Actualités : DÉBATS D’EL WATAN
Mehri, Rahabi et Zenati plaident pour un changement radical en Algérie


«L’urgence d’un changement politique en Algérie» était au centre d’un important débat animé par trois personnalités et pas des moindres, en l’occurrence Abdelhamid Mehri, Djamel Zenati et Abdelaziz Rahabi. C’était vendredi dernier à la salle Cosmos de Riadh El-Feth (Alger) dans le cadre des rencontres qu’organise tous les quinze jours le journal El Watan.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - La salle Cosmos s’est avérée très exiguë pour contenir l’assistance venue nombreuse écouter et suivre attentivement les communications du trio composant le plateau royal, choisi par les organisateurs pour débattre du thème «Quel changement pour quelle Algérie ?» A ce titre, respectivement l’ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, le militant politique et ex- député du FFS, Djamel Zenati et l’ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi ont, durant plus de quatre heures, permis à l’assistance de renouer avec les grands débats politiques. Ainsi, le premier à intervenir, M. Abdelaziz Rahabi a plaidé pour «une véritable ouverture politique». Cette ouverture passe, aux yeux de l’ex- ministre de la Communication, par la «libération du champ audiovisuel» et le «libre exercice de la chose politique». Le second à intervenir, en l’occurrence M. Abdelhamid Mehri, a indiqué que «le changement est une tâche qui demande de l’abnégation, qui demande de l’engagement et qui demande que cette action s’inscrive dans la durée». Selon lui, «la classe politique, les faiseurs d’opinion, l’élite de ce pays ne peuvent pas attendre de recevoir le feu vert pour qu’ils se réunissent et mettent en place les instruments de ce changement. C’est la conjonction de toutes ces actions vers les responsables en place, vers la société, vers l’élite de ce pays. C’est avec la conjonction des efforts de ces trois parties que l’on peut enfin aboutir à un changement ».
Changement consensuel
En homme politique averti, Abdelhamid Mehri, qui a rappelé en la circonstance la lettre adressée récemment au président de la République, considère que «le changement demandé, c’est réellement un changement démocratique. Un régime réellement démocratique. Un point à la ligne. Un changement consensuel». «C’est maintenant que l’on doit préparer. Il ne suffit pas de dire : il faut que le régime parte, après nous verrons. C’est maintenant que l’on doit préparer. La relève. C’est maintenant qu’on doit préparer le changement. Un changement dynamique qui va démarrer de plusieurs pôles et qui aboutira le jour des conjonctions de toutes les forces. La réponse que pose le thème de ce débat. Quel changement pour l’Algérie ? Une Algérie démocratique, une Algérie authentique. Une Algérie consensuelle au changement», a-t-il soutenu. L’ex-secrétaire général du FLN n’a pas raté cette opportunité pour faire un état des lieux de l’exercice politique actuel. A ce titre, il dira que la «tentative démocratique entamée en 1989 a échoué». «L’ouverture démocratique de 1989 a été insuffisamment soutenue à l’intérieur du système comme à l’extérieur, et peut-être même insuffisamment préparée. Et son échec, puisque cette tentative démocratique a échoué, a été l’œuvre aussi bien de ceux qui voulaient conserver le statu quo que de ceux qui estimaient que cette ouverture n’était pas suffisante», a souligné Abdelhamid Mehri. L’Algérie est doublement menacée
Lors de son intervention, la dernière de ce panel, Djamel Zenati a indiqué que le «changement radical en Algérie est dicté tant par le contexte national que par l’environnement international ». Selon lui, «l’Algérie est doublement menacée». «Elle l’est d’abord par la persistance d’un système politique autoritaire qui ne cesse de produire échec et régression. Le sentiment d’exclusion qui gagne de plus en plus de couches sociales et la paralysie flagrante des institutions légales augurent de lendemains incertains. L’affaiblissement de l’identification à la communauté nationale et le repli dans des structures à solidarité primordiale fragilisent les fondements même de notre nation. L’émergence d’utopies communautaristes, latentes ou dominées, est un signe révélateur», a-t-il indiqué. Pour l’ex-député du FFS, «l’enjeu qui se pose à notre pays aujourd’hui transcende les clivages politiques traditionnels et dépasse largement la question du pouvoir». C’est dans ce cadre qu’il a plaidé pour «l’urgence de relever un double défi». «Le premier défi est celui de l’intégration nationale. Il passe par la reconnaissance de tous les droits à même de fonder une citoyenneté réelle et dynamique, base fondamentale de la démocratie. Le second a trait au mode d’insertion à l’économie mondiale par la mobilisation rationnelle de toutes les ressources humaines, symboliques et matérielles au profit de tous et dans le souci de préserver notre indépendance. » Pour Djamel Zenati, «la possibilité d’un changement radical et pacifique est subordonnée à une convergence des volontés patriotiques conscientes des enjeux et s’inscrivant dans une perspective nationale».
A. B.

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