pour le Real


Le duel anglo-anglais entre Chelsea et Manchester United représente l'affiche des quarts de finale aller de la Ligue des champions demain, précédée ce soir de la réception de Tottenham par un Real Madrid privé de ses principaux atouts offensifs et défait ce week-end.
Le FC Barcelone, épouvantail de la compétition, reçoit le surprenant Shakhtar Donetsk demain soir, le lendemain d’Inter Milan-Schalke 04, entre le tenant du titre et le rescapé allemand. Mais c’est vers l’Angleterre que l’Europe du football va se tourner, pour la énième explication entre Blues et Red Devils. Les premiers, abonnés aux demi-finales de C1 (4 sur les 5 dernières saisons), ont remporté la manche aller en championnat (2-1) mais viennent de concéder un nul (1-1 à Stoke) synonyme de croix sur le titre. Drogba a marqué son 11e but, tandis que Torres, entré en jeu pour la dernière demi-heure, n’a toujours pas inscrit le moindre but pour Chelsea. Ouvrir son compteur face à MU serait bienvenu pour le «Kid»... Rooney, lui, est sorti de sa torpeur avec un renversant triplé samedi à West Ham (4-2). Alex Ferguson a en outre pu ménager les autres éléments offensifs avec un temps de jeu réduit (Nani, Berbatov, Hernandez). Et MU, qui reste sur quatre victoires consécutives toutes compétitions confondues, caracole toujours en tête de son championnat avec le plein de confiance. Le troisième larron anglais, Tottenham, se rend à Santiago-Bernabeu pour un duel entre les deux meilleures attaques parmi les quart-finalistes (19 buts chacune). Et c’est le Real Madrid qui y sera scruté : comment réagira-t-il après sa première défaite à domicile de la saison samedi (0-1 face au modeste Gijon), qui a laissé le Barça s’échapper en tête de la Liga avec huit points d’avance ?
Le Real sans Ronaldo
Surtout, les Merengues devront retrouver leur efficacité offensive sans leurs deux principales armes, Cristiano Ronaldo et Benzema, blessés. Higuain a repris samedi et pourrait épauler ou suppléer Adebayor. La pression est cependant plus grande pour Jose Mourinho, qui joue désormais sa saison sur la seule Ligue des champions. Mais Tottenham ne va guère mieux, après quatre matches sans victoire (toutes compétitions confondues). L’entraîneur Harry Redknapp est optimiste sur la participation de son ailier vedette Bale, touché aux ischio-jambiers, mais plus circonspect pour Gallas (genou). Van der Vaart, lui, aura une revanche à jouer après avoir été placé sur la liste des transferts du Real l’été dernier. Le Real qui pleure, et le Barça qui rit : les champions d’Espagne sont allés dominer Villarreal (1- 0) privés de quatre titulaires habituels (Puyol, Abidal, Xavi et Pedro), et alors que Messi n’est entré qu’en seconde période. Les Blaugranas se méfient néanmoins du Shakhtar, largement en tête de son championnat, et très à l’aise à l’extérieur en Europe, avec trois buts inscrits lors de trois déplacements sur quatre. Le club à la colonie brésilienne (Alex, Jadson, Willian...) avait d’ailleurs frappé un grand coup en s’imposant lors de son dernier séjour à Barcelone, 3-2 en 2008-2009, avant de céder chez lui sur un doublé de Messi en toute fin de partie (1- 2). Lors de la SuperCoupe d’Europe 2009, les Catalans avaient dû attendre la prolongation pour l’emporter grâce à Pedro (1-0 a.p.). L’Inter Milan se remettra-t-il de la fessée subie samedi dans le derby face à l’AC Milan (3-0) ? La C1 semble sa dernière planche de salut. Un peu comme Schalke 04, largué en Bundesliga (11e). Raul a en tout cas une occasion de conforter sa première place au classement des buteurs en compétitions européennes (71 réalisations).

MOURINHO- REDKNAPP
L’expert face au magicien
Double vainqueur de l'épreuve, José Mourinho a déjà fait mieux que ses six prédécesseurs au Real Madrid en qualifiant le club pour les quarts de finale de la Ligue des champions où il retrouvera ce soir Harry Redknapp, dont la magie a fait de Tottenham un trouble-fête européen. Le Real et Tottenham s’affrontent ce soir au stade Santiago-Bernabeu et se retrouveront à Londres le 13 avril.
Des parcours diamétralement opposés
A 48 ans seulement, le Portugais José Mourinho présente déjà un palmarès impressionnant. Il a commencé sa moisson de titres à 40 ans avec le FC Porto : Coupe de l’UEFA et doublé Coupe- Championnat en 2003. Ont suivi, entre autres, deux Ligues des champions (2004 avec Porto, 2010 avec l’Inter Milan), deux titres de champion d’Angleterre (2005), deux autres en Italie (2010)... Hormis un an à Leiria, Mourinho n’a entraîné que des grands clubs : Benfica, Porto, Chelsea, l’Inter Milan et maintenant le Real. Le Special One est un maniaque de tactique mais aussi un excellent meneur d’hommes. «Grâce à Mourinho, je veux marquer plus et courir plus», déclarait récemment Karim Benzema, transformé et devenu une machine à buts, juste avant de se blesser en équipe de France. Le technicien anglais Harry Redknapp, 64 ans, n’a remporté qu’un titre majeur, la Coupe d’Angleterre, en 2008, avec Portsmouth et il avait déjà 61 ans. Il n’avait jamais entraîné de grand club avant Tottenham : Bournemouth, West Ham, Southampton et Portsmouth. Mais ce qu’il a fait avec les Spurs force l’admiration. Lorsqu’il prend la succession de l’Espagnol Juande Ramos en octobre 2008, Tottenham est dernier du championnat, avec deux points en huit journées. En mai 2010, il qualifie pour la première fois le club en Ligue des champions, devant Manchester City et Liverpool. Redknapp, surnommé Houdini (en hommage au prestidigitateur américain d’origine hongroise) par les supporteurs de Tottenham, n’a pas la rigueur tactique de Mourinho. Il préfère miser sur l’offensive et l’intuition. Le Néerlandais Rafael van der Vaart raconte que dans le vestiaire trône un tableau noir mais que «Harry n’écrit jamais rien dessus ».
Des personnalités aux antipodes
Mourinho ne sourit pratiquement jamais en public et une arrogance, feinte ou bien réelle, l’accompagne presque en permanence. «Mou» ne fait pas l’unanimité en dehors de Madrid et il est même détesté par les supporteurs du FC Barcelone, depuis ses frasques à l’époque de Chelsea et de l’Inter. Ses critiques, à l’égard des adversaires ou de l’arbitrage, ont souvent mis dans l’embarras les dirigeants du Real mais il a pour lui les bons résultats du club : 2e de Liga, en finale de la Coupe du Roi et en quarts de finale de la C1 (une première depuis 2004). Redknapp est un personnage controversé, notamment en raison de ses déboires avec la justice pour une affaire d’évasion fiscale, mais que tout le monde aime pour son humour et sa bonne humeur. Et aussi parce qu’il est passé à deux doigts de la mort dans un accident de voiture en Italie pendant le Mondial 90 et qu’il reste marqué à vie avec de nombreux tics au visage.
Un respect mutuel
Même s’ils ne voient pas le football de la même façon, Mourinho et Redknapp s’apprécient et se vouent une admiration réciproque. Redknapp, à propos de Mourinho : «Je me suis toujours bien entendu avec lui quand il était à Chelsea. C’est un super entraîneur, aucun doute là-dessus.» Mourinho, à propos de Redknapp : «Ce que fait Redknapp avec Tottenham, c’est brillant. Je suis parti d’Angleterre en 2008 et ils ne jouaient même pas la Coupe de l’UEFA. Maintenant regardez où ils sont. Je suis très content pour lui car c’est un ami.»

INTER MILAN
Favori à bout de souffle ?
L’Inter, champion d’Europe en titre, est logiquement favori contre Schalke 04 et son effectif plus limité, ce soir (19h45), chez lui, en match aller des quarts de finale de la Ligue des champions, mais déplore quelques blessures, au corps comme à l’âme. Epuisés. Corrigés 3-0 par l’AC Milan, samedi, les Nerazzurri n’avaient plus de jus. La chasse au Milan a lessivé les organismes, et la pause internationale a rajouté de la fatigue pour les 17 Intéristes mobilisés. Les récupérateurs Esteban Cambiasso et Thiago Motta ont paru vidé lors du derby, comme les défenseurs Javier Zanetti ou Maicon. Auront-ils récupéré pour la C1? En outre, les trois mois de folle remontée (-13 points début janvier, -2 points avant le derby) ont échoué sur un flop retentissant, et le moral, autant que le physique, est touché. Les sportifs disent souvent que l’acide lactique s’élimine plus lentement après une défaite qu’après une victoire. Wesley Sneijder est apparu très nerveux, et Samuel Eto’o a raté un but tout fait contre Milan, ce qui ne lui ressemble guère. Et Lucio, le patron de la défense, est suspendu contre Schalke.
L’Inter sait se relancer
Mais face à l’usure psychologique, Leonardo a pour l’instant toujours su relancer son équipe, victorieuse après chaque contre-performance depuis que le Brésilien est sur le banc. En outre, en C1 l’Inter reste sur son formidable renversement de situation face au Bayern Munich (victoire 3-2 à deux minutes de la fin). «Nous être qualifiés comme nous l’avons fait donne de la confiance, assure l’entraîneur, Leonardo, nous avons démontré que nous ne baissions jamais les bras.» Si la course au titre est sans doute perdue, l’Inter a encore un grand objectif mobilisateur : le doublé en C1, que plus personne n’a réussi depuis... l’AC Milan (1989, 1990). De son côté, Schalke 04 n’est pas non plus très fringuant. Le club de Gelsenkirchen est privé du milieu de terrain Peer Kluge (abdominaux) et son défenseur central Christoph Metzelder (fracture du nez) jouera avec un masque de protection. De plus, l’effectif du club de la Ruhr n’est pas aussi riche que celui de l’Inter. Seul l’Espagnol Raul (33 ans), meilleur buteur de l’histoire des coupes européennes (69 buts), peut rivaliser en renommée avec les stars de l’Inter. Et les Allemands doivent encore digérer leur changement d’entraîneur, Felix Magath ayant été limogé malgré la qualification pour le deuxième quart de finale de C1 de l’histoire du club, et remplacé par Ralf Rangnick.

SCHALKE 04
Raul, dernières passes dans l’arène royale ?
Meilleur buteur de l’histoire des compétitions européennes et triple vainqueur de la Ligue des champions, l’attaquant espagnol de Schalke 04, Raul, va tenter de terrasser l’Inter Milan pour éviter que les quarts de finale, ce soir, soient sa dernière apparition dans l’arène européenne. A bientôt 34 ans, Raul a retrouvé l’enthousiasme d’un junior depuis qu’il a quitté l’été dernier le soleil de Madrid pour la grisaille du bassin de la Ruhr. «Je prends à nouveau beaucoup de plaisir, je me lève chaque matin et me réjouis comme un gamin d’aller à l’entraînement (...) J’ai plus de temps de jeu qu’avant mon départ au Real, j’ai retrouvé l’enthousiasme que j’avais à 10-15 ans», a confié la semaine dernière l’ancien buteur vedette du Real Madrid. Cette cure de jouvence pourrait l’inciter à prolonger son séjour en Allemagne d’une année jusqu’en 2013, mais Raul sait que sa carrière en Ligue des champions sera peut-être finie le 13 avril après le match retour contre l’Inter. Schalke 04, relégué à la 10e place du Championnat d’Allemagne à... 32 points du leader Dortmund, a en effet perdu tout espoir de décrocher son billet pour l’épreuve la saison prochaine, à moins de la gagner en mai.
71 buts
Mais l’Espagnol ne se fait pas d’illusions : «Je ne m’attendais pas vraiment à ce que nous atteignions les quarts (...) J’ai déjà gagné la Ligue des champions trois fois (avec le Real en 1998, 2000 et 2002, ndlr), je n’aurais rien contre un 4e sacre, mais mon but principal, c’est la Bundesliga, et ce, dès la saison prochaine.» Ne pas être dans l’élite européenne la saison prochaine, à moins qu’il ne quitte Schalke 04, «ne le dérangerait pas le moins du monde», assure-t-il. Celui qui rêvait enfant de devenir torero ne part toutefois pas perdant contre le tenant du titre, tombeur en 8es de finale du Bayern Munich qui s’était pourtant imposé 1 à 0 à l’aller en Italie. «Cette saison est curieuse, on joue très mal en Championnat, mais on s’est qualifiés pour les quarts de finale de la Ligue des champions et la finale de la Coupe d’Allemagne», rappelle le meilleur buteur de l’histoire du Real Madrid (323). Il a contribué à la belle campagne européenne de Schalke 04 avec trois buts, portant son total en C1 à 69 réalisations (en 140 matches) et à 71 en incluant l’Europa League. «Les records n’ont jamais été mon obsession. Inzaghi (2e au classement avec 70 buts, ndlr) et moi, on sait que dans quelques années, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo nous passeront devant», admet-il. «Je veux vivre ces moments le plus intensément possible», lance le «goleador », en guise d’avertissement à l’Inter.

START
Ce soir (19h45)
Real Madrid (ESP) - Tottenham (Ang.)
Inter Milan (Ita.) - Schalke 04 (All.)
Mercredi (19h45)
Chelsea (Ang.) - Manchester United (Ang.)
FC Barcelone (Esp.) - Shakhtar Donetsk (Ukr.).

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