Monde : CÔTE D'IVOIRE
Le régime Gbagbo vit ses dernières heures


Le régime de Laurent Gbagbo, président ivoirien sortant, vivait ses dernières heures hier : sa résidence d'Abidjan était attaquée par les combattants de son rival Alassane Ouattara et le chef de son armée a affirmé avoir «arrêté les combats» et demandé un cessez-le-feu.
Après des jours de combats à l'arme lourde qui ont fait des «dizaines de morts» selon l'ONU, les derniers bastions de M. Gbagbo étaient en passe de céder devant l'«assaut final» des forces de M. Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, au lendemain de frappes de la France et de l'ONU. L'issue de la bataille d'Abidjan devait signer l'épilogue d'une meurtrière crise post-électorale qui, en plus de quatre mois, a dégénéré en quasi-guerre civile. «Le président Gbagbo est dans sa résidence avec sa famille, dont son épouse, des membres de son gouvernement et de son cabinet. La résidence est en train d'être attaquée», a annoncé son ministre des Affaires étrangères Alcide Djédjé, qui s'était rendu chez l'ambassadeur de France. Le ministre a dit être venu «à la demande du président Gbagbo négocier un cessez-le-feu», huit jours après une offensive éclair des forces pro- Ouattara venues du nord sur le sud du pays et Abidjan. Le chef d'état-major de l'armée loyale à M. Gbagbo, le général Philippe Mangou, a peu après déclaré à l'AFP que ses troupes avaient «demandé au général commandant l'Onuci (mission onusienne) un cessez-lefeu ». «Nous avons arrêté les combats», a-t-il ajouté. Selon le porte-parole de l'Onuci Hamadoun Touré, Laurent Gbagbo était «retranché avec une poignée de fidèles» dans un «bunker» dans sa résidence à Abidjan. Dans la matinée, le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, avait affirmé que M. Gbagbo n'en était pas «pour le moment» à envisager une reddition. L'ex-opposant au «père de la nation» Félix Houphouët- Boigny, devenu président en 2000 lors d'un scrutin déjà contesté, n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, un vote pourtant certifié par l'ONU. Il a toujours refusé d'abdiquer ou de partir en exil. Mais la résistance acharnée de ses troupes dans la métropole ivoirienne, comptant avant la crise environ 5 millions d'habitants, a plongé Abidjan dans le chaos. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a fait état de «dizaines de morts» ces derniers jours dans des combats à l'arme lourde dans la capitale économique ivoirienne. Le conflit a changé de dimension avec l'entrée en scène lundi dernier des Nations unies et de la France, dont les hélicoptères ont frappé des camps militaires et des batteries situées à la résidence et au palais présidentiel. Le seul objectif des opérations militaires de la France en Côte d'Ivoire est d'aider l'Onuci à «neutraliser les armes lourdes détenues par les forces» de Laurent Gbagbo, a assuré le ministère français des Affaires étrangères. Le président en exercice de l'Union africaine (UA), le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a condamné hier à Genève l'intervention de l'ONU et de l'ex-puissance coloniale française en Côte d'Ivoire. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a dit «étudier la légalité» de ces frappes. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a une nouvelle fois appelé hier Laurent Gbagbo à se retirer.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable