Chronique du jour : A FONDS PERDUS
Un forum pour la soci�t� civile


Par Ammar Berlhimer
Ambelhimer@hotmail.com

La r�action du Conseil national �conomique et social aux violences qui ont affect� Alger et certains grands centres urbains en janvier dernier a surpris plus d�un et suscit� nombre de r�actions qui, pour l�essentiel, y ont vu une ouverture, int�ress�e ou commandit�e, du Centre en direction de milieux agissants, dans le but de capitaliser, dans un sens pacifique et constructif, les r�actions l�gitimes aux tares du syst�me. On peut critiquer la r�action du Cnes.
Sa justesse et son opportunit� sont toutefois ind�niables pour cette premi�re raison, majeure, que les transitions, lorsqu�elles �uvrent � des r�formes ou � des transformations syst�miques, ont un co�t variable en fonction de la maturit� des sujets et des acteurs, d�une part, des moyens pacifiques, ou non, dont ces derniers disposent pour n�gocier et installer leurs nouveaux armistices sociaux, d�autre part. Les processus de lutte-coop�ration se d�clinent sp�cifiquement, d�une soci�t� � l�autre, en fonction, entre autres, de ces param�tres. Mieux que dans tout autre pays arabe, les efforts d�adaptation, de mise � niveau ou de r�formes d�ploy�s depuis le milieu des ann�es 1980 autorisent, ici mieux qu�ailleurs, des alternances pacifiques et des compromis n�goci�s pas � pas et largement partag�s. Ce qui n�exclut pas, par ailleurs, des retours de boomerang ou des remises en cause ou des vell�it�s de retour � des situations ante. Quoi de mieux que les compromis pour �teindre les conflits entre porteurs d�int�r�ts oppos�s qui, apr�s affrontements, acceptent, au moins pour un temps, les bases d�une nouvelle coop�ration ; les conditions venant changer les luttes reprennent. Les conqu�tes d�mocratiques et sociales jug�es aujourd�hui comme les plus pr�cieuses dans les soci�t�s d�mocratiques n�ont pas d�autre origine historique. Si elles sont consid�r�es comme l�gitimes, c�est en grande partie parce qu�elles ont rendu les violences moins fr�quentes et moins meurtri�res, substituant aux �changes de coups les �preuves de force, puis la force du droit. Les conditions dans lesquelles cette force se distingue de la violence consistent en luttes et en alternances prolong�es. Le Cnes, comme instance consultative de concertation entre partenaires sociaux, participe d�une ing�nierie institutionnelle qui favorise les transitions �soft�. C�est � ce titre, et il a raison de le faire, qu�il ambitionne de mettre en place des plates-formes ad hoc adapt�es � une r�flexion qui se veut �de premier ordre et largement inclusive� et un authentique exercice de d�mocratie participative �� ciel ouvert�, pour reprendre les termes de son pr�sident, M. Mohamed-Seghir Bab�s. Ce faisant, le Cnes s�inscrit dans une fonction �d�espace passerelle � qui transcende les �troitesses partisanes et cat�gorielles, pour jouer un r�le multi-vectoriel � une vocation dont il entend d�sormais �puiser toutes les virtualit�s. En effet, la concertation �partenariale ouverte et plurielle� qu�il propose ambitionne de transcender toutes les chapelles. Les quelque 500 intervenants que r�uniront les quatre ateliers les 15, 16 et 17 juin prochain au palais des Nations, Club-des-Pins auront � mettre en d�bat les constats, les questions-probl�mes et les options avec la soci�t� civile, organis�e ou non, et recueillir ses remarques, critiques et suggestions au travers de d�bats organis�s sur les grandes th�matiques du moment. Il s�agit notamment de rechercher les grandes lignes de force qui traversent ces th�matiques pour contribuer � mettre en place des politiques convergentes. De m�me qu�il s�agit de d�terminer comment alerter les pouvoirs publics � tenus � un n�cessaire r�le d�arbitrage d�mocratique � en leur signalant les chantiers qui paraissent prioritaires et en pointant les lignes de force des r�formes attendues. Les objectifs, a minima, fix�s � cette rencontre in�dite, se r�sument � deux :
- la d�lib�ration la plus large possible entre les repr�sentants des divers secteurs de la soci�t� civile organis�e et en �mergence ;
- la restitution aux pouvoirs publics, sous les formes les plus appropri�es, des �chos de la soci�t� civile en termes de v�cu, de pr�occupations mais �galement d�attentes et de propositions.
Plus concr�tement, le Cnes d�clare cibler deux grands objectifs : primo, ancrer les principes de la gouvernance d�mocratique et, secundo, faire �clore les conditions d��laboration d�un �pacte de la croissance et d�emploi� qui p�rennise ces m�mes principes et installe dans la dur�e les dynamiques d�adaptation et de progr�s. L�exercice n�a certainement de chance d�aboutir que s�il ne participe pas du salamalec et ne consiste pas � jouer au pompier. Le Cnes assure qu�il s�agit d�asseoir une approche qui se veut r�nover des �enjeux strat�giques de port�e structurante�, au premier rang desquels �l�approfondissement de r�formes structurelles adoss�es � une transition syst�mique non cataclysmique� qui nous fasse l��conomie d�une �fracture sociale dommageable�. On revient encore une fois � minimiser le co�t de la transition. Non pas � l�emp�cher ou � la diff�rer, mais � l�accompagner. A ce titre, le pr�sident du Cnes ne craint pas de dire qu�il s�inscrit r�solument et express�ment dans une direction de �ruptures incoercibles command�es par le n�cessaire saut qualitatif que requiert le d�fi d�une l�gitime �mergence de notre �conomie et de notre soci�t� �. Affinant ces objectifs fix�s par la fiche-programme du bureau du Cnes, le comit� ad hoc de pilotage et de suivi, qui poursuit les pr�paratifs � cadence �lev�e, entend organiser le d�bat autour de ces grands questionnements � qui sonnent comme autant de chantiers de r�formes � dans quatre grands ateliers d�di�s aux th�matiques suivantes que nous reprenions dans leur derni�re livraison :
1. pour un nouveau r�gime de croissance ;
2. pour un syst�me de protection sociale, de solidarit� nationale et d�inclusion sociale inscrits dans la durabilit� ;
3. pour une gouvernance r�nov�e � triple polarit� �dialogue social/d�mocratie participative/coresponsabilit� citoyenne� ;
4. pour une mise � jour de l�ensemble des politiques publiques orient�es �jeunesse�, visant � asseoir de nouvelles formes d�organisation, de repr�sentation et d�expression bas�es sur un dialogue autant structur� que soutenu et confiant.
Ces th�matiques �puisent largement les revendications qui s�expriment �� et l�, en dehors de tous les prismes d�formants. Les assises du Cnes qui r�uniront les organisations de la jeunesse et des �tudiants, les syndicats de salari�s agr��s ou autonomes, les organisations professionnelles, le patronat priv� et public, les associations de femmes, le mouvement associatif, la communaut� universitaire, les organisations de la diaspora et des personnalit�s participent � l��mergence d�une expertise nationale qui fait grandement d�faut. Audiatur et altera pars (�Que l�on �coute aussi la partie adverse �), dit l�adage romain. Il n�aura jamais �t� aussi appropri� et opportun que pour les Alg�riens d�aujourd�hui.
A. B.

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