Culture : LE JAZZ DES OLIVIERS DE SAMIRA NEGROUCHE
Une symphonie en rime majeure


Les amoureux de beaux textes poétiques se sont donné rendez- vous, le 2 avril dernier, pour aller à la rencontre d’une auteure qui les a fidélisés ces dernières années. Samira Negrouche donnait lecture de quelques poèmes de son dernier recueil Le jazz des oliviers. Cela se passait à la librairie du Tiers-Monde, Alger, en plus d’une vente-dédicace.
L’occasion pour tous les assoiffés de fraîcheur poétique, en cette journée presque caniculaire, de se rapprocher de celle qui, telle une source, porte déjà de la poésie en elle. Ah ! ce «jazz des oliviers» qui swingue au rythme des pas des aînés, avec Gida (grand-mère) comme chef d’orchestre. Samira Negrouche rend, bien sûr, hommage à cette grand-mère qui imprime un indicible tempo à la mélopée de sa petite-fille. Dans cette place de Prague, Samira Negrouche cherchait le beau... Elle finit par rencontrer l’atemporel, donc le vrai, à l’ombre des oliviers centenaires qui gardent la mémoire des ancêtres. La poésie y a trouvé des vérités, loin de tout ce qui est factice et trompeur. Viennent alors se bousculer les souvenirs des soirs là-bas, des couleurs de la montagne lorsque le soleil se couche à l’horizon. Poésie de la mémoire, des racines, du nécessaire retour aux sources pour se revitaliser et mieux repartir, le cœur plus léger et les sens apaisés. Et c’est ainsi que Le jazz des olivierschange de rythmique, se laisse guider par l’improvisation et séduit d’autres chorus. Le pèlerinage initiatique fait désormais place à un long voyage ponctué de rencontres qu’il faut lire entre les lignes. Histoires démultipliées, destins qui se croisent et s’entrechoquent, et tous ces baisers volés à l’ombre gardienne sous le regard de l’ange noir des interdits. Entre les mots, entre les lignes, une sensualité tout en courbes. D’autant que l’écriture fragmentée de Samira Negrouche donne à lire des poèmes composés comme autant de morceaux de musique qu’elle brode au gré de sa fantaisie. Son recueil est assurément une belle symphonie. Les nombreuses illustrations dont elle l’a enrichi raviront les esthètes. Le jazz des oliviers se savoure avec beaucoup de plaisir, il vient surtout confirmer tout le talent de Samira Negrouche qui, aujourd’hui, a atteint sa maturité. Naturellement, on y retrouve les clins d’œil à Rimbaud, René Char et... Pier Paolo Pasolini. N’est-ce pas elle qui disait, dans une définition de la poésie : «Le poète est une ombre craintive sur un fauteuil déchu face au lampadaire éteint d’une mosquée endormie et rêve au jour qui se lèvera sans lui» (in Café sans sucre). C’est pourquoi aussi il y a cette étreinte de la réalité algérienne, un désir jamais assouvi. Samira Negrouche est née le 13 septembre 1980 à Alger. Poète, elle est également traductrice de poésie, nouvelles et romans (de l’arabe vers le français). Elle vit à Alger où elle exerce comme médecin tout en militant au sein d’associations culturelles et littéraires. Elle a publié plusieurs recueils de poésie depuis l’année 2001.
Hocine T.
Samira Negrouche, Le jazz des oliviers, Editions du Tell 2010, 130 pages, 650 DA

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