Actualités : UNIVERSITÉ
Marche des étudiants de Boumerdès


En dépit de l’impressionnant dispositif répressif installé devant l’entrée de la Faculté des sciences de l’ingénieur de l’Université M’hamed-Bougara de Boumerdès, des centaines d’étudiants ont réussi à marcher, une première fois, sur plusieurs centaines de mètres avant d’être arrêtés. Cependant, dans l’après-midi, ils ont parcouru l’itinéraire convenu.
A plusieurs reprises, marcheurs et policiers se sont affrontés, sans gros dégâts, fort heureusement. Les étudiants, filles et garçons, se contentaient de foncer sur la haie de policiers en scandant leurs slogans favoris, dénonçant leur ministre en particulier et le pouvoir politique de manière générale. Ainsi, ils ont réussi à maintes fois à se frayer un passage. Pour se donner du courage, ils scandaient : «Djibouna les paras, les CRS ayanine, Harraoubia mahboul !» (Ramenez vos paras, les CRS sont mous, Harraoubia est fou). Deux étudiants se sont évanouis et des blessés, légers, ont été déplorés vers midi. Un étudiant nous a montré plusieurs ecchymoses au pied droit dus aux coups de pied et de gourdin qu’il a reçus. Le cortège des marcheurs a démarré à l’heure convenue, à 9h30, de la cour de la Faculté des sciences de l’ingénieur FSI, pour passer par la Faculté des sciences pour ensuite rallier celle des sciences des hydrocarbures et de la chimie (ex-INH), où un sit-in permanent (jour et nuit) est prévu. Devant le portail de la FSI, les étudiants ont engagé un bras de fer avec les URS. Le secrétaire général de l’Université de Boumerdès, Boufellah, fait son apparition au milieu des manifestants. Ce responsable a vainement tenté de convaincre son auditoire de révoltés que toute marche nécessite une autorisation réglementaire. De leur côté, les protestataires accusent les services de sécurité d’avoir violé les franchises universitaires. Ils s’en sont, par ailleurs, pris à leur rectrice, l’accusant d’avoir demandé la présence des forces de l’ordre alors que leur marche est pacifique. Retournement de situation. Les manifestants contournent le dispositif sécuritaire pour se retrouver hors de l’université. Une seconde fois, les URS accourent pour leur barrer la route. «Nous sommes des étudiants pas des voyous !» «Nous sommes des étudiants pacifiques.» A plusieurs reprises, les manifestants forcent le barrage policier. A leur arrivée à hauteur de la résidence des filles Halima- Bayou, les étudiantes bloquées par les gardiens qui refusaient de leur ouvrir le portail, lançaient des youyous et des bouteilles d’eau pour encourager leurs camarades qui faisaient face aux URS. La situation a failli dégénérer lorsqu’un policier a commencé à prendre les résidentes en photo. Sur place, les marcheurs ont longuement scandé les slogans fustigeant le ministre et le pouvoir. «Y en a marre de la hogra !» «Y en a marre de ce pouvoir.» «A bas la répression, liberté d’expression !» «One, two, three, où va l’Algérie ?» «Djazaïr horra démocratia !» répétaient-ils. Ils ont aussi chanté en chœur Min Djibalina et adapté la célèbre chanson Yal menfi (l’exilé) à l’air du temps et de la protesta. Une étudiante en première année de master a tenu à nous faire une déclaration pour expliquer le pourquoi de leur action pacifique : «Nous nous sommes réunis pour décider, dans notre propre intérêt, de la reprise des cours tout en maintenant les actions pacifiques, et ce, jusqu’à ce que les dirigeants de ce pays se prononcent sur le devenir de l’Université algérienne et l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Nous espérons que les autres universités du pays nous rejoindront pour faire aboutir cette revendication légitime.» Il faut rappeler que la contestation du fameux décret présidentiel qui a semé la discorde au sein de la communauté estudiantine a été lancée à partir de l’Université M’hamed-Bougara et que durant les sit-in à Alger, qui ont duré plusieurs jours et nuits, les étudiants de Boumerdès ont été les plus actifs et aussi les plus réprimés. Il y a lieu de noter que des manifestants, notamment des délégués, nous ont fait part des menaces proférées contre eux par les services de sécurité. Dans l’après-midi, la persévérance et l’énergie juvénile des étudiants a eu raison de la force répressive. Ainsi, les manifestants ont fini par parcourir l’itinéraire prévu avant de regagner le rectorat, en passant par une partie de la ville de l’ex-Rocher-Noir. Au niveau du rectorat, les marcheurs ont trouvé le portail clos. Aux cris de «Chérifi dégage !» «Harraoubia dégage !», ils ont forcé le portail pour occuper l’esplanade faisant face à la direction de l’université.
Abachi L.

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